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Foyer à ciel ouvert de littérature contemporaine européenne

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Névrotomie

Bernard Saulnier

avril 1996

Remerciements à Denise Saulnier Gascon.


1

Enfermé, mobile, on traverse à la lumière rouge et on fait simple, sens du Lac. Les racines me fuckent, j’écrirai un vers, un sans univers, classique poème que je malmène. Nelligan crèveras-tu deux fois, Gauvreau mille morts. Je ne suis qu’une fourmi chanceuse, sans guérison, vivant d’illusion. Au-delà de la mort, de toutes les horreurs et de tous les drames, cette condition d’être humain si fragile, vivant de tous les instants avec la Grâce. Et on tue encore pour des idées, Quand les hommes vivront d’amour, c’est bien de Raymond Lévesque ? L’amour plus qu’un sentiment, mes larmes n’y changeront rien, même si je me tue, je ne serai qu’un mort de plus, vivre !

Zoot-suit, réformé, exclu, je ne suis d’aucun combat, je lutte contre la schizophrénie, légère pour l’instant, le pronostic du médecin est bon. Pronostic : jugement que porte un médecin (après le diagnostic) sur la durée et l’issue d’une maladie. A ce que l’on écrit, un schizo ne guérit jamais. Je suis un bon à rien, je me flagelle intellectuellement et encore là le mot est trop doux, psychiquement, psychologiquement et tout ça est écrit dans un break.

Il faut conclure ce long soliloque, la question du livre, d’un livre, des mots, des phrases, la littérature, les bourgeois, les intellos et moi. Ego disparais, pends-toi au bout du fil de tes mots. Plus rien que ce plus rien, qui n’en finit pas, la haute voltige ne m’intéresse pas. Je suis incapable de tout, je pour moi, pas vous, j’avoue mon impuissance.

Il faut arriver mauvais poète. Votre p’tit chien madame, votre p’tit chien madame, votre p’tit chien m’a mordu. Tais-toi donc p’tite menteuse, mon p’tit chien ne mord pas, comptine et blues. Il faut, les métaphores et les virgules et beaucoup plus encore. Cela demande une maîtrise que je ne saurais atteindre, à moins d’utiliser les bons outils et d’y mettre les efforts nécessaires.

Céline était un maître de la ponctuation. Je parle de Louis Ferdinand Céline, l’écrivain collabo, mais je m’engage ici sur un terrain glissant (c’est la première expression qui me vient à l’esprit), c’était il y a cinquante ans, on doit bien avoir réglé son cas depuis ce temps-là ; de toute façon y s’en fout, y’é mort, ça sert à rien de déterrer les morts.

Angoisse subliminale, le train du gros chien défonce la porte de ma radio. Le bordel est pogné entre Chrétien pis Parizeau, les agents du service de renseignement canadien se battent entre eux autres, à quelle distance en suis-je ? Les recettes de bombes sur l’Internet, aucune garantie ni mode d’emploi nulle part. Paranoïa will destroy you, Black Sabbath.

Et je m’en lave les mains, attitude, négation, contradiction, Lautréamont était-il un iconoclaste faute de mots plus savants. Un autre capoté de grand talent. Le seul rapport c’est que je capote parce que j’en ai pas de talent. C’est en forgeant qu’on devient forgeron, patience et longueur de temps font plus que force et rage et pourquoi pas a mare usque ad mare tant qu’à y être. Cent fois sur le métier remets ton ouvrage et Zébulon chante les femmes préfèrent les Ginos. J’aimerais bien être un Gino, Vannelli peut-être, ça fait vanille pour pas dire tarte à la.

C’est l’heure de la trêve, allez-donc pisser, laissez ça là et réfléchissez, les toilettes ça inspire. Réflexion de merde y’a un miroir, regardez-le, pas vous, lui ou elle.

Pool shark he was, poule charpie à gaz, catatonique tonal total, des millions à la balle, overdose de caféine, au dix-neuvième siècle à Montréal on ne pouvait cracher dans le métro, j’imagine qu’on crachait sur les chevaux. La horse et Denis Vanier. Je suis d’un baroque avancé au premier sens. Qui est d’une irrégularité bizarre. J’entreprends le futile, le surplus de moi-même, sans être Don Quichotte pour une étreinte. Monsieur Miron est seul sur sa montagne. Je suis seul dans ma cave de cave et ne fermente pas, j’aigris. Un visage, une jambe parfois m’éblouissent et c’est la débandade quand vient la parole.

Johnny boit encore, s’en va vers la mort
il n’est plus fort, il défie le sort
il a battu tous les records
de trois heures et quart
Johnny il est mort
dans la rue Chateaufort
sans trésor ni remords
Johnny avait tort
d’être un matador
défiant les lords
Seagram’s et consort
assis sur leur mine d’or

Sacré Nelligan !

Ah ! comme j’ai envie de pisser
la bol est pleine de givre
Ah ! comme j’ai envie de pisser
j’ai une chaude-pisse
et je suis ivre
j’ai mal aux dents et je suis gelé

Je suis sous ton pied et il m’en manque, toi et Vanier, dans un autre registre, ne pas être dupe de soi-même. Je suis pourri et je pourrirai. Vian ne crachera pas sur ma tombe, son crachat aurait été une décoration d’honneur, je fleurirai les vôtres. Pour Vanier ça presse pas, mais les deux autres.

Y’a-t-il plus de poètes parce que plus de gens tentent et savent écrire ? Le taux d’analphabétisme, les décrocheurs, la puissance de l’économisme, la poésie rentable de la chanson show-business. Léo Ferré avait raison, Desjardins doit manger, Francœur aussi. Vanier est radical. Je crève pas de faim, j’ai pas de talent et je suis con.

Problème de conscience, dilemme du ressentiment, Gauvreau là-dedans name dropping, laisser tomber les noms. Je suis seul, nous sommes tout seuls, il faut que je me regarde en pleine face dans ma tête de cochon, ce serait mentir que de me penser illettré, mais je ne suis pas Mallarmé, je suis très mal armé et je fais mes devoirs. Je suis mon seul maître à bord après Dieu et même là je pique, vole ici et là. Ma mémoire restitue, dégueule, et je ne me souviens pas où j’ai pris tout ça, j’imite pour aller plus loin. Innocent comme on dit, idiot, idiot, je creuse mais ne trouve rien qui m’appartient. Je m’enterrerai et retrouverai le trou initial où tout est écrit de n’être pas écrit, les mots m’enterrent.

Garroche-moi la vie et ses blues, toutes les souffrances pour une chanson qui a du sens, une chanson de bonheur qui a oublié tous les malheurs, une chanson de liberté inassouvie que j’en oublierai tous mes ennuis. J’aurai brûlé mes ailes à trop solliciter l’intellectuel, je suis malsain.

Je voudrais être une éjaculation de pâte dentifrice pour nettoyer la dent sale, cariée prothétique de mon cerveau. Mais la chienne m’obsède et je dois en venir à bout, exister et subsister, survivre sans douleur et je ferme mon crayon pour l’instant présent.

La ville, grand hôpital psychiatrique où je finirai mes jours gériatriques cherchant l’abri cosmique, loin des synapses atomiques, un synapse n’est pas de même nature que l’atome. Les piqûres de mes attriqures sont inutiles et vaines. Vivre et oublier la mort, je ne suis que mon enfermement, je ne veux pas fermer mais ouvrir la boîte de Pandore, je n’y trouverai que la mort.

Les châteaux de la reine sont ceux de nos peines. Comme si il n’y avait pas la mort, l’au-delà d’un silence bruyant, d’une parole brillante par son absence. L’abandon de tous les vouloirs, des légères mélancolies aux souffrances psychopathologiques laissant place au vocable invocable.

Et la télévision, sept heures sept, sida séropositif, enfant argent, Bénézra, Marina, Foglia du six mai quatre-vingt-quinze, la morphologie, aussitôt que tu parais le moindrement bien, information showbiz, communication la grosse bebitte, la politique. Le paraître et l’être, ce que l’on dit et ce que l’on est, aller au-delà dans une anonyme transparence, les gens laids ont aussi quelque chose à dire. Je ne laisserai plus rien en plan, ni monstre, homme ordinaire, ça me dépasse et je suis dépassé au présent.

Le culte de la contre culture
mort et mort
vidange de bière
contre tous pour un
un pour tous
prix du gramme
hit frappe
le cul dans l’eau
sous qui n’est plus contre
dominante dominée dominus
vobiscum ite cum spiritituum
spiritueux et ça se vend
on se pousse avec le cash
les menaces
la dope du pape, la dope de Marx
la dope de Clinton
politique, dope et cartel
Ils nous ont tous donné une cenne noire
avec la reine
le meilleur des mondes Aldous Huxley

Nous sommes tous argent mais la masse vaut pas cher, elle a pas de prix marketing. Je ne vendrai pas mon âme, à découvrir. Les ritz ont augmenté, le Ritz est pas pour moé, un instant pour oublier la mort, tout ça pour ça.

Classique mardi d’Expos
une plate marbre de marbre
baseball de soleil
lyrisme quétaine
le soleil au tréfonds
de mon âme fond dans ces nuits d’été sans âge
la décadence ne dura qu’une décade et je danse sur mon navire de poésie en rade. La vie contemporaine comme hier, temps, l’amour, j’ai. On meurt et je m’amuse à la poésie, sans futurologie, dans un instantané, pour un instant tanné, peau de vache et je ne lâche aucun lest. Je coule dans les profondeurs de mes superficielles stupeurs.

Sans esprit malin de persécution, ni un vague-à-soi, passant à l’exécution des passes des avant-toi, âme et cœur sans intention, esclave et roi subits comme punition, quand délivrance et foi ne font raison, un sens parfois au-delà des religions, le sacre sans loi de toutes les exclusions.

Jalouse envie

Il vaut soixante-douze millions
une phrase sur Sainte-Catherine
men monnayable
négoce
Elle était belle ordinaire
parlant d’affaire
power powder et mascara

Je leur prête du jugement et des valeurs, embarras barre la, la la la, toujours le même refrain qui revient, je crève de faim, j’ai pas la bonne main, on est pas né pour un petit pain, sois reconnaissant, il y a encore demain.

Narcisse

Coincé par Jack Kerouac
et Nelligan
l’un dans ses bivouacs
l’autre dans son enfermement
Je m’enferme calmement
dans la quincaillerie réac
mille tourments
passent à l’acte
d’un crayon bic sans fac
conscient des cloaques
où je patauge cérébralement
en fumiste innocent

Et ce vide que je ne saurais remplir de tous les liquides, mes calvaires à établir. Je suis un fucké pour ne pas dire fou, aller combattre et je me prends pour un poète que je voudrais maudit. Les trois singes, j’ai rien vu, rien entendu, rien dit. L’intelligence c’est d’avoir une idée, Einstein, je ne dis rien, idée dans le sens de concept.

Dire : un écrivain qui a dit deux ou trois choses, c’est déjà bien. Je cite je ne me rappelle plus qui. Casser la gueule à mon démon, moi, ego. Je dois lire Miron le non poème.

Péter la barre, dans les chiottes, dans tous les parlements, cassé, brisé, séparé je le suis et cela ne reviendra plus. Hier Montcalm, aujourd’hui moi que je voudrais

être en devenir
je suis nul et peureux
nous
et les jungles s’épaississent
fouillis fouille-merde
dans mon moi
étant rien
tout ce confort inconfortable
je m’enfonce comme un hit radiophonique
la machine à off
je suis superficiel
sans superficie
je me tue à mon propre jeu inutile
il ne suffit plus de dire
mort aux vaches
ce n’est pas un jeu d’enfant
je me vole
incompris de moi-même
copie conforme
je me pète la fiole.

Quand les demains seront des hiers, il y aura d’autres demains mais présentement il y a des morts, au loin, auprès, pour rien. Quand Dieu est là, j’écris des prières, cela va de soi, j’oublie ma misère, mon manque de foi pollue l’atmosphère donc je lui dois un Notre Père.

Notre Père — dieu
qui êtes aux cieux — la lumière
que votre nom — Allah, Bouddha, Krishna etc.
soit sanctifié — célébré
que votre règne arrive — l’amour
que votre volonté sois faite
sur la terre comme au ciel — s’abandonne à Lui
donne-nous aujourd’hui
notre pain de ce jour — toutes les nourritures
pardonne-nous nos offenses — à Lui, aux autres
comme nous pardonnons
à ceux qui nous ont offensés — compassion aucun
ressentiment
ne nous laisse pas succomber
à la tentation — du suicide
mais délivre-nous du mal — ego

Mineur, minable, miné par la mine et qui ne paye pas, l’encre et le sang coûtent et sont impayables. On ne trouve pas le pourquoi des comments sans se perdre dans des méandres synaptiques. L’absinthe n’a plus cours, il faut rester conscient malgré son génie artificiel, explorer les zones plus sombres avec acuité et en répandre le jus avec parcimonie, s’objecter aux choses abjectes et mourir sans fanatisme. Les discours ne font pas l’Homme et toutes les adversités demeureront avec, sans, malgré, pour, contre, il faut saisir l’inquantifiable moment de paix.

Tous ces sonnets
ces vers de douze pieds
qui en a le regret
sinon ceux pour qui
la poésie
ne s’exprimait
qu’en forme structurée
d’une passion obligeante
venait le vers qui chante
cette maligne discipline
exigeante
a connu des sommets
encore inégalés
ou dans l’obscurité
nul besoin
de rime riche ou suffisante
je me contente d’une cadence apaisante.

Et la mère, mermaid des mères dans la mer, son chant fait échouer la bâtardise de ces vers jamais libres, emprisonnés par le souvenir de Wolfe. Elle louve toute latine impératrice romaine d’une voix et d’une langue du doute, cordon jamais coupé, mère comme patrie exigeante, exigeante et pleine de doute dans ses fils de la planète qui ne sont déjà que survivance.

Mauvais devoir de collégien

Ecrire sans Gaston Miron dans le sens avec. La game se joue encore je m’approprie Miron sans le comprendre avec compréhension, les vieux poèmes intemporels, justement à le lire les temporels me pètent. Fernand Dumont nous dit qu’on est né d’un avortement, drôle de naissance. On est tout nus pareil, les temporels me pètent, on est tout nus pareil. Il faut que je m’habille de mots autres et autrement. A quand le prochain déluge de faux espoirs poético politiques, promesse d’ivrogne de la politico poésie, des deux bords les crosseurs. J’ai le dos à vif, je partagerai mon sang avec qui en aura besoin, ce n’est pas une promesse, il ne le faut jamais. Il n’y a nulle vérité, je suis mon sujet et je m’écartèle. Les temporels me pètent, l’intelligence me manque, je ne suis qu’instinct de survivance aujourd’hui. Demain je serai mort, le cash-flow on s’en crisse ! Jouer avec ma bebelle de vie, il faut naïvement améliorer les cœurs et leur bâtir des oratoires de béton armé pour les protéger. Nous disparaîtrons et la victoire s’il y a, se fera sans nous. Je règle mon sort, à l’impossible nul n’est tenu, quoique impossible ne soit pas français. On ne l’est pas.

Je suis un meurtrier
un amoureux
j’allume de l’encens au gaz
dans les temples du peuple
en honneur aux tailles poignardées
pour la souffrance et l’envie

Denis Vanier

Ne rien dire, écrire par dessus tout, l’enchevêtrement dominé et le mélange confus. Le mot écrire, le mal écrire, le mal écrire, la switch à off consciemment, l’inutile du geste et sa répétition obsessive et maladive, pas de sentiment ici, poème avorté.

Jean-Luc Nancy

Un réalisme de la vérité inappropriable (ce qui ne veut pas dire absente).

Cul

Les « tout à fait » pleuvent et ils approuvent exactement, faisant partie non pas du même genre en rajoutant pour dire la même chose et clore. C’est tout à fait ce que je voulais écrire.

J’y ai fette péter la gueule
par un doorman
je me suis retrouvé
sur le macadam madame
en fait d’échec c’tait pas
un jeu de dame
la dam était ouverte à tous les drames
j’avais plus de rames
que celle du métro
à l’heure des vélos
le matin très tôt
j’ai vite été au courant
que le courant de la dam
transféré dans le métro
ça vous donne un coup de rame
dont on se relève pas de si tôt

Je suis un porc, la caboche me pète, j’ai et vous avez trop bonne conscience. La police ne me fait pas l’honneur de me poursuivre. Il ne faut pas laisser place au totalitarisme à tout bien compter, on y est déjà. Etre non violent, je me détruis cervicalement, les paradoxes m’étouffent, l’assistance sociale corporative aussi. D’autres Auschwitz prendront place, je respecte les morts, nous n’y sommes pas encore, ce qui précède est écrit avec irresponsabilité et je l’assume.

Discours ou écriture de ce que je voudrais frustration. Un sentiment innommable car mon baroque me choque paradoxalement, on se croirait dans une époque moyenâgeuse où le roi média domine tout. J’écris comme un cochon, je n’ai jamais voyagé et j’avais trop peur de mourir. J’ai risqué ma vie ailleurs, ici dans une culture avec un petit c, que je n’ai pas, ni la grande, ni la petite. Une sous-culture sans mécène ni commanditaire. Les rois règnent encore et je n’amuse ni ne distrait personne, je ne songe même pas à les faire réfléchir, ils le font déjà. Je ne veux, peux, peut-être pas me prêter au jeu. Je m’invente des histoires sur ma chaise en cuirette, l’apoplexie me guette et je pleure, j’ai mal à mon rien qui m’appartient. J’ai peur de l’effort, le sang et la sueur on bâtit des empires là-dessus. Je n’atteindrai jamais le poétique ni le philosophique, mais il est trop tôt pour choisir la mort, mon dieu que ta volonté sois faite.

Les casques bleus en Bosnie serrent les mains des familles éprouvées pendant que des alpinistes grimpent, escaladent des pics par des routes non conquises, et je m’acharne sur des pages blanches anachroniques. Granger Verlaine attend son Rimbaud pour l’achever d’un acte qui ne serait pas manqué, mais aujourd’hui on tue à petite dose et la mort est un projet plus qu’une fuite, l’éthique de l’euthanasie, l’eugénisme. Me voilà bien avancé, je souhaite et désire que les au-delà soient plus, rien de moins.

Ces fins de mois, ces fins de mois d’apitoiement, d’emprunt, de mégots de cigarettes, de misère, de frigo vide, de budget éclaté. Budgetter la misère ces fins de moi de fins de moi, avec mon désir qui n’est pas envie. Je ne peux les prendre pour des réalités qui, elle, pesante de tout son sens et leçon qui attend son devoir, jamais dû, avec le temps dû, qui passe. Je passerai bien mort à l’examen de la vie, cette fin de moi.

Avec les chaînes et les fouets, un blues de chant de coton, de casseur de caillou qui chante une soif de liberté. Je m’emprisonne avec mon chèque et l’on veut me faire croire qu’il y a des ailleurs avec de l’espoir, la serviette est depuis longtemps lancée, sur un orbite spiralique, l’économie économise, le poète poétise et le ridicule me tuera, j’en serai fier, il aura réglé mon sort sur toutes ces mines anonymes. Je n’en serai qu’un de plus, le ciel n’existe pas en ce monde mais j’essaie la foi, je tente de n’avoir nulle envie. Que ta volonté soit faite.

Une terre toxique, alcoolisée, la morale ivre n’est que bonne conscience, l’éthique disparaît dans des scénarios de fin du monde, l’humanisme laisse place à l’économique. Il faut vivre au présent, comment nommer Dieu en le priant partout, loin des intégristes fondamentalistes de toutes dénominations. Je ne suis que parcelle d’infiniment petit, grain de sable tout en paradoxe et contradiction.

De qui tenir ?
dans la forme et dans le fond
devenir silence
pour dire l’indicible
indisable
je suis un imposteur
ceci est une imposture
se clore le bec
dans une fin finale
ne pas chanter la mort
finfinaude
à mon propre jeu
lucidité égoïste
quand tout ne sera que silence
immense les cieux

A une certaine époque, il était beaucoup plus simple de viser l’honnêteté. Que sais-je du passé des autres, je n’ai retenu que des bribes du mien, mais il faut toujours que je me rappelle, je me souviens.

au fond de cette obscure et insondable âme
que cesse la réclame
du ridicule
cette rime est nulle
encore plus ridicule
voir au-delà des choses
des gestes des mots
des idées que je suppose superpose
le temps de ne rien dire
mon cœur est vide
et je transpire
de sueur froide
a m’éviter le pire
des face à face
avec mon désir

Gâteries

Arrête de penser à ça, la bonne conscience, le dimanche quatre juin fait son tour de vélo, pèlerinage d’un autre âge. Je ne veux pas qu’on me récupère parce qu’irrécupérable dans mon écriture. Artaud a tout dit. Je suis sans talent, qu’on me laisse dans mes chimériques échoueries que je tente d’appeler poésie. Je participe à l’hypocrisie générale, nous avons tous les mains sales, nous sommes tous des bombes assassinées, la douceur lethal weapon, le sang coule toujours et a toujours coulé, grand fleuve moral dans son immoralité, mon confort se paye avec le sang des autres, la pureté n’est pas de ce monde, je m’en remets à la prière de Marc Aurèle. Où s’est passée l’explosion originelle ? Les hommes sont fous et l’on enterre toujours à la pelle, il faut garder un peu de place au spirituel, quelquefois flou dans ce monde matériel. Tenez loin de moi les grenouilles de bénitiers, je sais, elles sont presque disparues, éteintes comme les dinosaures, les batraciens explosent quand on les fait fumer, attention aux éclaboussures.

Solitude
Tu n’es pas néant
et tu survis au temps
derrière devant
que temps présent
tant long temps longtemps
si court qu’un instant
de toi compagne de mes isolements
fureur de mes acharnements
à te dire savamment
mais comment
sciemment écrire
sans ton accompagnement
je t’étreins consciemment
compagne de mes égarements
fréquents si souvent
Ma culture d’assisté social
Je ne me réclame d’aucune
Je suis inculte
Je me tiens mal à table
je mange des biscuits ritz
je voudrais être bouddhiste
je suis un dégueulis de
mangeur de hot-dogs
Je ne suis pas raffiné
mon état est brut
brutal
sans être diamant
je suis poli par la soumission
je me soumets à votre jugement
Monsieur le juge

De la graisse de rôti dans les cheveux rue St-Denis. Un bébé fou dans le quartier industriel de Repentigny garroche des roches sur des peintures de char au beau fini. La pègre col bleu de Montréal casse des gueules quand ça parle et moi et mes petits poèmes, je me crosse à en perdre l’haleine.

Si tu composes à l’opinion d’autrui, tu te trouveras froid comme glace et mieux vaudrait te reposer.

Etienne Dolet, 1540

Cendre d’immolation en devenir, brûlé au gaz sans flamme, invisible parce que je, la, bien, quoique théorique, sans poétique, je me pose sans je, jusqu’à ce que mort s’en suive, le coroner.

Le je est problématique parce qu’il pose la question de soi qui s’impose.

Bouts-rimés

En cette époque opaque
où chacun mange sa claque
où vis-je, où vais-je ?
se pose comme la neige
parodie de Nelligan
qui lui ne pouvait sacrer le camp
il sacrait plutôt le temps
et moi je sacre allègrement
Tabarnak
J’en ai ma claque
ciboire le calice est sur mes lèvres
et je ne parle pas
je l’embrasse embrase
de tous les feux de ma cervelle
ce n’est qu’un vol d’hirondelle
cherchant sa mouche à tire d’ailes
ni rime riche ou suffisante
je me fous de ce qu’elle ne soit pas plaisante
mes trente-neuf années adolescentes
me disent de me taire
il n’y a plus d’infante
ne puis lui plaire
les châteaux ont disparu
il ne reste que la vie toute crue
dans sa grandeur toute humiliante
elle m’impose le silence
je ne sais pas tenir ma langue
je l’emprisonne dans cette gangue
le temps perdu est tout gagné
je ne trouverai jamais la clef
et si jamais vous me lisez
sachez qu’il faut me jeter
car l’eau du bain est toute sale
et je suis seul à table
à vouloir dire ce que l’on dit
quand il n’y a qu’elle comme amie
pardonnez ces quelque vers
ne me rendront riche
ne soyez pas trop sévère
s’ils sont mal faits
ce n’est pas pour mal faire
c’est par paresse
et pour lui déplaire.

Les Bavarois de toutes les Bavières chantent des blues allemands, néo-nazis parce que conservateurs dans des Vieux Munich montréalais et on entend Wagner dans une note, la douceur sera toujours abattue, leur bombe nous fera mourir.

Je me casse le crâne
sur un mur de brique
on se tue à m’expliquer
pourquoi les pluies toxiques
la couche d’ozone et les
substances chimiques
ça me donne des tics
de plus en plus cycliques
entre une averse
et un rayon tellurique
je grimace
c’est comme un déclic
je perd la face
littéralement
c’est liturgique mon tic
une prière
au Dieu de mes chimères

Nous allons tous mourir et je meurs en ces secondes en quelques mots, je tète la moelle de la vie, dans une tour de Babel. Mon égo-trip me pique, toujours comprendre la compréhension de la compréhension. Plus loin il ne suffit pas de mettre des mots sur les émotions, ce serait effort bien inutile. Bâtir mon âme plutôt que la démolir. Loin des calligraphies respectueusement moyenâgeuses que les moines employaient, je n’ai qu’un seul langage à ma disposition, celui des bardes et des mauvais larrons. Les mots que l’on ne dit pas sont toujours entre les lignes, mes compagnons de route. Je ne fouille pas ni ne polis, non par interdiction, ni par soumission, le vivace fais surface, les printemps n’ont plus d’hiver et tous les octobre et juillet n’y pourront rien.

Un blues, blouse de maître, esclave, camisole de force, je veux ta poche, ton butin. A l’orée du vingt-et-unième siècle, le dix-neuvième nous écœure, soyons numérique, pas radical sans racine.

Soir de printemps

Les joueurs de softball crient leur joie de vivre, un cri de ralliement après la victoire. Un air de jazz diffusé par la radio à l’antenne de Radio-Canada, les automobiles passent rue Sainte-Catherine. Seul dans mes bottines, le sort, la destinée de mon ressort, spring en anglais et je n’en ai pas. J’ai connu quelques printemps dans le temps, printemps de plomb dans l’aile G ou au service d’urgence d’un quelconque hôpital. Je coule encore et m’épanche sur mes faillites engouffrées, j’y ai bien réussi. Je ne pressens que des choses dans les discours savants. Plutôt simple le mien et je fais simple parce que l’effort loin de ma portée. Je n’oserais me complaire dans la mélancolie. Je me rappelle à Dieu, l’autre. L’exaltation ne me possède pas, je tente la philosophie, discipline du long questionnement avec des réponses hors de ma compréhension. Interrogation d’un printemps d’éternité. Rose tu as vécu ce que vivent les roses, l’espace d’un matin. Le fugace, l’intangible, l’indicible, rien n’est acquis à l’homme. Cette nuit je ne pourrai revenir sur mes pas, les clichés pleuvent, dérision pour pas un rond en ce soir de printemps qui n’a pas lu Freud, Jung, un peu Edgar Morin et d’autres livres qui n’ont pas leur place dans cette vie ici maintenant.

Il y a au-delà des connaissances techniques
des analyses, du subconscient, du savant
des voyages de la pensée tout homérique
et je ne sais pas de quoi je parle absent
dans mes synapses que je voudrais éclectiques
mots innocents que je ne veux pas hermétiques
vers venus d’un siècle de culture d’épanchement.

Radio Psychose

Les tu me tuent
sous mon toit
je suis un homme moyen
moyen et demi
Plutôt malsain
trop occupé d’ennui
pour s’ennuyer
spleen et stress
schizo m’agressent
vous auriez pas
vingt-cinq cennes
pour un petit poème

Poème instructif

Moi c’est moi
je suis de tous les confluents
affluents
Je joue au poète
mais je vie dans la vraie vie
les mots et les rimes
ne suffisent pas
aller plus loin
tout en restant ici
résoudre les paradoxes
Je suis ambigu de la précision
en fait je n’existe pas par ni pour
je suis là et las
très là, toute la
neuroleptique Nelligan
je désire le mythe
je déchire le chiffre
je déchiffre dans moi
je me déchiffre
je me défriche
je voudrais inhalable
inanalysable
y’a des remèdes
mais on ne peut y remédier
Je dois rester simple mais pour un obsédé
bibliophile c’est difficile
écrire une chanson m’irait plutôt bien
il ne me reste que ça à faire
je voudrais le croire
consciemment je ne sais plus où j’en suis.

Et l’univers ne lui convenait pas, une espèce d’inadaptation au réel, à son réel, je ne veux pas tenter d’expliquer ses psychoses, le pourquoi ? On lit tellement d’absurdités, il n’y a que des pistes et des interprétations, voilà pourquoi je ne retournerai pas sur mes pas.

Près de la poésie, il y a toutes ces sciences de l’analyse et de la critique. J’affirme que la poésie existe sans elles, elle est (dans) la vie, pleine et entière avec tous ses tumultes et mensonges. Kaléidoscope, la vie est un kaléidoscope, un télescope qui plonge au fond de soi.

Les poètes sont sur l’arête du sens de l’émotion et du non-sens. La vérité, s’il y a, est bien au delà de toutes les écritures, littératures. L’évaluation exacte de la compréhension d’un texte ? Les connaissances aléatoires, la moyenne de toutes les sommes de thèse se confirment-elles ? Qui vérifie que je comprends ? La connaissance non productive ? La pensée qui produit le questionnement ? Et dire plus précisément.

Un jour on m’a volé mon cœur
depuis ce temps, je le cherche
quel malheur
ne le trouve point dans les grands esprits
de toutes sortes
dans tous les livres que l’on m’apporte
Je l’ai cherché partout
je le retrouverai
je ne sais où
dans quel état, je me le demande

Philadelphia Junk

La mort est dans un junk de Philadelphie, elle s’appelle Alice in Wonderland ou Mighty Morphin. Sister junk a mal aux doigts, a gelé gelée. La mort est à Nowhereland, le plus grand pays où tout le monde est rassemblé. « Il faut mûrir », Teilhard de Chardin.

La mort nowhereland
Personne ne l’apprivoise
C’est une contrée sauvage
sans, il faut y trouver un sens pour ceux qui restent.

Colonisateurs des urbanitudes, vécus loin du Rio Grande, près d’un autre fleuve qu’on traverse dans tous les sens sans jamais atteindre la berge et l’on échoue à échouer car le winner reviendra au batte dans les battures et les marais gangeux.

Je ne saurai jamais à quoi tu penses et le dire ne suffit pas, l’écrire non plus parce que toi tu es toi et moi je suis moi. Il y a quelque chose au-delà de nos ressemblances qui fait qu’on se ressemble, le point de chute d’une tautologie.

Une vulve au beurre de peanut, du domaine privé, au public. Quand ce qui m’appartient t’appartient, l’image que tu t’en fais, la mienne, la voulant au-delà, parce que ne sachant nommer autrement. Le subconscient joue, trouvez-y des degrés. Image disparaît, je ne suis pas magicien, marche ou crève, quelle méchanceté les infirmes ont droit au pèlerinage, nous irons tous à la Mecque. Echine et courage pour faire le choix de Dieu dans tous les sens consciemment. Les intégristes et leur bêtise m’atteignent. On ne sait rien de personne et on sait tout de n’importe qui.

« There is a sun rising up through the red sky », Gentle Giant.

Tout les vendredis treize et autre superstition, on trouve leur maître. A trop vouloir croire autre chose, on ne croit plus rien. J’essaye la foi parce qu’il ne me reste plus rien, je parle ici d’un grand vide intérieur qui ne sait discerner émotion et sentiment. La foi n’a pas de raison, elle est patience et tolérance.

Radio talk

Embouteiller une attaque, vocabulaire de guerre et de brasserie, sport et stratégie, victoire, le combat, le match, la guerre. La bière coule dans le monde du sport, j’ai connu des soldats qui se saoulaient. Friction sans alcool à friction, il n’y a pas de massage. Message d’autres frictions se rajoutent et j’achoppe sur une difficulté. Trouvez la corollaire ? Le mot amour me vient à ce que je crois esprit, mais je suis froid de marbre. Tomber sous le sens du sens avec une morale douteuse. J’écris ces lignes bassement serviles à celle que je voudrais ma première maîtresse, sacrifice ou choix. Plus loin il y a la terre mais je n’y arrive pas. Constat d’impuissance, je suis échec et mat, mat, mat.

Est-ce qu’ils font tous semblant d’être heureux
Leur cœur rempli de certitude
me laisse dans ma solitude
Je doute qu’on puisse feindre le bonheur
plus simple est le malheur
tout en sourdine
souvent épine
et pourtant mon malheur est si petit
qu’il ne m’arrache aucun pleur
serait-ce le bonheur ?

Une odeur de charogne après l’orage, le ciel noir quand les filles-femmes bellissimes nous montrent notre désir. La chaleur des corps refait le monde, ce ne sera ni ailleurs ni autrement, primaire et primordial, loin des grands mensonges des chevaliers blancs et des vierges. Les motos pétaradent avant la parade, le ciel se crispe, on dirait une éclipse, la chaleur nous monte sur le dos, les bébés jouent dans l’eau, le tonnerre gronde une musique underground, la saison douce dure rien qu’une secousse, un soir d’été dans un motel de la Baie d’Urfée.

Enfantillage

Les enseignants craignent, certains saignent l’élève de ses plus belles années et ne parlons pas de l’été car à la nuit tombée, les plus rétifs font leur Restif. Ce lieu ne saurait être sans eux, mais sans eux ce lieu est. Nul ne peut l’approcher, puisqu’il faut le nommer solitude, et non pas amplitude et que sous des montagnes de certitude radiophonique plusieurs lui font la nique. Le discernement n’a pas de constance.

Et tous ces je t’aime, où vont-ils, dits si facilement ? Je désirerais une définition du verbe aimer près du contraire de haine, un amour sans pitié et définitif, l’amour absolu, final faute d’absolution. Seul l’absolument tout infini que l’on nomme Dieu, le donne par vos bouches et gestes qui contrebalancent l’immense mal d’apitoiement sur ma solitude.

Etrange tout ce branle-bas de combat, cette course folle pour aller où ? Il faut tenter de ne blesser personne, ce que l’on n’a pas doit faire place à ce que l’on a mais il ne faut pas y tenir à tout prix. Un seul vœu pieux, sans résignation, avec acceptation, le beau pari de Pascal.

Ceci n’est pas du cinéma, autre artifice sans éclat, aucun relief. Le temps ne s’arrête pas et l’alphabet arabe, mille et un jour sans Coran, l’incompatibilité des humanismes et des religions de l’extérieur de soi, une âme de bonne volonté. Sa guitare en bandoulière, suivi par toutes les misères loin des fois d’une autre ère, sur les rues, il erre. Les hommes sérieux et délétères, le menaçaient de tous les maux de la terre mais toujours il rejouait son air, étrange et plein de mystère dans une ville pleine de calvaire.

Je n’écrirai pas mon épitaphe, vous en ferez votre deuil. Aucune veuve et les pleureuses ne pleureront plus. La mort rira et elle rira de moi, comment ne pas être ridicule face à la mort. J’en parle de loin, d’une mince vie pour aujourd’hui, et je n’agonise pas ni ne m’éternise, je tente de mûrir.


2

Une publicité trompeuse, aguichante, jambe de femme et cou de girafe. Le ciel transporte un filet de boucane tiré par un avion et il y a demain, plus tard, après, final ? Ça continue, les bagues de mariage se vendent à la pawn shop, Credit union, finalement la finance. Infidèle aux cartes de crédit, black list.

Cent pas dans une pièce, biscuits au chocolat fourrés à la crème de vanille, la radio, le trafic, la musique, les cigarettes dorment et fument, instant, conscience et observation, peut-être qu’un bill de dix dollars, savoir s’arrêter, coupable, non coupable, le pain est déjà tranché, il ne se rompt plus, à des milliers de milles de Jérusalem, tout prêtre confondu.

A combien de tours tournent les presses, livres jamais lus, le jus de l’amour sent fort, les jeux de l’amour sont pas forts. Les anciennes blondes au coin de la rue et on gaspille le papier à vouloir dire comment, combien on a tant aimé. L’opéra, l’opérette, le roman, l’anti-roman, la poésie, mélange et magma brûlant indémaillable d’une vie plate à vouloir définir.

Des milliers d’histoires de tabac, de nicotine et de vin, en quantité, taxé, pesé. Cent pas sur les tuiles de marbre du quai dans le métro, aucune urgence. Du Brut trente-trois au poste trente-trois, lesquels sont au parfum. Reportage pourri au Match de la vie, dans le guide télé du journal. La presse, le huit avril mille neuf cent quatre-vingt-quinze, on inscrit au programme de cette émission pour le mardi onze avril huit heures, comme dernier sujet, être écrivain au Québec. Le reportage n’a pas été présenté, peut être un « hook » pour les écrivains en mal d’inspiration (d’une façon ou d’une autre, je sais que ça ne veut rien dire monétairement écrire). Ti-cass a des bonnes plogues ou le gars qui écrit le télé-presse avait un peu de misère avec sa job alimentaire. Deux hypothèses sur plusieurs, lesquelles sont les bonnes ? Ma grande chienne sale d’industrie de la communication.

Une fille de Sainte-Thérèse aux beaux yeux. Les bottes de « rubber » du printemps, les oiseaux chantent sous les nuages, les sœurs, les enfants de Duplessis devenus grands, les enfants de je sais pas qui, tout ce beau monde dans une cabane à sucre. On pissait dans les chaudières à eau d’érable quand j’étais jeune, les petits morveux ont dû faire pareil, j’en ai pas bu, ça donne le flu.

Un assassin file à cent milles à l’heure avec le jouet de son bloc moteur. La police derrière son journal se dit suis-le, y s’en va dret à l’hôpital, les flasher flashent, les spots dans face, le murderer pèse sa pédale, le bœuf appelle l’autre cheval, l’assassin file dret sur Laval, le pont est à un mille, m’en va te leur donner un thrill.

Ce qu’il sait pas, c’est que l’autre bord du bridge, y’a un paquet de chars, c’est pas Cambridge, y fonce dans le tas, se rajoutent d’autres assassinats. Cette histoire-là finit dans le fond d’un lac pis le chauffard y mange sa claque.

Why Qué Qué, les zippers dézippés, fermeture éclair, je regarde les triangles, coins, pour la compréhension vaut mieux ne pas s’adresser au canard. La nouvelle nouvelle, front page, n’est pas née, nouvelle insatisfaisante qui te laisse sur ta faim. Roman avorté ou fausse couche de peinture étendue dans la tête, nul repos sans sommeil, lieu commun. Plus tard ou jamais, la vie de Miroslav Vitous en valait bien d’autres, leur confort n’est pas le mien, lazy-boy heavy metal et le rire jaune, jamais franc, poussant à toutes les extrémités, futilités, futilités. Se situer entre André Moreau et Richard Martineau. Mes gestes ont tué combien de personnes aujourd’hui ? La pureté n’existe pas.

Je me donne en proie à tous les abuseurs de tous les genres. Je me donne en proie à moi victime de moi-même, fall of français, les accents vont disparaître, Harvard s’en vient, Silicon Valley appuie. Cinquante-quatre millions de Français, second empire sont à quel rang dans le G-7 ? ils marchent seuls dans toutes les rues de toutes les villes, traînant leur vie comme un boulet parce que le désespoir les achève dans une maladie de l’horrible.

Les fautes d’orthographe, de conjugaison dans l’affichage, avec les années à Pâques, on ne pêche plus aux mêmes religions. Le vin aidant, il faut bien parler, s’indigner, s’offusquer et le temps, les cépages, le sauternes, les vieux raisins. La parole à Moïse. Charlton Heston et les dix commandements, l’ancien testament on T.V. Tycoon écrit, il écrit pour qu’un adolescent s’intéresse à la calligraphie comme le dit Claude Beausoleil. Tycoon fait dans l’inutile, le tout-écrire, le non-écrire, le pas-écrire ne pas l’écrire et le dire ne remplace rien, aller jusqu’au bout de ce rien que des mots, calligraphies dans un cahier sans valeur qui deviendra peut-être livre dans le meilleur des cas, disparaîtra, futile et inutile, n’ajoutant rien, ne soustrayant rien, là, cette nuit, figé. Tycoon écrit parce qu’il quête et quête parce qu’il écrit, quêteux non pas mendiant, quête il y a.

Le regret de ne pas écrire ce qu’il y a à écrire, le regret d’écrire mal, vouloir le regret pour écrire plus, mais mal. Savoir le regret des autres, désirer le regret des excuses, sincères ou pas. Se sonder, s’analyser, tenter d’obtenir le vide pour ne plus et toujours écrire. Tenter de figer le temps.

Voir, le journal, à la radio, suicide en première page du Journal de Montréal, le superficiel relatif. Des toasts, tartines rôties, beurrées, nappées de Cheez whiz ou de tout autre mélange de fromage cheddar et on changerait le monde pour une pizza, vendrait son fils pour un plat de lentille. La faim quoi ! Un bon vieux commercial de cinéma Kraft.

Est-ce que les éléphants ont des frustrations pour fouiller dans nos entrailles ? Les gapeilles exposeront-elles des Matisse ? Installerons-nous des prises sur le cerveau ? Que j’en voye pas un faire une faute, à Parthenais ! Je vous saute, non, yé jaune.

Rock and roll et transcendance, ralentir le pace, slam de petit bourgeois oubliant le drame de l’exécutant exécuté, dans un maudit bon show. Rockers au cœur plus lourd que des pattes d’ours, à coup de sacre, bien habillés, recherchent leur désespoir perdu. Le rock n’est pas un jeu, le showbizness oui, l’attitude rock est insoutenable, philosophie de primate, la vie rock’n’roll est mortelle et folle. J’aimais bien toute cette folie. Je suis en deuil heureux.

Suicide, suicide, toi le vide, la mort apatride pétrie, dans une économie économe de mots, maux malaise et chute brutale pour ceux qui restent. Le banal s’insurge, une sculpture faite de boîtes de tabac représentant des poumons cancéreux.

Others pay cash…

Sexy sado sadie, ça dit dixie dixit ado délit. Pixie pixel, macro maquerelle, fidèle fido. Le j’aime ma mère maladif, on peut l’aimer sans être malade et ne jugeons pas, qualifions plutôt, dans le sens de qualité plus que défaut. Sans renier Dieu, mais renier la précieuse religiosité de toutes les dénominations, reprendre le sens du sacré sans rituel nouvelâgeux. Vivre et laisser vivre et nous portons la responsabilité de nos actes, ne jamais condamner en toute circonstance même si c’est difficile. Morale loin de la perfection.

Les femmes sont responsables de leur corps et elles sont toutes particulières dans leur particularité, la liberté n’a jamais été un mal. Sans prêchi-prêcha. Je, tu, il, elle, nous, vous, ils, elles sont morale du vingt-et-unième siècle, la liberté avance, les tranchoirs guillotines n’existeront plus que dans les discours rétrogrades de gauche, du centre et de droite. Morale sans religion mais avec foi, un homosexuel croyant, cela se peut, une femme avortée aussi. Il y a des cons partout, la preuve ce que je viens d’écrire vient d’un connard, moi, sans instruction ni éducation et je ne le détiens d’aucune autorité, pardonnez-moi. Je m’exige la peine de mort, je serai mon bourreau, je construirai mon échafaud, ça va être long.

Claude Beausoleil emploie le je, pourquoi ne l’utiliserais-je pas ? Je me méfie de moi, de ce discours, de cette écriture politically correct. Je veux aller au-delà puiser ce que je ne peux écrire maintenant parce que mes moyens syntaxiques sont trop pauvres, sans parler du vocabulaire. Saisir l’insaisissable, avec un filet troué, tâche d’envergure, et écrire pourquoi, sans mensonges ni tromperie, le déjà-dit n’est plus et il se dira dans et aussi longtemps. Je veux écrire. Stop, matinée mais ce je cherche la bonne formule. L’arrêt entre chaque lettre p o u r q u o i sens et sens. Hank Williams, window shopping, cartésien, je m’exerce à m’exercer, me réchauffe à me réchauffer mais n’aboutit à rien de tangible, cet intangible absurde devrait continuer, il y a urgence.

Bosnie-Herzégovine rime toujours avec cuisine dans ce bar de la rue St-Denis, dans un autre, une chanteuse de jazz sans âme, mais avec une grosse poitrine me donne l’impression d’être dans un lounge d’hôtel de Tucson et je, toujours ce je, vire à l’envers. Il n’y a rien de nouveau dans la nuit, les files d’attente, lignes plutôt, fines files d’attente, attendent d’entrer, pour boire, pour cruiser, l’autre, l’amour de leur vie, d’un soir, du désespoir, de finir, d’attendre de combler leur attente. Petit jeu de fou qui mène on ne sait où.

Pourtant Cendrillon est là, le Prince charmant aussi. Cendrillon est pognée avec sa chum de fille qui n’arrête pas de danser. Le prince charmant est ben saoul dans le fond le plus reculé du bar, découragé. Ils ne se rencontreront jamais, pis Cendrillon a mal aux pieds. Le prince vomit sur son bel habit gris, ça sent mauvais, la sueur, le tabac, la bière. J’en bave, il faut que jeunesse se passe. Elle est passée mais j’étais pas là, perdu dans les vapeurs d’alcool dès l’enfance. L’illusion de l’illusion devenue le réel. Le dégel fut long et même aujourd’hui les matins d’été les plus chauds subsiste un frimas.

Mourir d’un cancer des testicules, la virilité en prend un coup, gosses et gosses, Marcel me lance une fastball, je la cogne la seule fois où je réussis à frapper une balle, je fais face au meilleur champ gauche de la ligue, il la catche. L’attrape, je suis mort. La balle rebondit, gauche droite, dans mon cerveau, souhaitant une balle en équilibre sur un fil de fer. L’éponge me tue les sens vivants, s’imprègne et n’est déjà que mémoire. Un téléphone, ce qu’on appelle un coup, coup d’au secours. L’impression de vivre et de m’oublier quand j’écris. A quoi tout cela sert-il ? Rimbaud a écrit je est un autre. La prétention de l’inconscience consciente m’habite.

Une courtisane vieillissante nous a tous damnés. Les combats pour la foi, la foi est un mystère, lieu commun. Où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie (Montaigne). La révolte est un acte de foi. Je se trompe de siècle.

Cette irrésistible envie de parler, de dire l’inutile, le banal. L’insécurité me ronge, je voudrais toujours plus et le banal est extraordinaire, communiquer pour savoir qu’il y a des amis vivants. Simone Weil disait qu’il ne fallait pas faire de demande à Dieu. Que ta volonté soit faite. Je rends les armes parce qu’il m’aime et m’a toujours aimé, la souffrance ne se mesure pas et il était là. Je me tourne vers Dieu parce que le mal fait toujours son travail.

Et toujours ce soliloque qui se poursuit dans ma tête, cet espèce de manque, je me sens dépossédé et seul, l’écriture me permet l’existence. Un paumé de plus qui écrit qu’est-ce que ça peut changer ? Je n’ai plus le même mal et je ne serai jamais guéri, les cicatrices tardent à venir, pourquoi tant et tant et pourtant chercher le pourquoi du comment et le comment du pourquoi est au-delà de mes forces. Rester droit dans la prochaine tempête, voilà ce à quoi je veux arriver, les amitiés, le monde bouge toujours.

Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, concevoir ce n’est jamais immaculé, c’est plein de taches, de fautes, d’erreurs, celles des autres et les siennes et la mort, toujours la mort mordante. Il faut rigoler, avoir de l’humour sinon le sens, le sens, la crise du sens, je discute avec une âme presque morte, elle a quelque sursaut, elle revient me hanter, ensemble de sensibilité et de pensée. Je suis un sans-cœur, sang cœur, ça m’écœure, la difficulté me répugne, je veux l’arracher ce cœur pour qu’il n’en reste que du sang. Homme né dans le sang, je veux y retourner, pas dans le sein maternel mais avant la rencontre du spermatozoïde et de l’ovule, prétentieux ! vouloir redevenir lumière ou pur esprit. Plutôt vivre d’amour tout croche, sans bon sens dans un univers où tout n’est que chiffre et nombre. Lost in cyberspace.

J’arrêterai pas de rêver
tant qu’y aura des connards
qui me casseront les pieds
des airs de merengue
tant que les soiffards
tomberont dans l’escalier
tant que mes cafards
sauront plus ou aller
tant que les canards
me donneront le goût de me flinguer
tant que le buvard
boira l’encre de mes amitiés
tant que la Domtar
fera du papier
tant que les stars
seront pas retombées
tant que les huards
détruiront l’amour en nuée

Rimbaud est mort, Nelligan aussi. Nous reviendrons comme des Nelligan (Claude Beausoleil). Je plonge dans une piscine sans eau, fracturé et mort, paralysie peut-être, paralysé je le suis déjà. Petite paralysie de névrose, toute douce et charmeuse. Je voudrais éclater et me répandre sur le tapis. Je ne m’exorcise plus ni ne m’analyse.

« I’ll never get out of this world alive », je ne sortirai pas de ce monde vivant, Hank Williams

Etonnante. Etonnante, tonnante et tonitruante solitude, la solitude du coureur de fond comme disait l’autre. Solitude, seul et seulement, solitude, il y a toujours la compagnie des objets qui objectivement n’en sont pas une. Solitude mélancolique, sans tourment, plus rien ne dépend de moi ni personne à ma connaissance. J’ai plutôt dépendu jusqu’à une tentative de pendaison, la défenestration est d’ordre professionnel, l’immolation par le feu tient plutôt du fanatique, l’intoxication à quoi que ce soit, hasardeuse, tient de l’insécure imprévisible. Le coup de fusil, carrément macho. Ces derniers gestes sont malheureux et c’est un euphémisme. La mort ne disparaît pas, nous mourons un petit peu chaque jour et le temps est si court devant l’éternité. Je ne parle pas d’une éternité absurde ni d’un néant. On aimerait bien savoir et revenir, la beauté de la vie c’est sa finitude. Et l’on se presse d’y arriver avant, pour oublier qu’il y a une fin, on occulte la mort, ce n’est pas si sinistre, les morts sont empreints dans la mémoire. Par défi, elle est insignifiante, toujours cruelle, on doit être prêt à la sienne comme à celle des autres. Mourir par principe religieux, politique, ou idéologique est idiot. Il n’y a pas de belle mort, il ne sert à rien de mourir pour une idée. Dans le confort, c’est facile à écrire mais dans des conditions plus pénibles ? Je ne suis pas courageux, mourir pour la liberté, les lendemains qui chantent ne me chantent pas encore, j’essayerai quand même de faire ma part. La guerre, je meurs, pas grave, la souffrance j’en ai peur. Je ne veux pas voir qui va me tuer. Christ que je suis épais ! Je suis dans la ouate et je parle de la mort.

Il y a toujours quelqu’un qui t’aime
toi l’assassin, le meurtrier
le soldat, le guerrier
Je ne te condamne pas
il y a l’amour des derniers
de ceux qui n’ont pas eu la bonne entrée
qui n’avaient pas la clef
des premiers
on achète l’amour factice des complices
le dément ne ment pas
et je l’aime, bien que j’en sois loin.

Un homme sans contradiction n’est pas un homme. Les tout d’un bloc ne sont qu’apparence, chercher et trouver la bebitte est si facile, ne me juge pas et je ne te jugerai point.

Les nouveaux prêtres absolvent à coups de comprimés. La péripatéticienne me prend trente-cinq dollars. Qu’est-ce qui fait le plus de bien ? Ni l’une ni l’autre, on paye pour apprendre. Je me déshabille littéralement et littérairement. J’étudie seul et voilà, tente de saisir l’Absolu, il n’y a que le vide.

Les yeux de la dame qui me regarde avec circonspection, je parle à un des trois frères schizophrènes, francophones et Manitobain. Le frère en question est peintre et passera à la télévision pour sa contribution à l’art brut, il me confie que son père a écrit un livre, il y a longtemps, il est décédé depuis. La dame revient, je ne me rappelle plus leurs noms, ni au père ni au fils.

Je suis nul et j’ai des problèmes, vous avez la preuve ci-devant, écrire ça, ça ne prend pas la tête à Papineau. Je me cherche plutôt une tête de Turc pour apprendre le turc et me parler de Sébastopol, Istambul je l’ai à la bonne place depuis Midnight Express. Faire la preuve qu’on est pas con, voilà à quoi on passe sa vie. Certains le sont et n’en font pas, d’autres non et en font. Je suis des deux catégories, toujours déséquilibré.

Le bonhomme (je serais plutôt porté à écrire l’ivrogne) attablé sur la terrasse, disait qu’il nous empoisonnait, je changerais pas de poison avec lui. Vous voulez savoir qui nous empoisonne ? Je vous réponds les épais qui savent pas lire entre les lignes, et ceux qui lisent entre les lignes d’une étiquette de bouteille de bière, ils voient double donc pas grand-chose, et pas plus loin que leur nez.

Ces mots ne sont là qu’écrits. L’écriture, au contraire de la lecture et du dire. La parole est d’argent, le silence est d’or. Comment écrire un silence long et délicieux. Communicateur bavard. Parler pour ne rien dire. Langue de bois. Ecrire n’est pas dire, dire est une trahison. Ecrire, long chemin vers le silence.

Une coquerelle me monte dans le cul, l’anus, le rectum. Elle y pond ses œufs et elles me dévoreront de l’intérieur de mes tripes. Je les chierai, envahissantes, envahisseuses. Merde aux coquerelles ! J’ai un de ces cafard, pourtant c’est le premier du mois.

La fin de toute les absinthes et cocktail abyssimmaux. Les moi s’entrechoquent, l’émotion sobre se découvre découverte comme une découverte. J’espère le rivage des hommes amis. La tendresse des désirs réalistes. La surface calme d’un océan de larmes. La fin des solitudes humaines. J’aspire au divin, on me jugera fol, j’aimerai le mépris. Sans délire religieux.

Je diguidine s’en va, dig it in toujours, mais dans quoi, au tréfonds de soi. Image scabreuse, souvenir sanguinolent, aucune mesure à la souffrance au-delà de l’écriture, de l’écrit vers la vie. Saint-Peregrin dans ses pérégrinations, se voir dans la mort, scénario, je n’en ai pas les moyens sans nommer Dieu de fin de siècle.

Transgresser dans une dernière faillite. Une espèce de confort à n’être rien que soi présentement, has been qui ne sera jamais parce qu’il n’est pas.

La porte de la shop ouverte à dix-huit ans, j’étais loin de penser au mariage. Plus tard, j’ai vu une vieille dame en pleurs. J’habiterais l’hôtel Eureka, le staff-night m’ennuierait, le commandant de bord pédophile avec un torticolis, boirait à s’en dévisser le tire-bouchon, la bullshit prendrait place, fouillis total.

Je ne suis pas un ascète s’aseptisant. Les mots m’infectent comme une trêve dans le no man’s land de la barbarie des délires subits, inattendus, une petite souffrance dont je suis le seul juge, n’être pas fragile mais ouvert, possiblement, le courage est dans les mots de tous les jours. Les longues survivances, jamais dites, partout, derrière des portes closes. Téléphone à Tel-aide de Sydney, Australie, aux antipodes une oreille écoute mais l’agression psychique continue, l’oreille comprend, la voix pas, la voix pas, les voix pas et la mort s’enroule sur le fil téléphonique.

Les radios tonnent dans les automobiles rock’n’roll, Pink Floyd, Rod Stewart, Led Zeppellin d’un autre âge défilent avec un couvercle de rutilance, les balles se frappent et se lancent, le soleil brille, les jambes bronzent sur les passerelles. Première balade de bicyclette avec maman, sur le trottoir, s’en faut, quatre roues, équilibre fragile, équilibre fragile, i fa bo.

Industrie de crank shaft, moteur, chaîne de montage, bracket, numeric control, bushing et anglicisme, l’office de l’office fait sa job post-industrielle, chômage et informatique, robots et les accents, la shop, manufacture à mots, ne sera jamais fermée, ils seront imprononçables.


3

Cette fatigue, cette fatigue, à vouloir dénouer toutes les intrigues que ma folie irrigue.

Loin de tous les vertiges, dire avec un pied dans la bouche âme en joual. Penser in petto avec introspection et la dépasser pour revenir d’où on ne revient pas, sans notre résurrection qui n’est que rédemption.

Court instant entre la vie et la mort, hors du langage et loin des tours de Babel, acquérir la foi, confusion, à trop vouloir préciser on obscurcit sans mettre les points sur les i. Ha ! ha ! ha ! au commencement il y eut le Verbe, s’agit de savoir s’en servir.

Un travesti se maquille dans les estrades du parc, comment comprendre le Cupidon sans arc. Etre une fille quand on est un garçon, pas de flash qui brille, il carbure au néon. Une autre brindille dans l’océan de poissons qui mirent le beaule jouant son plus grand rôle, sur le trottoir sans miroir, réalité faut-il te croire ?

Tu t’arraches le cœur à avancer dans le bruit et la noirceur. Tout ce que tu vois n’est que douleur, tout ce que t’entends n’est que noirceur. Comment dire tous ces complots ? Demain peut-être il fera beau. Destinée, fatalité, où t’ont-elles laissé ?

J’ai un papillon chez moi, dans ma maison. Il tourne en rond les ailes pleines de ballons. Il est là le papillon, pas dans mon ventre, dans le salon, papillon, papillon, que fais-tu là ? C’est la saison des amours, des passions, du jazz et des violons, des rencontres au balcon et toi tu tournes en rond entre les murs de ma maison. T’attends la nuit et ce sera long pèlerinage d’un soir. Ah ! qu’il fait bon d’avoir un papillon d’un soir dans son salon.

Il n’y a pas de corpus ou s’il y en a un, il ne convient qu’à un temps donné. Fouiller toutes les sources d’informations, j’aurais à digérer avec ma compréhension, et de là, en écrivant, tenter de faire surgir une émotion. La poésie est plus qu’émotion, elle est vie. Je dénie la poésie en écrivant ceci, il y a du non-sens dans ce texte car non-sens à écrivasser des choses, puisque ce texte n’est que platement chose nulle et qu’il m’est impossible de concevoir ma compréhension. Je sais que je fais fausse route, j’attends du secours, je suis perdu en brousse, où vais-je passer la nuit ? Il n’y aura pas de silence.

Qu’il est long le chemin des espérances, désespérances de King Can, pourtant la reine au Canada anglais, des canettes de roi pour les souverains anonymes.

Silence et encore silence, le vide de la mort et cette attente, cette prière, loin des je t’en prie polis. Je suis pris, je prie ce que je ne saurais nommer exactement, Le Grand Tout. Je me contrains à ceci, il n’y a pas d’épilogue à faire. Le voile obscurcit ce que je voudrais écrire, énoncer clairement et hors de mon ego la beauté de la vie. Comment écrire ce qui n’est pas simple qu’en apparence ? Mon cœur ne me dit plus rien. D’un froid de juillet, je ne sais plus où me perdre, perdu de toutes les perditions.

Macabre murmure mortel
Comment écrire
ce qui ne s’écrit pas
l’écrire en terme d’ici-bas
toute tentative
française haut là
tout tire trop
restant loin des odes
odieux adieux
sans retour de départ
mais partir dans le néant sacré
absurdité d’où l’on ne revient pas
dont personne ne sait rien
sauf à l’heure
de l’émanante imminence éminente

Chantées, chantées, oh ! vierges folles, les zypotographes ne pourront vous démentir. La concentration prend place ici.

Il pleuvra des poètes
comme des larmes
sur les péchés du monde
tous les mots auront
leur mot à dire
même si personne ne pourra
les lire
L’orage montera des escaliers de bois
pour n’arriver qu’au fond d’un puits
sans fond
le sens leur dira-t-on
n’a de sens que sur des chemins plus longs
il en pleuvra, pleuvra
ils s’ouvriront les bras
pour mieux dire
ne serait-ce qu’une fois.

Je traverserai toujours Montréal à pied, pour que ses quartiers m’entrent dans la tête, je sais, elle ne m’en fera pas mais j’y ai les miens, tous ceux que vous croyez, même s’ils ne sont pas là. Je m’y perdrai dans mes amitiés, à deux pas, si près que j’y retournerai en riant aux éclats, si vous m’entendez, ne vous inquiétez pas, je suis déjà loin dans la nuit d’Hochelaga.

Je plaide coupable Monsieur le Juge, coupable de destinée, de fatalité, de hasard, de chance, d’aléa, de rencontre, de tout, de rien. Qu’on me coupe le cou sur le coup, non coupable de coup pour coup, près a en payer le coût. Je coupe et perds la tête.

Partir en peur avec des larmes qui mordent d’amour de leur dents de lait, versées dans l’empathie. Sombrons dans les yeux de l’autre sur un versant cortical. Quoi dire dans Dieu, je lui laisse le point final, point final à l’infini, il n’y a pas de point final.

« Il n’y a pas de terme a la verve », Alfred Luc Granger.

Comment dire ce haut-le-cœur, si bas, sans être dégoût, peut-être amère amertume des nostalgies que je voudrais être d’autrefois. Elles sont là charmantes et riches de rappel, je leur suis allergique, maintenant et toujours. Le bon temps roule, il n’y a plus d’Ordre, mémoire des plaisirs disparus, ce Je me souviens, devise nationale. La sagesse ne s’atteint pas, elle s’acquiert, sans question d’âge et de rangement comme dans se ranger et ne plus rien faire.

Les chaudes nuits d’été, on entend toujours « The Messia will come again » de Roy Buchanan, malgré qu’il soit mort c’est d’un pathétique. J’ose croire qu’on boit à sa mémoire, c’est d’un horrible torride comme juillet. Dieu ait son âme. Je suis péquenaud, je veux que le crâne m’éclate.

Maintenant il ne faut pas revenir en arrière sans se tenir hors du temps, sortir de cette atmosphère près du néant. Le temps, l’époque, la conjoncture ne sont pas néant mais insaisissables comme le vent ici maintenant.

Je ne reviendrai jamais
pour personne
là où je suis parti
ce n’est pas Carcassonne
ni une villa
à la sortie de la Sorbonne
Je suis parti pour ne plus revenir
à un gris de novembre
Je suis partie perdue
et je me joue
des tempêtes de décembre
dans un juillet à défendre
contre les maladresses
d’un soleil à pourfendre.

Et je bois à cette source, loin des délicatesses, des raffinements et des préciosités.

Qu’à cela ne vache
Qu’à cela ne chienne

Métalangage silencieux
Gilbert Langevin

Pourquoi ce silence, nul silence, que tumulte dans les foules moutonneuses d’avant les orages sur le lac

Calme tout se brise.

La dump des p’tits boss

Quelque part das Sein
meurt et le sein
recycle sur le sein
bienveillant des autels artificiels
l’artifice ne se prête guère
L’ombre double
loin de l’obscurité
près des éclaboussures
de cieux terrestres
Scriptaux.

Laissons-le tout à un anachorète exégète exigeant qui descellera l’anachronisme de mon poème non-lieu. Le ci-devant y étant inclus.

Ne cherche pas de sens autre que l’autre sans lire entre les lignes, ce qui serait un non-sens.

A traduire en chinois

Shclyts traptz
Pritz pretzel

Pourritures de vieux papes de toutes les engeances, l’homme n’existe pas, il n’y a qu’un homme, celui qui est en face de toi, de même pour la femme, il faut faire avec, faire, dans le sens de contribuer. A traduire en arabe, je suis impuissant d’amour et non pas haineux, le nihilisme m’embête (je voudrais et suis fou) en fait tous les isme, trie, gie et non les phie. La sagesse contemporaine existe-t-elle ? La syntaxe, la grammaire me dégoûtent, le néant est aussi sacré et le sacré au-delà, il faut savoir s’imposer le silence.

Tous ces longs voyages de chimères, de Charybde en Scylla, je suis toujours à la case départ, ne suis parti que pour la vie dans la même ville. Je déménage. J’ai les deux pieds sur terre et la tête ailleurs dans une contrée qui n’existe pas.

Il n’y a pas de poète raté, il n’y a que des poèmes avortés.

Je suis vieux
de cette vieillesse
qui n’a pas d’âge
je vieillis de ma jeunesse
dans un vieux langage
me languis dans ma paresse
dans des rimes d’un autre âge
et pour tout dire
ce qui ne saurait être écrit
le temps ne s’écrit pas
il s’inscrit
dans votre front, vos yeux
vos cheveux
pourtant je suis
à ce que l’on dit
dans la force de l’âge.

Chaque suicide est un Golgotha, nous ne finiront pas dans la colonne des profits et pertes des comptables fascistes, l’espoir n’a pas de prix, ne s’achète pas. Il se donne. Le suicide m’étrangle et me tue. Je tente de ne pas juger celui qui passe à l’acte final, je ne serai pas à mon enterrement, je ne serai plus, à ma mort. Je ne veux pas être à la vôtre et si cela se doit, le plus tard possible. Autant de gens, autant de points de vue, il faut se tenir loin des consensus. Tolérance, Tolérance, Tolérance, sans rester les bras croisés. Il n’y a pas d’humanisme sans ce que je ne saurais nommer que Dieu bien qu’innommable.

Réthorique rickshaw

Trop chercher une survivance dans le sémantiquement impossible. Chanter la gloire d’une dulcinée, trop se tenir loin des possibles métalangages de l’isolement, la ciguë ; s’éloigne de la coupe aux mots, boire le mot silence comme un cri d’espérance, cette prison de liberté légèrement prise. Je fane la légèreté dans l’élucubration de ma simple complexité.

Je ne sais où aller, mais je n’ai qu’une direction, mon intérieur, et j’y plonge, dans cette blessure d’infirmité psychique. Je n’y trouve que ces mots écrits à la hache, les silences de ce que je voudrais âme et ces longues paroles. Il n’y a aucune explication, l’hiver dure dans un été inextricable. Le commutateur n’est jamais fermé, il n’y a que la foule, dehors, et l’univers que je ne saurais décrire sans faire une plate énumération. Tout cela ne cessera jamais, à moins d’un malencontreux accident. Je me dérange puisqu’il s’agit de moi, détraqué, dé tracké, mais pas si fragile. Je tente d’être sensible en présence des autres, ce n’est pas une mince tâche.

L’attente fut longue, d’innombrables innommables nuits. Tous les enfers s’étaient donné rendez-vous, le cerveau brûlait, ne restait qu’une âme noire de souffrance. De mon calme que je voudrais calme, je tente d’étaler mes entrailles. Long hara kiri du samouraï sans honneur.

Je connais des poètes
seuls dans une chambre
point à la lettre
Je connais des poètes
inconnus
et qui jamais ne vont se soumettre
Je connais des poètes
qui ont joué
à toutes les roulettes
Je connais des poètes
fiers de leur transparence
inconnus du monde des lettres
Je connais des poètes
du verbe dit
loin des esthètes
Je connais des poètes
que je ne connais pas
ils sont là

No more destroy, je ne veux pas faire injure au vétéran, résistant de toutes les démocraties qui ont leur tort elles aussi. Je reviens d’une guerre, plusieurs y sont tombés et tomberont, ils se relèveront quand l’humain sera amour.

J’ai tué le Verbe de Dieu
Je suis un assassin comme les autres
mais tous ne savent pas qui meurt par eux
moi je le sais

Pierre Emmanuel

Je m’exhibe spectateur à mon propre peep show, freak show.
Qu’y a-t-il à dire de ces mondanités connues ou inconnues.
Ce silence des volontés qu’on voudrait bonnes.
Tout ce charabia à ne pas vouloir être Zen.
Je cherche l’absolu absolument.

L’amour est fort dans la ruelle, Hugo et puis sa belle ne rêvent plus qu’à aujourd’hui dans le fond de tout ce gris, sans être très très sentimental, plutôt charnel, intégral. Y’a plus de futur, y’a pas de passé, y’ont pus d’idée, plus rien n’est dur que le dur de l’été qui dure comme une éternité.

Je suis bourgeois, bourgeois du B. S., mondain, sans solitude que celle des mots, innombrables et limités, pouvoir le non-pouvoir écrire, sans s’arrêter précisément, on ne choisit pas la catatonie précisément. Admettre l’inadmissible d’une condition sans chercher ce qui précède. La conscience de l’Innommable avec un grand I majuscule. Embarquer ne se fait que dans un navire, encore faut-il savoir lever les voiles et n’avoir aucune attente.

Espérance

Et puis tout est silence tapageur

Je ne peux me dire insignifiant, j’y prétends, c’est un signal, ça signifie, la mort ne s’écrit pas, la souffrance non plus. Je signe d’un coq en pâte.

Entre moi et moi, il y a des cathédrales chimériques de split personality. Je tente des réponses, elles sont évasives, que le vase se brise, absurdité ! Il l’est déjà. Recoller des morceaux sur lesquels je n’ai aucune emprise. Narcisse malheureux dans sa prison de miroir, je ne sais quel est mon nom. La visite de Freud n’y pourra rien, il n’y a que Dieu, je n’en sais rien. Je me noie dans un tout. Tout est à toi, tout tout tout, toutou tais-toi, toi tu, tue-moi, moi, mieux miaou minois, le moi du tout est à toi mais jusqu’où, jusqu’au coup bas du coup de grisou, grisant, sur la grève des grises, et ta sœur ? Dans le tordeur des tiédeurs, elles lavent à l’eau froide de chaleur, charmante chamanes, yes man, non non nom.

Atteindre des silences de rien à dire, de plus que penser tumultueux, insignifiant pour l’analyse. Névrose et psychose, de psychose en névrose, je restitue mes résidus, resituer ma résidence dans mon âme. J’investis dans l’utile inutile, averti de l’inadvertance par de faux sommeils. Je ne sais rien, je cherche et rajoute à la confusion névrotique.

Y poussera pas de pot c’t’hiver
à moins d’avoir des serres
mais l’huile est chère
l’hydro est dans l’air
hydroponique et maraîchère
deux plants de tomates
et une rombière
du cannabis c’est la guerre
satyre sativa
haschich haschichin
Tout le monde s’en fiche de la conclusion
on veut notre pain, pas de pot dans notre jardin
excusez-la, c’pas fin fin fin
pour ceux qui tirent encore leur joint
j’ai le buzz gratis
j’vas pas ben loin
l’ignorance est mon chemin

Dépasser l’entendement général dans une syllabe, ni cri ni borborygme, parler le langage des baleines, dire amour sans le dire, pour ne pas offenser l’oreille de l’humble sage, plonger dans la réalité de l’instant, le cœur à découvert devant les attaques de madame partout, la mort, afficher un sourire sans circonstance comme un benêt illuminé par la grâce.

Pendant l’amputation
du pied
on récitait des vers de Vigneault
la vigne sanguinolente
irriguait le plateau
chirurgical
a jeté au vers
vers nulle

Je suis occupe à vivre comme tout le monde, ou si peu comme plusieurs. Je dors parce que quelqu’un veille, plutôt mal, de cet éveil inachevé. A quoi bon en vouloir au monde d’être le monde. Je ne flamberai pas dans les mots, la peur me fait roussir, revenir en équilibre partiel.

Ma planche d’ébène à quatre voiles, mon seul bateau sous les étoiles, ton suc de sucre d’érable, mon chêne de noix enchaînées. Le sang du sens sans se sentir satyrique ni sibyllin, il faut dire aimer, diraime déraisonnable, non pas sans raison, elle sont toutes bonnes bornes sur le gravier de la haine.

dans une course
avec moi-même
nous étions deux
l’un suprême
l’autre malheureux
schizophrène
comme on dit d’eux
quoi qu’inexact
par manque de tact
simplisme malencontreux
l’autre disait
je lui en voulais
je lui en veux
vouloir valoir ce que l’on ne peut
le miroir m’arrache
les cheveux
un océan de glace
me rend peureux
paranoïaque
et miséreux.

Le miroir, car miroir il y a dans tes yeux de souffrance, de souvenir malheureux, toutes ces années d’errance, de désespérance, vécues sous des cieux sans clémence, miséricorde miséricordieux, avec la foi nous serons deux, pour une fois, plusieurs, sans lendemain. Aujourd’hui heureux, un instant et c’est déjà l’éternité, avec le temps, dans la lumière du tamis de tes bras. Le numineux prend souvent des chemins tortueux, pour finalement atteindre ce que l’homme nomme Dieu.

A tous ces héros du quotidien, honnêtes avant le mot, loin des actions spectaculaires, acceptant l’ascèse des petits chemins.

Du sombre destin de cette nuit éternelle, en jetant des larmes de sueur anonyme. Souffrance, souffrance, ne t’étale pas dans les bons sentiments, tords, il n’en sortira qu’un cri de délivrance.

La radio libre

Ti-pop peuple et ses groupies de l’est ou d’Outremont en passant par Paris, jeunesse vieillissante obligée d’un dynamisme marketing, légère et pleine d’humour, on s’y perd dans les degrés. Y fait chaud comme une bombe assassinée, les lounge lézards boivent, la pluie tombe sur la pile, tout ça écrit sur le tas, tata ta tante tente de tenter dans l’attente. Je n’attends plus et change de canal.

Saute sur le bras de mer, saute sur le bras de mère, multicolore croisé, à la croisée d’une croisade infâme. Patrie qui tient d’elle et de lui, la France mon cher, England dear, United States by the way, America like they say à la tévé. Pour bien manier les mots, il faut s’y soumettre comme à des enfants tyranniques. Prononcés à la française, ils sont si loin de ma bouche. Goddam ! Dammit d’intérieur. Le seul mur qui aurait dû tomber, ne tombera qu’avec la mise en marché de nos cerveaux à pleine capacité dans des milliers d’années. Dans l’instantané, je fais avec ce que j’ai.

De tous ces grands cris silencieux appelant la mort, l’orgueil de vivre, tous ces chants à la gloire de ce qui pourrit. Aujourd’hui prennent place les sanctifiés vivants, on sait bien qu’il n’y a qu’un seul juge.

Toute la vie dans plusieurs chansons
toutes d’illusion
le rêve mis en son
distraction
contraction compression
de l’éternité
en quatre temps
Tempo fugit
fuir le désespoir
dans le désespoir
Tempo fugit
le temps fuit
Je me lance à sa poursuite
mais le passé
passe-temps immédiat

La latence du silence, un bris attendu hors du sommeil comme une patiente méditation du vide par le cœur. Remediare meditari, éloignement dut se changer les idées, évanescence de toute.

Je suis mongol à batteries. J’emprunte mongol à Jean Basile, mon pacemaker me donne pas de kick, je n’ai pas encore le bras tout engourdi, il le faudrait, que le délire cesse. Je ne peux me chier sur la tête, les autres le font, chu dans marde jusqu’au cou, je parle entre guillemets. Je me pose la question de la preuve des preuves, je n’en ai aucune à faire, je n’ai pas la réponse, je suis frustré, ce n’est pas un examen de français. Bill déboule, boule et bowling, j’ai pas de quille et je dérive, je manque de colonne, les colonnes sont toujours faites pour tomber, à chaque colonne son hernie, ne parlons pas des colonels ni des coloniaux. Je suis colon au sens québécois, et je n’ai pas besoin d’emprunter à Foglia sa peur du cancer du colon. J’ai le cancer du colon, l’ignorance, les vieux sages vivent au nord, les jeunes sages sont dans marde, j’entends vos objections. L’écriture se doit d’être délicate ou du moins toute en nuance poétique. J’ai affaire à des gens délicats qui mesurent encore l’art en mineur et majeur, en para et autre distinction. Une pile de papier versus un parabellum, ce n’est pas de la balistique !

Habiter la littérature comme un cercueil, un mètre par deux mètres et demi, bien enseveli sous la connaissance des autres. Muet parce que mort et assimilé. Je suis le lecteur qui ne comprend rien, rhéteur au sens péjoratif. A quoi sert-il d’être enfermé dans une bibliothèque quand on ne sait pas lire volontairement. J’aurai beau lire, je ne déchiffre que des phrases, déchiffrer des phrases, lire des chiffres, le symbolique arithmétique, je m’écarte, saute facilement à la physique quantique sans aucun sens ni raison, pour écrire, seulement pour écrire délire à l’envers, eriled.

eriled
ériger
led plomb bled
ériger, acte tout à fait nazi germain.
Ledbelly blues, Led Zeppelin s’enflamme, iconographie récupérée par le rock’n’roll.

Ils devaient être plusieurs à s’emmerder à St-Germain-des-Prés ou sur la rive gauche à la Belle Epoque, de ceux-là on ne parle pas ou peu. L’histoire a retenu Pompéi. Jean Sol a pas fini de nous écœurer.

Toujours le silence, muet par mimétisme, tout est écrit, rien ne se lit, lecture paralysante, para je suis en marge, voir à gauche dans le manuscrit, silence, désir d’un maître, il y en a plusieurs. Je m’étale, mouche parmi les pattes de mouches, la chenille a l’espérance de devenir papillon. Mille pattes, mille pâtes, je pétris, ça ne monte pas mais je bande, passe franche, je mens, songe. Tout s’explique, je dois m’en défendre, c’est clair. Claire qui boule n’amasse pas rousse, coupable d’innocence avancée. Je mens toujours, abscons non absout. L’assimilation de la connaissance des autres ne me donne que des pistes, j’ai besoin du regard d’autrui.

Je marche seul dans mes mots d’impossibilité, sentence composée ne se peut pas, le vide du vide, orgueilleux de ça devant vos yeux qui en voient le déjà plein de rien, beaucoup trop écrit trompeur. Pourquoi les tropiques ? Une vesse de loup vaut bien une veste de fou, sans camisole, toujours froid l’hiver. Pardonnez mes excuses jamais véritables, une question, la seule, me plairait bien. Le pneu est increvable. Le traité de pneumométrie du Père Bourgault, restons-en là. Narrer ne me plaît guère, guerre des r, ères, hères dans l’air, de quel droit je m’oblige, y paraît que ça dérange personne, si je n’y suis pas, tant mieux. Interminable et infini, nul cœur nul esprit que des quolibets.

Impossibilité traduite en mots, près de l’impuissance, vous suivez, je continue mon long délire, babil de toc, tout en stock, éloigné de la paix primaire. Cette émanation d’aride inexprimable traversé par le vent des mots, vacuité du plus que solitude dans l’air du temps, aucune douleur, comme un grand chien fou qui jappe à la lune, les sens déboussolés. Le chien de la chienne vie, je suis une ombre de verre. Le glas sonnera-t-il un jour, le bonheur n’est qu’une tombe de court instant entre ce qu’on croit la pensée. Je suis vide de trop-plein, trop plein de vide, amenez les violons violents. Celle et selle lonesome cowboy, je rue dans les brancards, amenez les brancardiers, trop tard, la blessure est mortelle, morsure du temps, je rage et bave.

Je n’ai pas reçu d’appel téléphonique des poètes maudits, de toute façon nous n’aurions rien eu à nous dire. J’appelle plutôt mes amis, je n’en ai pas plus à dire.

Le signifiant et le signifié, je me signe, me résigne, signale, me signale par mon manque de cohérence, l’insignifiance finale voudrait que j’entre en psychose comme on entre au cloître ou au monastère, il y a certaine analogie que je n’oserais relever.

Si talent il y a
tannant il sera
s’il n’y est pas
Je continuerai
avec la peau des dents d’un attardé ignorant, taré tardant à tarir.

Ternissant la page blanche de tergiversation itinérante, accouche ! Je, me parle, que je crève d’une belle mort. Je, veux, j’exige, j’exige et je, veux. Achève-le, achevez-moi, une fois passé dans le tordeur, c’est encore humide, ça prend un steam roller, y’a rien de plus plate qu’être aplati, à-plat-ventrisme, à l’exception près que je ne suis pas dans un cartoon de road runner.

Un nouveau Verlaine écoute la télévision, il n’écrira jamais, il se mettra en scène dans sa vie.

« Peut-être ben que je mélange la vie pis les vues. » Pierre Harel

Je et je sont rognures d’ongles

Je et je, moi entité qu’il me faut réconcilier, impossibilité d’une personnalité mixte, faire un, mais il y a toujours l’autre, toi lecteur espère de la réconciliation.

Un je plein et entier

ceci est mon double

Je chie ce texte, je ne m’en prends qu’à moi-même, je n’est pas un autre, c’est moi, je le répète, je suis prétentieux, irresponsable et inconséquent. Je suis merde et non pas poussière, trop noble. Impuissant, je ne m’apitoie pas, je tente de me définir en écrivant, n’y arrive pas, trop de personnages m’habitent, ce n’est pas de la fiction. Je m’étale de tout mon long en phrases courtes, totalement absurdes. Les schizos ne guérissent jamais, ils souffrent. Qu’est-ce qu’un vrai schizophrène ? Je suis malade, quelques synapses en moins, j’écris, c’est tout ce qu’il me reste à faire. Que la chienne crève d’une mort atroce. J’exploite le filon hypocritement, ce n’est pas si grave. Je ne reconnais pas mes limites, je m’y refuse, je suis potentiel et n’en ai aucun. Homme fucké taré, je veux tarir la source de mes inepties parlées et écrites, ce sera à l’heure de ma mort.

Autopsie d’un sac de déchets

Deux kleenex pleins de morve, cinq filtres à café desséchés remplis d’une mouture brune et encore humide, une boîte écrasée de biscuits au chocolat d’une marque depuis longtemps disparue, miettes de pain séché, poussières diverses d’origine extérieure, poussière d’origine charnelle, rognures d’ongles, cheveu châtain, long cheveu noir, papier non recyclable, mégots de cigarettes de différentes marques, papier de plastique, pelures d’oignons, pelures de carottes, pelures de pommes de terre, emballage de fromage en tranches, bouteille de plastique non recyclable, contenant de yogourt sentant le moisi, deux boîtes de sardines avec encore un peu d’huile à l’intérieur, morceaux de croûtes de pâtés, emballage des mêmes pâtés de couleur brune avec inscription au bœuf en blanc sur brun et illustration du dit pâté sur une face et mode d’emploi inscrit dans les deux langues officielles sur l’autre face, cendre grise de cigarettes, contenant vitrifié pas nettoyé de sauce à spaghetti avec étiquette rouge et verte indiquant la saveur et la marque, plumes provenant probablement à l’origine d’une oie, mais sorties d’un oreiller, os de cuisses de poulet avec encore un peu de viande pourrie, dépliant d’épicerie, échalotes séchées, orange pourrie avec moisissure bleue au pourtour blanc. Inventaire d’un seul sac.

On connaît plus un homme à ses déchets domestiques qu’à ce qu’il écrit.

Dire ce vide dans une prière, prier la route qui mène au bulldozer de l’espérance, sinon l’élégance de l’adversité pour atteindre une cible comme un Cupidon mythique.

Dans un délire, demander l’asile politique à la Chine, là où les droits de l’homme et de la femme sont bafoués. Mais quel droit ai-je dans mon pays, le droit à la pauvreté. Je me plains le ventre plein, les assassins ont toujours le beau jeu, les tortionnaires aussi, je les imagines s’excusant en disant qu’il faut bien gagner sa vie. L’autre toujours assassin, destroy paranoïa et question de foi. Lire l’homme du ressentiment de Max Scheller.

Je devrais être la cible que le grand cric me croque, mur mur, murmure de mort mord mur de rage mord thé morte, morte macabre cadavre, nul mort vivant in vitro, entre quatre murs quelques milliers de neurones perdues. Tony’s brain surgery, les gros salaires me watchent, mon petit salaire me tape, point, poinsetia.

Argrotempion implimotion trocantation ecatrolon duransoc epitrope tropamirta dans et tu vas dans etuva et tu étuves vetre vene vaine vénerie venaratrain incendie du trop plein attrapezoof zoufitro zoutrone ne pas nepal pal empaler ça fait mal torture trop dure ducrito du croteau et crotte cro croix crois christ roi roi roua rouage age temps temps tant tant tant trant trant tnat tnatrie tartrie tout gris tout grand gras gros grocherie grosse cerise rise ris riz.

Oui je suis très malade et insignifiant, attention, dangereux maniaque à l’horizon !

« Tu lis dans la presse, tu lis dans le journal, tout ce qu’il faut pour être un gars normal », François Guy

La distance

La peur de la mort et son désir, elle serait fausse, fosse d’employer la faux, cette insécurité me paralyse dans un espoir, les secondes passent, elles ne frappent que par l’angoisse.

Je n’en peux plus, je geins, ge gin, gin tonic, tonique daltonique, aveugle, reste et part, demain, plus tard, pourquoi se plaindre, la mort, la mort, la marre la marre, je me noie, action définitive, roche de ouate, rush de watt, électrochoc ou chaise électrique.

Sous une tonne de briques, les pieds dans le ciment, sériel série sérieux, le trésor du fond des abîmes.

Pendre et dégoutter comme un stalactite, horaire au millénaire de seconde, passe-passe anicroche, dérive inutile, arachnidéenne mandibulaire, ventouse de poulpe, pulpe plus pop sur la chair du soleil entre deux lampadaires sédentaires, crachant croche, coche de retour à roche, torche brûlée que mon troc de toc m’arrache l’excédent de douleur du vide dont je suis gratifié maintenant, que des gémissements.

Le Québec bandera-t-il, bandera-t-il pas ? Venir au monde, les femmes donnent naissance, famille mononucléaire, atomique. On nous demande une dernière chance, la peur règne, la reine nous viole, Ottawa nous vole, en anglais by the way, l’argent, l’argent.

L’or de nos cervelles double, dans notre meilleur intérêt qu’y disent, c’est qui ça y ? L’autre faudrait mettre un nom dessus, le démasquer pis mettre les points sur les i, final bâton. Il n’est pas question de sodomiser les Anglais, I can’t believe, entre deux eaux, le fleuve et la rue Papineau, au bout, la Rivière des prairies. Montréal n’existe pas. J’y pense ! moi non plus et je suis là. Donnez-moi un pays et je ne saurai que faire avec, d’autres le sauront dans mon meilleur intérêt qu’y disent, justement je manque d’intérêt à intéresser l’investisseur, les intérêts réglés.

Un kyrié abénakis me ramène aux messes d’Odanak, j’y allais dans mon enfance. Les soirs de semaine, nous récitions le chapelet en famille diffusé à la radio, tout cela est bien loin maintenant. Tout ce temps, tout ce temps, Dieu bouteille veillait les vendredis saints, poison je l’avalais, poisson du même jour maigre, je me dévorais, il y a des siècles d’années dans ces secondes, maintenant, temps, temps, temps, tant, tant, tant, en, en, en, vent, vent, vent, ment, ment, ment, songe, songe, songe.

La définitive du sublime, brochée sur une fenêtre placardée, tête heureuse et sans question, pour une fois on lui répond, on lui donne l’heure, pour une raison, celle du cœur, ah ! que c’est bon d’entendre le meilleur des petites saisons, celle des fleurs, des bons larrons qui n’ont plus peur, des soi des tons, des à quelle heure, c’est quoi ton nom des tout à l’heure tu seras démon.

Dans un falcon en plein automne, le ciment cogne et qu’y a-t-il derrière la ville, fouillant partout dans la maison.

Il y a des rues artistiques par leurs murs bigarrés, défoncés, placardés, peinturlurés, peints, ils n’ont pas d’oreilles mais ils nous parlent.

Ces rues peuplées d’êtres ayant une destinée particulière. Nous nous croisons, l’un dans un éclat de rire, l’autre en pleurs. Les sentiments frôlent les murs et traînent du pied dans toutes ces envolés de paroles insaisissables. Les boîtes, les boîtes, ferme ta boîte, innombrable à quatre roues, l’univers des portes closes au langage de klaxon.

Rien ne se dilate, splénique cynique, libertad signifidad, ad nauseam musée retour à liberté, libre, libre, livré à la liberté, je me rends à elle, rendu je n’y parviens pas, ni ne l’atteint, loin, loin, loin.

Le jeu, lucidité débile, lucidité indélibile, la machine tette. Je sais bien, je sais bien monsieur Miron, je cite La Rochefoucauld : « Il faut de plus grandes vertus pour soutenir la bonne fortune que la mauvaise ». Je reconnais votre verbe verve.

Mystérieux amis, la messe solennelle de St-Hubert, le cantique du sonneur.

Mes vingt ans
ont laissé des traces
ils ont brisé
ma carapace
et les années rapaces
ont dévoré toute la place
mes vingt ans d’hier
devenus quarante d’aujourd’hui
me voient un peu moins fier
au mitant de la vie
les on devrait faire
sont devenus délétères
on verra sonner le glas
aujourd’hui est dans mes pas.

Le grand fuck-all, dans tous les last call, se pogne le cul, tout nu dans rue, le grand fuck-all est over all, par dessus tout, devers, de verre, de vers dessous. Le grand fout rien, fout rien pour rien, plus rien. Le grand merde à tous ! Tousse de frousse dans l’ousque, où est-ce que tu as la suite ?

Accroché sur de vieilles chansons anglaises des années soixante, surtout celles du groupe pop The Beatles. Psychose compliquée, une espèce de nostalgie des années d’or non vécue, interprétant à la guitare avec virtuosité ces airs déjà vieux. On fait pas de psychose sur Jean-Sébastien Bach, même pas Elvis Presley, à moins que les nombreux imitateurs d’Elvis soient psychotiques.

Une encryption apparaît à la fin de mon login sur Internet, ce petit symbole me questionne, que tente-t-on de me faire savoir ? Paranoïa ? Un ancien bum transformé en hacker bas de gamme sur le clavier de sa machine à télégramme.

Quand je serai vieux et rabougri, tout gris de peau, de plis, qui, qui, c’était qui lui, avant d’être un ouistiti, c’était l’homme gris d’automne, qui pleurait ses larmes monotones à tous les midis, sans habits, sans répis. Il pleurait rongé par son cœur vert-de-gris, dans la grisaille de ses nuits, la grenaille de ses jours.

Ne me laisse pas seul, je sais bien, il y en a des milliers qui sont à tes pieds, moi j’en ai quitté, d’autres m’ont laissé tomber, nous sommes des milliers à nous aimer, à aimer l’amour déraisonné.

Quelques mots arrachés au temps, déracinés dans le sang, pourquoi, comment chante le vent vivant ?

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Paysage 406 : Lac de Côme, Italie (août 2007)