Il y a quelques mois, au début de l'été, je rencontre dans le train une jeune fille qui me trouble. Nous avons une longue discussion, nous jouons même, en passant, deux parties d'échecs, elle se couche sur la banquette, je la regarde... Pour une raison ou pour une autre (peut-être le manque de sommeil), je ne me comporte pas d'une manière très sensée. Et de fait la situation me semble, à la fin, si mal engagée, que je renonce à lui demander son numéro de téléphone.
Quelques semaines plus tard, je repense à cette rencontre, j'écris un texte là-dessus, puis cesse d'y penser. Jusqu'à ce que, par une coïncidence, j'obtienne son adresse. J'ajoute alors une dernière ligne à mon texte, joins une carte de visite avec allusion à un livre que je me propose de lui offrir si elle me rappelle, et lui envoie le tout.
Voilà. Ca n'est pas tout a fait le contraire, j'en ai peur, des poèmes envoyés à leurs amours épistolaires par les poètes français du XVIe siècle (Ronsard, etc.) : soupirs, apitoiement sur soi, flagornerie... Et tout ça, pour autant que je sache, n'a jamais rien rapporté de tangible à personne. Jusque-là, donc, rien de probant, une rencontre un peu ratée et quelques lignes à son sujet, wozu, encore et toujours.
Mais la semaine dernière, elle me rappelle, et nous fixons un rendez-vous.
La littérature n'est pas une chose inutile.
© Hache et les auteurs sauf mention contraire
|