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Foyer à ciel ouvert de littérature contemporaine européenne

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Hors attraction du gouffre

Valérie Guitard

avril 1997

Du gouffre où ça imbibe par tous les pores tournoyant hurlais vociférant exultant pour dégorger dernières semaines mois années laisser couler filtrer passer au tamis serré extraire alors peut-être offrir ne rien garder donner et remplir à nouveau.

Alors j’ex au delà pulse projette ce qui brasse en dedans il serait temps que dis-tu j’avais cru il faut se méfier de l’air de rien si j’avais su que c’était le tien j’aurais fermé l’œil sur nos amours débutants piano chantera et notre cristal communiquant piano oubliera.

Sous stimuli du quotidien alternatif résurgences d’images sensations physiques d’un passé épaissi mémoire œil ouvert sur son remplissage ignore son contenu.

Insomnie au hasard d’une nuit claire et laiteuse silence du lampadaire ombre portée sur le mur et compagnie de la lampe qui veille sur l’absence le sommeil de l’autre protégé est bruyant dans son égoïsme insoupçonné l’amour est solitude et la nuit sursis jusqu’à l’oubli d’une vie fausse sous la lumière du jour sentir du bout des larmes cette peine égarement dans la ville néant des heures creuses sourire finalement pour continuer tranquille assommée par le vide d’une pensée sans but lassitude calme d’un refus immobile jusqu’à la prochaine révolte corps qui attend sur un coin de canapé son âme en déroute.

Petite sous les draps blancs froissés s’éveiller doucement regarder à travers les humeurs écouter malgré les cliquetis ce qui me fait souffler au devant des larmes.

Devenir lente et douce souhaiterais glisser les chaînes au rythme du centre m’imbriquer dans l’histoire.

Douceur ferme au creux du pied sur chaque rondeur de mer une bruine d’algues salées dans l’air et plane sur le bruissement d’eaux furtives.

Calice bleu roi flamme de la bougie pour une clarté pétale de miel laisser passer l’ange et l’air du temps rire d’une plaisanterie ébouriffer d’un souffle l’oiseau sur la branche les paroles déclinent et se posent racolage sans cesse de la mouche pattes ventouses aux gouttes de vent sur le visage.

Eclats de rire en échardes.

Manque et violence ramassée tenir campée clairement définie sous l’urgence présent à engloutir dans la confiance patiente de l’hiver ici souffle humide et vaporeux de l’océan qui voile la côte les murs salés crissent sous le sable et s’arrondissent comme les arbres face au vent du large tu vas loin tu te perds sans bouger ici vent et soleil en projecteur et le silence grondant de la mer.

Cercle de l’anneau des roches gravir lent persévérance imposée où est la révolte pas contre mais en un souffle arraché.

Troisième marche de l’escalier flamboiement de l’âtre faisant battre au cœur la maison éteinte ici de cette façon se déploie la vie façonnée pétrie de souffles ajoutés elle naît se déroule geste où s’arrondit l’âme la nuit pour son unité opposé inconnu plus limpide et bruyant que discours floués aux humeurs du jour.

Trois oiseaux disposés sur les lignes électriques face à la fenêtre de l’autre côté de la rue protection sceau des trois fées du lointain de l’enfance materne berceau signe rassurant du triangle insufflé soudain en un nausée trois oiseaux trois arbres parfaitement équilibrés.

Puis ne cessent de triller chanter siffler tout en virevoltant volant d’une indispensable activité liés par des sons langage ininterrompu sinon écart du rythme projection jointures difficiles à trouver à faire accepter à l’autre bardé de son quotidien écouter regarder.

Oublier contradiction incarnée se déposséder je s’en dépecer tous les jours lambeaux de lettres déchets curetages salutaires.

Certaines phrases suffisent à rincer emplir de fraîcheur l’espace en creux du dedans qui transparaît en surface oxygène le corps élève les paupières tend la peau zone autour fait peser celle de l’autre se repoussent mesurent le vide en prolongement où s’ancre l’âme avant contact où l’inconnu devient familier que naisse le langage par l’humain amener la pensée contre la matière du monde la conscience s’appuie le corps respire en veine qui se gonfle peau ridée fine pliure du poignée envie d’éclater en petites bulles à la surface clapotis de désirs ourdissent plissent et se déploient.

Langues d’enfants qui claquent dans les arbres.

Une couleur un poème un objet un rire une erreur tournesol œil unique tu accroches des vérités à ton cercle tu t’orientes.

Tu perds en réalité en esprit j’ai la sensation l’illusion de t’avoir inventé afin que tu agisses là où je ne peux atteindre où inefficace j’attends et tu reviens en créant le lien entre moi et d’autres mondes tu renais disparais pour que je puisse créer différente.

Larmes goût salé visage crispé au début comme on tord un linge puis abandon elles coulent avec moins de serrement pour laisser les yeux très grands malgré les joues brûlantes les larmes emplissent la tête la font résonner de bouillonnements contenus et laissent les yeux piquants fiévreux le souffle chaud l’être engourdi assommé.

Poids du corps l’autre est posé proche.

D’œil à œil que se passe-t-il.

Voir en toi le même éclat la rondeur de cette boule irisée mordue à la plante mais tu es humain à défauts bancal si arrogant à te gifler aimer tirer de toi l’ami indulgence mais de désirs exige tu es loin éclats de rire et geste léger de la main.

Appuie entre les épaules main se soulève humain tu es surtout celui dont le corps respire souffle l’esprit dans les fentes du store baissé main appréhende fait contact entre ton mouvement et mon attente main se tend curieuse.

A la racine des cheveux démêle une à une chaque mèche courte et brune tiédeur sous les doigts.

Suis incapable à vivre se laisser pétrir ou accepter de diriger malaxer suis incapable pour les deux ni l’un ni l’autre ne peux qu’écrire recracher lorsqu’une période s’est écoulée où je peux mettre un point et une majuscule derrière dans l’intervalle trébuche me tourne tend la main prend appelle.

Appartiens à ce temps où JE n’a plus de parole tout a été sera dit par socio médico psycho scientifico moraliste la poésie a joué la liberté se tait yeux grands ouverts mâchoires serrées les rires sont hurlements sourires grimaces la politesse et le respect étendards où dois-je reposer.

Eclats de couleurs sur le corps et en tête appel manque démange en dedans éclaire les angoisses dans le trafic des souvenirs violence et outrance de désirs impératifs pensées qui débordent trop vives dans l’instant une vie.

Masse de petits nombrils secs haïssent ta solitude et vénèrent ton talent moi dans ce tout ne suis que placée et c’est juste saut de puce(elle) gravitations sur ta toile.

Je crois qu’il pense à moi tombe et pleure l’enfant de rage plus que douleur et l’ombre du soir annonce la nuit séparateur d’elle sommeil malgré tout je crois qu’il pense à moi.

La nuit les arbres de la rue massifs et bruissants sous la barre d’un vent souple chante le feuillage j’aimerais qu’il longe mes murs traverse là où je vais m’endormir chuchote ses envolées ailes déployées.

Les odeurs tirent les sons bercent les mots ronds sous la langue le geste s’élève rejeté par l’air fuite dans la marche suspendu.

Pas grand-chose à te dire le souffle lorsqu’il glisse et je le laisse m’irradier la main qui se soulève si ton corps est à portée le regard déformé par la vision que j’ai de toi si peu à te raconter détails particules de vie fragments.

Ce n’est pas tant la jouissance qui retient les amants mais le sursis que donne l’autre au delà du plaisir.

Appréhender son contact pénétrer l’éloigner me fondre en lui un temps m’en gaver replonger suffoquer pour concevoir l’irréalité égoïsme ou la fureur de s’égarer être malaxée puis déposée en attente de transformation où mon intégrité se redessine tenter une connaissance.

Parfois des regards qui épinglent au coin du miroir brefs et en douce vous êtes fiché affiché.

Deux enfants rois l’un égrène parole et rire l’autre souriant attend écoute se renvoient leur désir joyeux et bondissants transpercent cruauté innocente très blanche étincelante crocs.

Coqu/elicot crête et pattes fier en bec glousse dans ses plumes et gonfle du jabot mais certains soirs où contre calée converser en deçà dans le regard un état du vivant imposé où deux masses en présence à l’angle borgne de la rencontre s’inclinent dans le mouvement où l’autre nourrit.

Mots en lieu de contacts jointures qui retiennent instants oreille regards brouillent les solitudes en paroles papillons tatouages d’une évasion pour demain les mots portent vers sommeil et sexes qui se calent dans le choix du passeur l’affection est entière meule blonde au creux du champ posée dans l’amplitude du cœur à l’arc des bras le regard se creuse lisière.

Celui qui est la vapeur renversée opiniâtre docile qui précède attend impatient hurlant de mots inarticulés en souffles multiples qui m’entourent s’enroulent claironnent et sifflent.

Douceur d’une voix oubliée laisse pour un temps sur une grève posée hérite du parfum main mise sur une odeur imprégnée attendre courbe le souvenir rejoint le creux efface l’abandon lorsque l’événement se dilate en mémoire soudain pour disparaître comme bulle soufflée t’égarer volontiers de bulle en bulle miroitante les facettes de ton visage en force démultipliée diffusent leur insolence.

Me retrouve scintillante de l’haleine du vent fuir sur le sol plane et se pose la brume de ta voix lentement de la tête vers le bas appels sensibles inquisitions à retenir peine et traîne ce soir à te quitter te laisser dans un coin du sommeil.

Me creuser alcôve lui laisser place une femme dans l’ombre pour désir connivence entretenue avec parcimonie distillée silence réajuste en mesure internes.

Ce qui te fait vivre en passage direct où piquer vision du rapace de souplesse en résistance le roseau se courbe l’instant du tournesol jamais dans l’ombre mais douceur zone d’air au delà en jaillissement hors de soi contact malaxée pétrie façonnée de l’intérieur qui se tourne vers l’autre en avant ou auparavant décalée toujours de ou fuyant seule la résonance l’incompréhension s’oppose l’ignorance brutale la liaison comme survie dénouer l’O souffrant déployer les verbiages jusqu’aux silences rouler de confiance à inquiétude où tu places ton centre dans le tumulte avec l’espoir de rejoindre chaleurs de sexes s’accolent à l’esprit qui tranche marbrures des deux extraites bouleversent de l’un à l’autre tu te tords vers qui me tient dans son regard les corps résonnent en fragments se cherchent cela en toi qui me fait rôder alentour me cale genoux repliés observant un sourire du corps offert obligeant à me tordre sous ton exigence qui rappelle descend retourne et je glisse.

Vide en creux du départ soudain fauteuil inoccupé appelle happe.

La présence au dedans du sentiment pour lui en regards voilés de larmes naissantes acquiescement d’une vie placée verticale bouteille au trois-quarts du repas dans l’attente ton rire suspendu en soleil décalé verre que l’on coupe ta douleur fait masse plaque.

Lorsque cela se calme les bras entourent la nuque la tête se pose les yeux se lèvent regardent les objets restent ton odeur et la fatigue la main pétrit le visage je ne sais plus quel geste va suivre j’ai faim mon esprit fonctionne recharge prend la direction ton odeur s’efface je me lève souris.

J’ai perdu les langages oubliés ou jamais appris je n’ai pas eu de maître que le souvenir la présence tenace la trace de ceux qui savent sans avoir appris sans avoir fait le passage on ne peut éliminer la connaissance elle est mais parfois endormie si personne ne l’interpelle se fait sourde aux appels si ténue qu’il est difficile de continuer à la considérer pour revivre la souvenance les langages anciens en moi restent muets attendent.

De ce qui nourrit tient chaud à l’intérieur part d’humanité chair vivifiée lors de la cohabitation chair irriguée qui chauffe l’intérieur partage de ce qui est crée gonflé restera tapi présent et ce dont je ne peux parler ce qui ne peut être formulé ombre sous la surface ce que je tiens consciente du geste que je garde à côté laisse filer au rythme de tes sourires capable de recueillir qui n’a de vie que celle que tu lui donnes.

Je vis tu vis cela vit.

Ce qui est encore non formé au chaud lumineux ne m’a accroché qu’un œil en passant dont je ne peux parler qui demande des mots sans liens apparents refuse tout langage aucune syntaxe exige des couleurs ou des sons des pastilles collées sur une page un geste évasif de la main un départ une embrassade du réconfort beaucoup de rires de confiance et de légèreté.

Je viens peu à peu à te considérer à respecter ce que tu exprimes sans systématiquement opposer un poids où je rematérialise comme d’un fonds surgir pour apparaître tête dehors où je recompose lentement parfois je fais rage d’empressement mal contenu mais ton bloc est immense je n’en fais pas le tour à se confondre à ma vision que j’en oublie ton existence où tu disparais où je me transforme comme pierre sur socle j’utilise l’autre face puis l’autre encore et à nouveau comme terre retournée avec insistance j’ai besoin d’ampleur et de temps ces éclairs qui me tirent hors attraction du gouffre.

Plongée dans l’œil du chat j’ai cru un instant que nous nous regardions j’aurais aimé savoir acceptation des limites qui jamais ne seront franchies il n’était plus animal je n’étais plus humaine tache de sang diluée sur la route fossé vide d’un cri chat chocolat.

La lumière plisse dans le lit soleil voix et jambes se nouent luttent joyeusement.

Je dois basculer pour lever les yeux heurter pour choisir l’autre voie opposer un butoir à l’aveuglement choc pour laver obliger le cerveau à redémarrer suis devenue silencieuse ai passé le silence pour l’essentiel ne pourrai parler que par détournement vol rapt saisir et transformer l’instantané prendre de vitesse.

Action deux tours de clefs dans la serrure grincement porte sur ses gonds t’es prête ? porte qui claque pas assourdis sur la moquette sifflement porte qui claque pas résonnent sur le béton porte qui claque pas résonnent sur le béton porte qui claque pas assourdis sur la moquette action deux tours de clefs dans la serrure grincement porte sur ses gonds t’es prête.

Mains en coupe autour du bol tiédeur du liquide âpre et sucré où il faudra donner ce que tendent les mains sinon être pliée par le ventre.

Image des pigeons sur les branches journée d’oubli de l’hiver ciel bleu soleil et tiédeur souffle air léger qui réchauffe la peau la surface image des pigeons givre sur les branches glaçons mouvants qui prendraient vie se mettraient en mouvement par petites touches rondes arbre se met à vibrer par endroits avec des espaces des pauses.

Vivre par ce que ça veut mais interposé posé en place de toujours sous le masque de beauté couleur vulgarité inconscience hésitation où j’apparais dans les espaces non encore comblés d’un itinéraire où il faudrait aligner les clichés et observer l’image qui n’existe pas dans l’intervalle.

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Paysage 816 : Balagne, Corse (2009)