La force d’être
Et la faiblesse de revenir
Etre celui qui voulait
Devenir
L’être fort qu’il n’aura jamais été
Ne se ressemblent
Que dans les moments rares où la faiblesse d’être
Et la force de revenir
Sont assez semblables
Pour se confondre
Et suffisamment nulles encore
Pour que rien ne puisse assurer leur fin
J’ai ressemblé au déminage
Anal de la poussière
Au fin mirage éternel de la bière
Mais je n’ai rien senti pousser mon chien
Comme la certitude d’être fort
Si faiblement
Et d’avoir dû manger dans les collages appris
Ma faiblesse et son chien vernis
Ce qui ne prouve dans les cours éperdues
Que la force du vent, de la pluie
Et du sang
J’ai hâte de finir sur un mot verbal
La force du vent et la faiblesse de la poussière
N’ont jamais servi de lien
Ils sont trop lâches, assez pour me réduire
Mais jamais trop pour me laisser libre de raconter
La force blanche et la faible lumière
Des sens agrippés au sein
D’où sortait, fier de ses murmures infirmes
Le sens aux coulées multiples
« Pas assez d’images ! » criait-on
« Pas assez de son ! Pas assez de formes ! »
Le corps que formaient les flux
La chair que trouait la glu
Les pores d’où suintait le pus
Et toutes les fibres encore pour lesquelles je suis resté
Fort d’être faible
Libre d’être fort
Et loin des eaux pures de la misère en fuite
Je ne suis pas laid
Je ne suis pas mort
Je ne suis pas dévoré par ma raison détruite
Je ne suis pas prêt.