Littérature     Essais 

Foyer à ciel ouvert de littérature contemporaine européenne

Présentation    Textes    Livres    Presse    Archives    Proposer    Contact

Elle

Bernard Saulnier

juin 1999

Attends un peu je vais te montrer comment ça marche ! J’imagine que le gars voulait me sodomiser, un autre demandait à la serveuse si ils avaient vendu le café au Canadien National. Ces dames portent leur verre fumé, je crois que c’est pour se cacher la figure plutôt que pour couper les éclats du soleil. Je viens de répondre à plusieurs questions sur ma vie intime. Petit tour sur le bord de l’incinérateur, triste à mourir. Les rappers hip hop et leur techno beat scratch prennent la place. Je me fais vieux je fréquente les maisons de retraite pour artistes qui ne jouent plus leur vie. Christ ! Les gageures c’est pour Loto-Québec moi c’est la graphomanie. Les camions de scrap ne m’intéressent plus. Un bateau de la Canada Steamship Line est à quai des blocs de glace descendent le fleuve. Un corps tendu de pouilleux face à face avec l’oncle Tom et son parapluie qui balance. Je me coletaille avec beaucoup plus fort que moi, je me rends de plus en plus compte de ma faiblesse physique, j’ai pas de résistance moralement ça me tue. J’ai toujours de plus grosses poches sous les yeux au début du mois. Je ferai comme le métis je bummerai des cigarettes. Jerking off on a ninety nine Bentley the Volvo was the same way. No matter how creative you are sometime only violence can achieve your goal. Kill your dream. Fuck the rule ! Y’a cette conférence sur la poésie au collège Marie de France sur Queen Mary road, le fief de la bourgeoisie. Je n’y vais pas, c’est pas ma place quoique j’aimerais qu’une jeune fille s’amourache du bum poète que je crois être. Débile, je suis débile j’irai dans le bois, j’en ai assez de ces rues pleines de monde. C’est vrai ! Y’a une quête d’absolu chez certains militants gauchistes cet absolu je l’appelle Dieu. Encore un bain chez James McGill, de l’anglais que de l’anglais. Je me demande pourquoi je ferais pas des heures supplémentaires pour un boss de Toronto. Asshole ! C’est tout ce qui sort de ma bouche. Le beigne se tape une chorégraphie d’angoisse tout ce dont j’ai envie c’est de taper dans une bagnole. À propos d’un arbitre de la soirée du hockey le commentateur disait « peut être que lui est dérangé mentalement ». As always I’m writing neuf heures du matin, un couple entre au bordel, une vieille sur le bord de sa fenêtre lance des invectives dans une langue inconnue d’autres déjeunent sur un balcon ensoleillé. Elle, est plongée dans Lévinas par dessus la tête. Je marche dans la petite Italie des couples se poignent les doigts aux tables des cafés, je me demande pourquoi ses toiles m’impressionnent. À la buanderie ils fumaient un gros batte. Elle peint des visages déconstruits, c’est l’autre, l’altérité comme elle la voit dans ses lectures de Lévinas. Elle se place dans le cadre de la porte à la lumière du jour à quoi ça rime ? Je suis allé à l’extérieur des Chrysler des Gran Am des Toyota des Volkswagen de la poussière de la pluie du vent suivi le chemin des Patriotes le long du Richelieu St-Marc St-Denis St-Ours sacrilège ! J’ai confondu le drapeau des patriotes avec celui des Italiens à Sorel j’ai demandé le chemin à un type qui sentait le gin à s’empoisonner. Le soleil est couché il est huit heures face à moi y’a le fleuve un énorme cargo passe il est plein de containers. Hier à Montréal on a retrouvé trois cadavres, des Roumains. Ils étaient dans un container. Le long du fleuve y’a la Steelco et d’autres usines les flammes sortent des cheminées. Elle discutait de ses expériences sexuelles, de comment adolescente, elle n’y arrivait pas. Je lui racontais mes visites chez les prostituées. Son monde se défait et se refait en vingt quatre heures à force de lucidité et de négation. Elle transfère ses émotions dans la mode et l’esthétique, comme dit la chanson la petite fille en elle a subi le martyr, quoi faire d’autre qu’écouter. Elle veut déconstruire le langage c’est byzantin. On a défait les clochers de l’église rue Ontario. Pépère m’appelle le bum de son point de vue ça se défend. Il a trimé dur pour ramasser son bas de laine. Elle lisait Wittgenstein, j’y comprends que dalle. Je devrais suer dans une buanderie à laver des draps jaunis par le foutre le jus de chatte. Psychose toxique avec un joint de Jamaïcain. Burned on thin pan. Y’a toujours un fumier pour te casser le cul. I’m burned as an angel back from hell. The idiot went to the art galery bla bla bla ing he commits speaking. Moi je me tais de peur de m’enfarger dans les mots. Au truck stop y’a une affiche annonçant un camion à vendre. Comme un lay-z-boy ces fauteuils confortables de quoi vous faire prendre le champ. Elle était assise sur le canon devant la caserne elle se trémoussait faisait de légers va et vient. Jamais elle n’avait connu le plaisir elle mouillait et poussait de légers gémissements. Le canon, lui, ne bougeait pas c’était un de ces vieux machins de la deuxième guerre. Elle était seule comme une mouche morte d’avoir trop volée. Parfois je pleure ça monte c’est intenable j’éclate en sanglot. Je suis complètement idiot je regarde le baseball à la télé ça a un sens ? Chauvin au point de prendre pour l’équipe municipale. Je suis fou, je pense à Debord, prétentieux que je suis. Je détruis ma vie à vivre à petit feu à mijoter comme une mauvaise soupe au bouillon qui goûte l’eau. Je me frappe la tête avec les poings comme sur un appareil qui fonctionne mal. Y’a eu un party au bain, meilleur dans le coin c’est les putes. Je gratte mes plaies au sang parfois j’arrache une croûte et la mange ça saigne. Je pense au mot : J’adhérerai à l’humanité quand le dernier brin d’herbe sera libéré. Elle dit : « Tu sais y’a ce gars… Je le vois tous les dimanches… C’est un Arabe tu connais l’hospitalité arabe la cérémonie du thé. Il s’appelle Ben il a une boutique de nettoyage c’est un workholic, tu sais j’ai des besoins sexuels. A est parti… Pendant A y’en était pas question… mais maintenant. Ben, je le trouve beau je lui ai fait des avances. Je crois qu’il est timide… on a le droit aujourd’hui les femmes. Je veux qu’il me respecte. Tu m’écoutes pas ! Ben il a beaucoup d’amis sa voiture est toujours devant sa boutique, il s’explique pendant dix minutes pour dire pourquoi il était pas là. Il est pas fou c’est un gars normal, tu sais les autre les toxico les malades. Je suis pas folle. » J’ai chié dans mes pantalons j’avais mangé une pizza, j’étais nerveux pas besoin de forcer beaucoup c’est sorti tout seul. Je me suis mal torché j’avais de la merde sur les doigts des traces de brake dans le fond de mon slip, ça collait, tout ça au son d’un folk grass sur radio McGill. J’ai lâché une pisse ai eu peur d’être pris pour un flasher. Les carouges chantaient tchek-tchek-oralie. Faut payer pour les tringler bouffer de la chatte et puis pisser faut payer pour les tringler se mettre à quatre pattes et chier faut payer pour les tringler donner un coup de savate et tomber. Le quatrième répandit sa coupe sur le soleil et il lui fut donné de surchauffer les hommes par ses ardeurs, ainsi les hommes furent surchauffés d’une chaleur torride, ils maudirent le nom de Dieu qui peut déclencher ces fléaux, et ne voulurent pas se repentir et le glorifier. Quand elle vit des émotions reliées à un concept intellectuel elle dit qu’on lui joue dans le cerveau. Pas loin y’avait un vieux tout gris assis sur un banc de parc la main dans ses pantalons se la faisant aller joyeusement au vu et au su de tout le monde and I said Fuck ! Je hurle comme un chien mon beurre est rance and I went on, j’en perdais la raison, la cervelle fêlée détraquée, je ne savais pas, j’analysais tout avec mon ignorance. J’ai fourré des grosses toute la fin de semaine la française du film disait allez masturbe toi ! Masturbe toi ! J’ai écouté le film que pendant deux ou trois filles. Les heures vont m’entrer dans le corps, je serai comme le jeu de dards les secondes comme des fléchettes me piqueront à chacune j’aurai une réaction, j’arriverai au soir vanné au bout de vingt quatre mille huit cent petits dards. Une passoire. J’ai le trou du cul en dessous du bras, dehors une jeune fille fait du stop sur un poteau la photo d’une autre enfant recherchée par ses parents. Ça sentait le petit monsieur, un mélange de fumée de cigarettes, d’after shave bon marché, de sueur et de sperme. Les murs étaient jaunis, un tas de vaisselle sale traînait sur le comptoir, le plancher était jonché de vêtements et les rideaux tachés fermaient la seule fenêtre de la chambre. Au premier abord c’était assez horrifiant de voir qu’un être humain vivait là mais je me rappelais l’appartement où le plancher était couvert d’un pied de détritus ramassés dans la rue pendant la journée des éboueurs là l’odeur était infecte ça sentait le lixivat. Avec un clou de quatorze centimètres on lui perça le crâne. J’avais toujours le cul sur une moto incapable de conduire c’était un autre qui prenait le guidon, Yamaha, Kawasaki, Suzuki, Harley y’en a qui faisaient du cent miles à l’heure. C’était un monde d’idiot congénital. Elle, m’a dit que sa mère n’aimait pas ses enfants. Je suis une limace gluante dans l’humidité des pensées malveillantes de jeunes filles aux cheveux et paupières poudrés d’étoiles. La plume délicate connais pas je bûche à la jigsaw. On manipule pas des idées comme un marteau et des clous.

— Nancy es tu là ?

— Non est partie avec Big Mac

— Y’ont appelé chez nous pour dire qu’a passait pas en cour demain que la cause était remise. Sais tu ousqu’est partie ?

— Non

J’ai plus les bras que j’avais, j’ai sué mais j’ai pas juré. C’est rien qu’une émotion un coup de cœur un abandon quel malheur quelle trahison comme tout à l’heure avant le don y’a pas de fleur pas de chanson beaucoup de pleurs peu de pardon. Je me disais qu’un chihuahua mâle qui fourre une chienne afghane ça donne quand même un bâtard. They always laugh with the same words you say poet and they go sun is shining birds are singing and bla bla bla. La force du patelin, je suis complètement idiot condamné à la réclusion émotive l’envie de vivre me quitte. Je suis toujours sidéré par les apparences cette douleur à l’intérieur les gens rigolent s’en donnent à cœur joie mais ma mélancolie mon vide est là. J’essaie de remplir en priant mais c’est comme si j’avais le cérébral plus gros que l’âme parfois quand j’écris j’ai des moments de répit. Je suis entré au café ça jouait aux cartes tout le monde s’est tu j’ai pris un espresso c’était toujours le silence, la partie arrêtée, le barman causait avec un client, derrière, en bruit de fond, les éliminatoires de la coupe Stanley. Je suis pas resté longtemps. Je me rappelais les appartements Roger dans le quartier j’y passais mes journées devant un écran de quatre pouces. Complètement marteau. Sexe drogue et rock’n’roll. Y’a que ces gens au samedi pressés aux emplettes achetées poussant parfois un pousse pousse ou défiant les automobilistes avec leur bicyclette. Et si c’était la fin ? Crever là sur ces gribouillis fini le cassage de tête les lectures, le cinéma, ne me resterait plus qu’à pourrir ou à brûler, finir dans une urne. Connerie pour combler la solitude : Hé là ! Tu cherches une fille sympathique (déjà elle m’emmerde) dotée d’un très grand sens de l’humour (quelle sorte d’humour ? facile, cochon, vicieux, subtil). C’est moi : (dis moé pas) jolie (ça dépend pour qui) grande fille de vingt sept ans (à cet âge là on dit pas femme ?) mesurant cinq pieds sept pouces et de type grassouillette (une grosse) en plus (tu trouve pas que t’en a assez comme ça) d’avoir les cheveux ondulés mi longs (kesse ça veut dire ?) et les yeux brun-vert (méchant mélange) je suis une personne franche (commence pas à mentir tout de suite) honnête (ben voyons) très ricaneuse (une névrosée) et autonome qui aime faire toute sorte d’activités (mais pas toute seule) dont le camping (mais si tu veux payer l’hôtel…), la motocyclette, le bateau, la natation, faire des randonnées pédestres (on appelle ça prendre des marches), jouer au billard et partir à l’aventure (sur la brosse). Je possède une voiture (mais je sais pas conduire) j’habite la rive sud (nowhere !) et j’ai une fille de huit ans dont j’ai la garde une fin de semaine sur deux (j’espère que tu vas bien t’entendre avec mon ex). Si tu es intéressé laisse moi un message (no way !). J’entrais dans les bars une demie heure avant la fermeture je ramassais les restants celles dont personne ne voulait. Je veux mourir ! Je suis sûrement un peigne cul. Elle vient de cogner à ma porte elle veut du fric la jambe branlante comme quelqu’un en manque. Je passe la porte mais reviens sur mes pas si je sors elle me jettera toute sorte d’invectives comme à un mauvais boxeur, un jambon. J’ai envie d’imploser de voir tout ça à l’intérieur se détruire. Queue de morpion ! Je suis une queue de morpion ! La musique à la planche du rock pour ne plus entendre ce fatras dans ma tête. Je peux me taper une soirée avec mes semblables les fous ils se donnent en spectacle ce soir à l’auditorium de la Bibliothèque Nationale. Je ne replongerai pas dans la géhenne au cœur de la psychose collective dans l’aliénation folle revancharde et revendicatrice, je ne vire pas mon capot de bord, je chemine sur une rive plus douce avec régénération spirituelle et cervicale. Avec elle prendre son pied voulait dire se mettre à genoux au bord du lit et la pénétrer, j’arrivais saoul et la prenais par derrière elle se plaçait à quatre pattes comme une chienne c’était pour éviter mon haleine de bœuf. En fait je suis un chien sale. Death and jazz, tout en blanc, you got to be cool. Y’a toujours ça qui est dégueulasse, la mort, savoir qu’un jour tout sera fini effe i fi n i ni, fini. Hypocondriaque j’avais la syphilis, chlamydia, cancer de la peau, du cerveau, cardiaque ça fait beaucoup pour un seul homme. Je vais pas souvent dans les cimetières, j’ai vu ça deux fois et n’en garde que de vagues souvenirs de toute façon la mémoire des morts… Je voyais les autres voir mais n’entendais pas les autres entendre (Marcel Duchamp). Ils élevèrent sur les cendres de Sodome un prépuce violet géant infecté de condylomes il crachait un pus verdâtre qui retombait à des miles. Dans leurs plaies ils plaçaient cette vase de cendre et de pus regardaient leur chair s’envenimer prendre des couleurs de bile tout ça dans un rictus parce qu’ils savaient que plus rien ne pouvait les sauver du charnier l’odeur était déjà là. Les mouches les vers et les busards finissaient le travail déchiquetant ces chairs noires grises violacées certains riaient de douleur quand d’autres s’arrachaient les yeux pour ne plus voir. Ils se mutilaient les partie génitales et en offraient des lambeaux à l’idole. Au bout du compte je suis qu’un petit monsieur de la rue Panet comme ils disaient « la petite madame de la rue Panet » pour désigner madame tout le monde. Je vais probablement finir enfermé. Qu’est ce que ça donne tout ça ? Écrire, et puis après quel résultat… And the beat goes on. Ma main et une partie de mon avant bras pendaient au bord du lit, des veines tranchées coulait un sang clair, plus le temps passait moins le sang tombait à la fin il n’y avait que quelques gouttes une croûte s’était formée sur le poignet je sentais un élancement je n’étais pas mort, je me suis levé ai jeté du peroxyde sur la plaie j’ai senti comme une brûlure quelle idiotie, le mieux aurait été de me fendre en quatre. Toujours le même carnage sur les rives du Styx. Ce moi qui se fait des accroires. J’entends parfois résonner le pas d’oie. Je veux mourir à mort. La tête enflée comme un hydrocéphale immense, pareil à la mer remplie de nappes de pétrole avec des idées mortes, bien mortes flottant le ventre à l’air dans la brume. Then he jumps. Elle s’est mis dans la merde elle a gobé ses médicaments pour se ramasser à l’hôpital. J’ai eu un appel de elle au début de la nuit, l’hôpital l’avait mis à la porte, elle avait pas d’endroit pour dormir. Je lui ai répondu que je ne tolérais personne chez moi la nuit et conseillé de se louer une chambre. Je me fait péter le rhombencéphale. Les policiers l’arme au poing dans les rues de la petite bourgogne, j’étais entré dans un refuge pour femmes, y’avait pas eu de coup de feu mais je sentais la tension, j’ai jamais su après qui ou quoi ils en avaient qui ils protégeaient, moi, je crois. J’aime bien les allongés, café je veux dire, tièdes, le refuge c’était des religieuses qui administraient ça. Tiens ! Y’a un type au bar du café très très bel accent plein d’assurance comme les gens importants ou qui croient l’être empruntent pour vous faire sentir le dernier des minus. Montréal Mort une des patries de Victor Levy Beaulieu, à la limite sud en entrant on peut voir deux vieux corbillards de Magnus Poirier. Il est quand même loin le temps où j’allais avec mon copain Michel voler des modèles d’avion miniatures. Montréal Mort a beaucoup changé le centre d’achat Forest aussi. Je vais finir « hombre de la calle » ou quelque chose comme homme condamné à reconstruire la route à perpétuité. La mère de elle est décédée opération coronarienne ratée. Elle, avait tout vu venir elle a tenté de l’éviter en retournant vivre chez son ex pour garder ses enfants et acheter des meubles. Sa mère est quand même morte. Elle, n’est pas allée aux obsèques. Une nuit blanche le refus inconscient de vivre des émotions et ça y est tout pète. Le voisin du dessous qui gueule, la musique à la planche. Elle couche sur le sofa du salon. Elle est froide et hébétée à cause des médicaments. J’ai un goût de mort, la pendaison. Elle, avait eu raison de me mettre le couteau sous la gorge. Toujours les mêmes saucisses La fleur, les mêmes italiennes fortes, le même poulet, les mêmes pâtés Maple Leaf, le même pain tranché, les mêmes céréales, la même soupe en conserve, le même fromage emballé, toujours, les mêmes gros et gras suant dans une pièce puante. Les illusions musicales, comme si tout n’était qu’une trame sonore au jeu de la vie. Je suis brisé comme une branche frappée par la foudre. J’ai craché sur toutes les idoles modernes sur toutes les images monétaires et je fuis je fuis vers la mort vers la terre comme un terreux. Mon regard essayant de se rendre aussi loin qu’il le peut s’arrête sur le bleu du ciel. Ça n’ira pas plus loin que là. Je m’arrache un œil le badigeonne de mayonnaise et croque dedans un liquide me coule sur le bord des lèvres pendant que du sang sort de mon orbite. Je n’aime pas la souffrance mais elle est mon égérie pourtant je suis marteau du popotin. Je devrais partir à Cuba comme une vieille pute qui se paie des vacances avec un éphèbe bronzé musclé qui a tout le bataclan quoi ! Ma tête explose. I feel sad, je suis triste, tu me donnes de la grosse tapette de la grosse plotte du gros parasite niaiseux. Je suis qu’un bozo un pauvre type qui a rien à vendre rien à acheter. Elle capote au centre de crise, elle veut pas parler. Elle gueule en écoutant son walkman j’ai tout de suite entendu la chanson de Brel elle est paranoïde et se referme sur elle. Il se croit ! Comme si je me croyais, you puke ! Il est midi l’exact milieu de la journée. J’en peux plus de voir toutes ces enfants le cul à l’air. Combien de personnes en ce moment sont perdues devant une page de mots qu’elles inscrivent avec l’espoir qu’un jour… Ce jour il arrive jamais c’est toujours à recommencer pris dans l’orgueil de l’intelligence elles tentent… Tentent quoi au juste de se libérer de s’embraser, pourtant… C’est silencieux dehors il pleut, je suis assis dans un siège de cuirette rouge sur le bord de la fenêtre y’a des pétunias. Je ramène des livres j’ai toujours peur qu’on me demande, tu les as lus ? Parfois si, parfois pas. Elle, avait une énorme cicatrice sur le crâne les cheveux n’avaient pas repoussé c’était pas une tumeur on lui avait sectionné des fibres nerveuses à l’intérieur du cerveau. Je pense à la chanson de Deep Purple, Living Wreck, épave vivante, you came alone for a week end, tu es arrivée seule pour le week end, but you only stay for one night, mais t’as juste passé la nuit, you pull out your hair, t’as enlevé ta perruque, you pull out your teeth, t’as enlevé ton dentier, oh ! it’s a shame, c’est une honte, you are a living wreck, t’es une épave vivante. Au fond je suis misogyne, elle, avait de jolis yeux bleus.

Lexique

batte (un gros) : joint
Beaulieu, Victor-Lévy : écrivain québecois contemporain
beigne : demeuré
bozo : gros naïf, bon gars et pauvre gars
brosse : beuverie (partir sur la brosse : faire une beuverie)
bum : voyou, type qui traîne (sens premier : clochard)
bummer (je bummerai) : demander à quelqu’un dans la rue
capoter : perdre les pédales
flasher : exhibitionniste
fourrer : baiser (copuler)
enfarger (s’) : s’empêtrer
Magnus Poirier : maison de pompes funèbres dans Montréal Nord
McGill, James : l’Université McGill de Montréal était autrefois la résidence de James McGill
Montréal Mort : jeu avec « Montréal Nord »
planche (à la) : à fond
plotte : chatte (sexe féminin)
scrap : ordures, rebuts
traces de brake : traces de freinage (métaph.)
trou du cul en dessous du bras (avoir) : être très fatigué
virer son capot de bord : changer d’idée

du même auteur chez Hache:
précédent | suivant

Imprimer ce texte

PDF à imprimer

 

© Hache et les auteurs sauf mention contraire
Paysage 887 : Olives, Corse (2009)