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État du ventre

Pierre Igot

mars 1996

Jeanne était
Ventre selon son cul
Et cul sur le ventre
Elle n’avait rien d’autre à m’offrir

Qu’une infection finale de siècle noir
De lécher les viandes

Jeanne ignorait que dans le siècle blanc
Des liqueurs séminales embouteillées
Son infection noire puait la possibilité naturelle
D’être morte sans reproduction

Jeanne s’était toujours fourré les jours gris
Entre les fesses
Et c’était bien devant, sur son derrière appris
Que mon néant multicolore la décevait

J’ai aimé Jeanne pour son manteau de jeûne
Pour sa désolation universelle
Et c’est dans le sale dénuement d’un dessous de ciel
Alors que je finissais de guetter son miel
De frapper les chaînes qui liaient ses bras
Que l’air résonnait des claquements du gras
Et que l’odeur de la simplicité de finir me givrait

Qu’elle s’est mise à chier mes chiens
Un à un dégueulés dans le brouillard
Avec des cris de joie terriens dans le miroir
Ecroulée de voir son vagin verdir

Et qu’elle est morte en riant sur mes doigts
Le ventre plat.

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