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Foyer à ciel ouvert de littérature contemporaine européenne

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La Peur Fenêtre

Stephane Ilinski

août 2000

10

Johnny Belle gueule — Chant deuxième

— Grandeur de la ville ! Renommée charnelle aux mille secousses on y était prisé et plus demandé par ces dames que l’opium est cherché des poètes. Savante affaire amoureuse : mille et quelques partenaires de la douce à la rustre en promenant par la raffinée… En experte célébrité on ne voit plus que les nombrils deux morceaux de cuisses une grimace à la rigueur si la fatigue n’est pas de la partie. Les visages oubliés restent les contours une vague esquisse écartée là qui murmure et suinte et quête et râle sa demande expresse jusqu’à gémir que les jeux sont faits puis merci bien s’en va butiner ailleurs une pièce moins bonne mais plus compatible avec son train de vie : époux plein aux as amant de mise plombier occasionnel valet de chambre fidèle comme une descente de lit… La ville en grandeurs nous pompe et nous vide et la grosse fatigue nous tombe un jour sur le coin du nez — Crêtes de coq ! nous chante le Docteur pourtant pas bouseux va s’agir de vous mettre au vert mon gars de vous ranger un temps du mât et de faire le sage… sinon la galipette risque fort de vous rendre raide de l’orteil et plutôt froid à fréquenter ! Et c’est ainsi chômeur technique ô farci d’une mauvaise farce de Cupidon que nous entrons malgré nous en sevrage. A peine s’il nous reste de piètres armes pour ronger le frein : babioles pelotages léchage de pomme préliminaire parties de solitaire interminables œil sans cesse aux serrures… Si bien que d’un coup la réputation tombe et la rumeur défait nos qualités d’étalon vénitien : bientôt les maris s’approchent et nous causent même sous l’œil rieur de leurs dames qui osent demander si nous sommes encore garçon et si c’est pour cause de jeux ou de boisson que nous taquinons ainsi le célibat à moins que…

Déconfiture de la belle gueule émoustille l’assemblée. Fernande elle en peut plus de sanglots et ses babines en sont tordues tremblant sens dessus dessous. Même le vieux semble jouer pathétique et on pourrait voir ses cannes changées en violons larmoyants sans ciller. Pas triste l’affaire ? un pékin tombeur en fin de carrière… Somme toute peu compatissants à l’égards d’un d’ces foutus emballeurs qu’ont plus d’une fois sifflé la compagnie qu’on espérait pour la nuitée bah on s’aprête à se marrer tout haut. Mais Fernande qu’on songeait trop triste pour aller à sa tâche reprend l’dessus et à grands renforts de Kleenex un brin démaquillée par la mauvaise pente de son adoré se remet à traduire.

— Monsieur Johnny couronné par la ville entière pour ses puissants remèdes à l’ennui féminin cavale tant et si bien qu’il se voit un jour pourvu d’une étrange acné glandesque. C’est l’heure pour le trognon bonhomme de traverser le désert amoureux du commun des mortels : même en y mettant la langue le pauvre diable se voit réduit à opérer de lents et ennuyeux baisers sous les portes cochères. Il fait connaissance avec une literie esseulée qu’il doit à présent décorer seul de sa semence — peut être invente t-il même de nouveaux motifs le désespoir aidant : imager cartographier peindre dans l’abstraction la plus totale… Monsieur Johnny en passe par des pas vertes et pâmures dignes du plus bleu des blancs becs. Il va jusqu’à donner dans le voyeurisme pour atténuer son célibat et on le trouve souvent fondu dans une douteuse foule du soir derrière de grands bâtiments à reluquer — lampe de poche en main — au pare-brise d’engins minables. Il court seul les buissons pour en espionner d’autres plus frémissants… Monsieur Johnny sombre en vrai plus bas que terre et castrat contraint commence à se détacher naturellement de la chair.

« … se détacher naturellement de la chair » comme Fernande prononce c’qui semble être une sentence ben le marin statuaire s’ébranle et pique de la casquette. Johnny qui rit Johnny qui pleure nous v’là bien ! Le caban miteux est pris de secousses qu’ont rien d’émoustillant et l’allure assez carrée du vieux loup d’mer qui peut en raconter s’émiette à vue d’œil. A la droite du père tout arrive le tombeur de ces dames chouine et s’fait Pierro sous la lune : on touche au sensible et c’est d’la corde intime qu’on a pincé dans l’discours ! Il n’empêche… on était partis pour causer libertinage secrétarial au vieux et finalement on la ferme pour écouter le charmeur d’antan débloquer sur sa décadence virale qu’a la forme d’une méchante et un tantinet honteuse irruption cutanée. Nan mais ! on voit pas bien l’rapport ’vec les secrétaires… et quand même on y met d’la bonne volonté puis toute l’imagination scabreuse dont on peut faire preuve ben passer d’un mariol qui voit son embout éclater en choufleur multicolore à une banale lunetteuse qui s’fait les griffes sur le clavier et qui apporte du café trop léger fff y’a un monde qui échappe au bon sens !

Mais le coq à l’âne n’effraie ici personne et Johnny pleurnichard s’enfile enfin son godet d’anisette pour calmer ses spasmes tandis que le vieux toujours sec ’vec un brin de compassion arrache un mouchoir à son tweed pour torcher la douleur de son pilier. On est laissés à soif les vertèbres meurtries par le satané tabouret sur lequel on siège et puisqu’on est pas atteints par le profond désarrois d’la belle gueule en son histoire ben on a pas droit non plus au mouchoir. Logique. En revanche et c’qui vaut tous les breuvages du monde Fernande lance une de ses œillades à érotiser le plus macchabée des macchabées et on se l’attrape en plein dans les gencives. Calmés net par le geste on s’refuse à tout commentaire et c’est quasi ronronnant qu’on accepte de s’taper la suite du récital ennuyeux comme la mort.

Johnny tousse grassement après son pastis siphonné et le vieux captant sitôt ce dont il est question flanque sa main sur l’tailleur de Fernande. Pincement au cœur — va pour la métaphore ou alors c’est qu’la mignonne a l’palpitant qu’a dégringolé d’un cran à force de s’coltiner les déboires vénériens du coureur de jupons ! Aux ordres la potiche dégage coulis coulis d’fontaine et hop revient deux verres pleins que le vieux et la belle gueule qui en a fini de couler sur la table s’enfilent aussitôt. Ca trinque et on est pas dans l’coup… Johnny pivote d’un quart de talons s’essuie sa jolie poire qu’on a toujours pas aperçue puis remet sa casquette en place et repivote en quart inverse. Garde à vous y tire sur les pans du cabans et reniffle un grand coup avant d’se remettre à table.

Johnny Belle gueule — Chant troisième

— Comme il en a été fait confidence ô combien tragiquement la ville nous ôte moyen d’agir et avec l’art de séduire devenu impossible en pratique c’est la gent féminine qui tombe en deuil. Après la risée on revient vite me trouver pour s’informer du stade de ma guérison : l’engin est-il à ce point grignoté qu’il ne puisse plus rien en sortir comme joli son ? peut-être une main réconfortante et sincère exorciserait les maux mieux que les baumes d’apothicaire ? l’exercice est le plus sain des repos ! et mieux vaut être contaminée soigneusement que de se morfondre dans une sainte santé ! Les dames reviennent foisonnent se constituent en associations de soutien à la victime en groupes de pression diaboliques… Votre serviteur ô douces ne sait comment encore tenir et cède oui cède pour son plus grand malheur puisque de crêtes de coq il arrive en deux temps dix mouvements à une infection telle que son engin meurt sur le champ. Lamentations n’y font rien c’est par l’amputation qu’il faut passer pour sauver le reste de sa peau. La ville aux funérailles avec ses cent mille veuves : une collecte inter-maritale et l’union des vieilles demoiselles à l’espoir rendu parviennent à récolter de quoi officier en conséquence du drame. C’est un mégalithe celte que l’on érige comme sépulture dessus la moitié désormais moisissante de votre Johnny : « Ci-gît l’effigie d’un certain bonheur ». Le reste de votre ami qui depuis erre à jamais divisé n’est que souvenir écumant les ruelles. C’est aussi comble terne de la tristesse un bon mari chef d’entreprise plein d’attention pour son épouse et ses secrétaires. Limpidité des rapports nous en restons à l’essentiel de nos tâches qui consiste à commander dans le noir…

Non seulement ça rigolait plus dans l’bureau mais la belle gueule s’était remise à fuir mieux qu’une barrique percée. Fernande probablement trop choquée par la vision déconfite de son oiseau d’amour bombe le torse se mord les lèvres et s’aprête à traduire mais le vieux lui coupe l’herbe sous les talons et frappe un coup de pommeau contre le bureau. Johnny est effondré il est tellement dans c’qu’il vient d’raconter qu’il chancelle sur place et se retient comme il peut à la table puisqu’il n’a pas où se laisser choir. Un vrai chœur grec à lui seul ! une tripotée de pleureuses balkaniques aurait plus qu’à pointer à l’Agence pour l’Emploi si le père Johnny débarquait tel quel… Ca frissonne ça craque ça beugle ça marmonne radotant ça sursaute dans l’vide : Johnny knock-out é-mas-cu-lé ! Rude épreuve quand même on se dit doit ricaner jaune quand y voit une minette en quête printanière le bougre ! Mais pas l’temps de déconner le vieux veut du calme et somme Fernande de reconduire Johnny lopette. Et comme la belle potiche enlace la pitoyable carrure de l’intéressé et qu’elle écrase son buste à bondir tout contre on se dit qu’à la place du Johnny ben ça pourrait faire des miracles et qui sait réveiller certains morts ! Bref le marin sanglot finit par évacuer la salle et Fernande reprend dans l’ombre sa place.



*



Le vieux va causer se dresse sur ses cannes. L’est calme et ne semble pas le moins du monde affecté par la tragique sortie du précédent causeur.

— Bon bon bon… héhé… Môssieur l’Rédacteur… tout ceci vous semble sans doute un tantinet plus clair à présent ? Comment ça nan ? Voyez-vous ça… mais c’est une splendeur un don du ciel une pochette surprise ! Môssieur l’Rédacteur ne comprend pas ce dont il est question ! Eh y daigne peut-être filer sa langue au chat… s’applatir s’avouer vaincu s’avouer en-dessous de la hauteur ici exigée pour la compréhension des choses… Y souhaite peut-être demander explication ? qu’on le renseigne qu’on veuille éventuellement bien avoir l’amabilité de l’informer ! Haha c’est qu’on se trouve un rien plus vaseux que tout à l’heure là terminée la fanfaronade la caboche hautaine… z’êtes sûr de pas avoir de rencards à perdre ? z’êtes sans doute très attendu… on pourrait comprendre…

Ben c’est vrai le Johnny évoque la question secrétariale en sa fin de parcours mais n’empêche qu’on capte toujours que dalle à l’allusion si allusion il y a. Pour ça on décide d’implorer le vieux de poursuivre on hoche le crâne et on baisse la paupière : une once d’humilité a jamais fichu personne sur le carreau puis sait-on jamais le vieillard réserve peut-être quelque joli morceau d’anthologie narrative qu’on pourra toujours ressortir plus tard pour faire sensation. Sûr qu’y peut poursuivre la promenade au point où on en est ! Ceci dit si la mignonne pouvait s’faufiler hors de son coin d’ombre et s’déhancher un brin avant de traduire c’est certain on s’rait beaucoup plus attentifs et peut-être même qu’on parviendrait à résoudre quelques équations Johnnyesques…

— De quoi causez-vous donc ’spèce de bourgeonneux ! Pas touche à Fernande c’est moi qui traduit ce coup-ci ! Ca va danser veuillez croire sur un autre rythme et comptez pas trop sur d’la musique de chambre !

Et le vieux se lance dans un délire d’explications reprenant les dernières paroles de belle gueule à sa propre sauce. Seule différence avec la traduction manière Fernande c’est qu’le tableau est moins digeste à vue d’œil qu’la vocale est moins roucoulante puis surtout qu’on est directement mêlés à l’histoire. Suprenant ça comme le croulant faux british sait des choses ! Sans façon y s’met à déballer en face mieux qu’si c’était du cinéma le rapport le plus secret qu’on entretient avec le beau sexe… Et pas à la légère ! de l’analyse digne du plus fameux divan ! en profondeur avec exemple à l’appui et tout comme si vous y étiez… De sorte qu’on en vient vite mais très vite aux recherches d’emploi et autres flâneries intempestives auxquelles on passe le plus clair d’ces derniers temps.

— Alors dites-nous donc M’sieur l’Rédac’ à quoi ça passe ses heures un rédacteur hum ? Tsss vous triturez pas la conscience j’me charge de nous éclairer là-d’sus : un rédacteur ça rédige ouais ! Pis ça s’met parfois même parce que le cœur est à l’ouvrage à bien rédiger. Sauf qu’à trop bien rédiger et à forcer sur le houblon ben ça chope rapide la folie des grandeurs. Ca commence à oublier pourquoi ça trime réellement : la rédaction d’accord mais y’a tout un tas d’nouveaux trucs qui commencent à encombrer sérieusement la motivation originelle. Qui voulait informer son prochain éclairer la pauvre masse brumeuse des mortels se prend à saliver sur la vie d’château. Et faites excuse Cher Môssieur un scrupuleux gratouilleur de paperasse ben où donc ça trouve le temps d’mener une existence sexuée ? Vrai ça commence tout bohème sa vie active : tant qu’y aura des feuilles à noircir et du monde ignorant ben on fera face. Pour la juste cause pour le style le beau geste la largeur d’esprit… Par-dessus les bonnes intentions initiales arrive la rançon du vrai labeur et d’un coup on voudrait bien valoriser davantage l’encre écoulée on commence à se lasser du placard dans lequel on officie et d’la pic-niquade quotidienne bon marché. Et pour comble un matin on s’réveille ’vec passez-moi l’image un trop plein au niveau d’la fermeture Eclair qui vient s’empiler sur les dossiers non traités pour cause de rédaction… Rédacteur rédigeant ben l’moins qu’on puisse dire c’est qu’ça fiche une paix royale à toutes les donzelles qui cavalent au dehors en quête de compagnie ! Et d’ailleurs vice versa… On va pas vous la jouer instituteur M’sieur l’Rédacteur mais un illustre scribouillard se lamentait souvent : « …poète tu ne baises ! »…

Si l’attention qu’on portait aux discours précedents était de nature volatile ben dans l’instant on paume pas miette des mots du vieux. Dans la tête ça raisonne façon tocsin et la vérité dont on cause là ben elle fait l’effet d’une brave dérouillée. Revenant à une impression évoquée plus tôt ben on s’demande à présent si le vieux n’est pas seulement hypnotiseur mais un sacré magicien lisant l’âme de ses victimes avant d’les laisser en pleine terreur se passer elles-mêmes la corde au cou et glisser du tabouret. Frisson grotesque en songeant sur quoi on est posés ! Vrai le vieux a sa manière bien à lui et très peu agréable de voir et dire les choses… Il poursuit.

— … héhé… du coup comme c’est plus tenable au même rythme c’te charabia d’existence ben on craque ! chuittt adieux les relents d’altruisme antérieur la plume aux oubliettes l’encre on la garde en rêve et c’est déjà trop. Là on s’prend à sa juste valeur : qu’est-ce qu’on fout encore à paumer ses heures pour tenter de répondre au loyer exhorbitant ? pour le même prix autant trouver mieux puis prendre le temps de trouver l’temps pour faire fructifier ses dons. Scoop : la rédaction paye gros cash pour qui sait faire ! Làààà sectionné l’instrument d’labeur ! Johnny dévoué à la satisfaction féminine qui tire un coup d’trop et signe ses arrêts : les jolies bénéficiaires ont plus qu’à le canoniser et vive la relique ! A l’horizon qu’on est allé Môssieur l’Rédacteur et on sait pas revenir ! Quand même on est sec de l’encre on fait des plans et des plaqués or ! va qu’on postule à l’embauche dans les hautes sphères et vu qu’on est tout préoccupé par l’aspect clinquant des choses on lésine pas sur l’exigence : bureau personnel plus spacieux que son propre deux-pièces siège 100% cuir machine à cappucino et cerise patissière ben la clique de femelles qui revient de droit au premier d’la tribu ! Candidature directe pour la direction des opérations. Quoi et pépère ! les secrétaires faut pas qu’elles nous prennent le nœud avec du futile : qu’elles défilent tout en cuisses en décoletés vertige aux p’tits soins pis basta !

On s’sent la mine pas vraiment beau-fixe. Le vieux aligne ferme et quoique buvant ses paroles ben on a du mal à enregistrer tellement tout fuse dans tous les sens. N’empêche il déballe assez justement sur le chapitre secrétaire et on se dit qu’à rester l’écouter ben on a au moins foiré deux rencards pleins de ces délicats dessous dentelles et autres soieries ou jarretières administratives. Fernande quant à elle jusque là dans son ombre de potiche s’autorise même deux sorties en pleine scène et s’amuse dès que le vieux prononce le mot secrétaire à venir se trémousser devant le bureau et à prendre des poses des plus équivoques en simulant de drôles de sourires. On bronche pas atterrés par ce qu’on entend effrayés de s’croiser si égarés en définitive. Visiblement calmé par la confusion qu’on affiche le vieux pince Fernande qui se presse d’apporter à boire. Cette fois on peut trinquer ! mais on s’trouve si peu dans nos pompes qu’on oublie au passage d’vérifier avec la main si les formes promises par Fernande sont pas carton-pâte.

L’anisette coule. Lentement on ouvre l’œil. Douleur d’un crâne qui doit être fendu quelque part. On est à terre. Comme suspendus dans les airs le vieux et Fernande s’agitent et causent : la gueule ouverte on les laisse écouler le contenu du verre qu’ils inclinent. Lorsque les yeux s’acclimatent à la faible lumière alentour on découvre un vieux sapé comme un clochard et une Fernande frappée d’un âge plus que mûr en grossière vendeuse de gauffres.

— Désolé d’vous avoir claqué ’vec ma canne balance le vieux puant l’anis et la vieille carie… z’êtes devenu comme fou et z’en preniez à la Fernande…



*



du même auteur chez Hache:
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Petit roman moderne fortement ouvragé racontant le difficile et quelque peu inextricable cheminement d’un jeune homme qui aspire à devenir Rédacteur, quelque part derrière un beau et honnête bureau. Le style est énergique, argotique, recherché ; les phrases, de taille variable mais pauvres en virgules, tendues comme des ressorts. Drôle, difficile, flamboyant, sans pareil.

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Paysage 178 : Lac de Sils, Grisons, Suisse (2006)