Dynamogénies

Joachim Montessuis, juin 1998

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I

la mer bouge
et remue comme un sein
à qui l’on demanderait
la mort
si celle-ci devait
manger l’eau
de son enfant

aller sur une rive
face de lune
amoureuse
et se nourrir du
grondement obscur
d’une masse lumineuse
qui envahit le fil d’or
reliant sabot et auréole
corne et cœur
sujet au chant, au cri
et à la secousse caressante
des convulsions
amoureuses

II

iris lisse
lame récente divulgue la morsure
atrocement, de le plier en dionysos
et se couche là pour te prendre
dans ses bras
dans son bain d’étoiles et d’os

susciter avec un glaive nu
divulguer par la bouche
boue et rubis
quelque idole
de ce mont fleuri
passer

III

comme une peau d’aigle
qui draine sa proie
j’ai mangé ton corps
et son abreuvoir

de la glace
gelant l’organe
et de la liquéfaction
des voluptés
surgit l’art du christ

aimant
je me colle au métal
de tes émanations

rugit le cœur

IV

l’œil du sol
veille à ce
qu’une larme
coule chaque jour
comme une piqûre
de sel donnée
au feu

V

derrière le cri
se cache un doigt
qui te caresse
doucement le souffle
amidon de lave
une lèvre se tend
pour se faire boire
par la peau du jeune
veine gonflée…

viens une fleur à miel
sa racine te lappe
une larme pointue
t’épine le cœur
si douce écaille
et te suce un œil

VI

furieusement volcanique
il y a des rocs qui mangent
des montagnes d’eau
dans l’ailleurs il y a
toujours cela que
l’on ne peut dire
ce qu’il est

état amoureux
ressurgit, grave et issu
d’un grondement de roc
écrasant un tapis d’os
dans une enfouissure abyssale
d’étoile

VII

appris de toujours
— le faire tourner — je n’ai
eu de cesse,
ce cœur d’aigle
qui de ton sourire se nourrit
bien mieux que
de toutes les joies furieuses
et volontaires

se tourne, et re
sans cesse virevolte
il mord sa chair en
poursuivant son espoir
et guettant ta venue

VIII

tréfonds d’un ver
s’enfouissant
d’une protection d’amour
de terre chaude
palais d’écorce et de mousse

du sang de l’eau douloureuse
jaillissant de l’hurlement
tiré du fond dur, lisse
tranchant du cut lame du
pourtour de l’arc
érectionnel déchiré
d’un écartèlement soudain

azur d’un œil rougi
démentèlement uni de
piqûres hermétiques

une sucée hystérique

IX

le sexe de l’arbre
la transe, parent ce
frère de feu
hier
manges de croix
aujourd’hui sués
d’olive et d’eau
tu as crevé la terre
de semence
une source remontée
haletant jusqu’à la
caresse d’une
gorgée initiale

acte de foi
rampant les mains terreuses
érotisant la peau
d’herbe mouillée
une offrande où se
creusent les racines
de fécondation
écartées à
l’aube, scène de
lumière
immaculée
de sperme

X

le raisin poisseux
te lèche la langue
comme une sève
de printemps


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