1) Hache vous propose un intéressant travail d'animation (flash). Réalisé par Cyril Noyelle à partir d'un texte précédemment publié sur le site par un auteur devenu entretemps anonyme, l'animation n'utilise pas d'autre matériel visuel que le texte lui-même, qui s'écrit sur l'écran dans un ballet de mots synchronisé avec la lecture (sonore). Je vous laisse découvrir le résultat :
Un cavalier cloué -- animation de Cyril Noyelle
http://dtext.com/hache/anonyme/anonyme2.html
2) On évite de nommer le loup et il arrive quand même : Ludovic Bablon, avant de sortir début 2003 sous couverture Hache, publie un recueil de textes (la plupart précédemment annoncés sur La porte) chez l'éditeur niçois L'Amourier : "Tandis qu'il serait sans parfum". Page sur le site Bablon :
http://dtext.com/LJH/Tandis.htm
Hache publie aujourd'hui
Chanson est une chanson, d'où l'absence de l'extrait habituel en tête de cet éditorial. Elle est publiée en MP3, tandis que les paroles sont données comme dans la pochette d'un album.
Chanson ni gaie ni triste, chanson de l'étonnement de continuer à vivre dans une vie pour laquelle on ne se sent pas tellement fait, et de survivre à la perte du peu qui semblait nous y attacher.
Sa mère qui fut d'une parfaite gentillesse avec vous, non pas gentillesse mais bouleversante complicité de sa mère avec vous. Sa mère réconciliatrice. Insoutenable beauté de sa mère qui s'approche de vous pour vous dire bonjour main tendue.
Son visage vous disait qu'elle savait. Qu'elle comprenait. Qu'on puisse devenir fou devant la pleine beauté de sa fille. Son visage peut-être vous excusait par avance. Il paraît qu'elle a pleuré quand Sandra vous a quitté, Sandra vous a dit que sa mère avait pleuré, en venant vous dire qu'elle vous quittait définitivement Sandra vous a dit que sa mère pleurait, sa mère en vous quittant elle vous a dit pleurait, Sie hat geheult glaubst du das ?
D'Alban Lefranc, déjà auteur chez Hache de LA VRAIE VIE (publié il y a un an et disponible en volume), Hache publie
Un texte assez bref où il est à nouveau question de la force du lien sexuel, obsédant à nouveau mais cette fois sur le mode douloureux.
La perte tapageuse, et le désir de destruction -- dans une écriture subtile, et une composition sophistiquée, où la voix féminine, et des échos fragmentaires de celle-ci, viennent offrir un contrepoint au fil narratif.
C'était un jeudi. Il en était heureux. Le jeudi porte bonheur. Ce n'est pas qu'il soit superstitieux. Mais c'est tout comme. Le jour était clair et il était jeudi, il aimait. Deux chances de réussir, c'était bon, excellent même. Il l'avait rencontrée un jeudi. Elle l'avait reconnu un jeudi et elle l'avait connu au sens biblique du terme, également un jeudi. Le jeudi est son chiffre et sa mascotte. Le chiffre de leur bonheur-malheur. Elle l'avait aimé de chair mais surtout d'âme un jeudi. Il s'en rappelle à le toucher ce jour. C'était un soir matin. Un soir si clair qu'il jouait le matin. Le ciel était ballet de vent et l'allée qui accédait au plaisir était sans fin, sans fin, sans fin. Comme s'il portait l'air en écho. Le lieu noir d'arbres jouait les trompettes de la renommée mais en épais silence, en épais silence. À l'entrée du lieu piquaient cinq buis, qui écrivaient jeudi aussi. D'une certaine manière jeudi n'est-t-il pas bâti de cinq lettres ? Le ciel était pointu. L'allée n'en finissait pas, n'en finissait pas. Elle n'en finissait pas d'en finir. Elle était noire d'arbres noirs. C'était son ton.
Rentrée tardive mais rentrée belle et bonne pour Hache, avec un nouveau texte aujourd'hui, et d'autres nouveautés à suivre ces prochaines semaines.
Aujourd'hui donc, j'ai le grand plaisir de vous présenter un nouvel auteur chez Hache, JEAN FIGEROU, dont on publie :
Au début souriant donné en extrait ci-dessus succède rapidement une évocation sexuelle insistante, qui s'approfondit en tournant sur elle-même, dans une écriture pleine d'originalité, de liberté et de précision musicale, maîtrisant l'ensemble comme les détails, et qui laisse réjoui. Un texte chantant, innocent, obstiné, drôle, heureux, passionné, "sans fin, sans fin, sans fin".
Quoi, encore du sexe ? On dirait. Au reproche superficiel, journalistique de nombrilisme, il faut répondre, de façon évidente, que la sexualité nous émeut tous, et que s'y atteler pour écrire est la chose la plus naturelle qui soit. Et cela au-delà de toute expérience particulière, tendance particulière, conclusion particulière, du bonheur ou de la misère, de l'abondance ou du manque, de la simplicité ou de la complication, de l'acceptation tranquille ou de l'ambivalence douloureuse, qui trouvent tous leur place dans les rayons de notre petit magasin de littérature. L'important, ici, est ailleurs : il est dans ce qu'on fait avec cette donnée massive et pas choisie, dans la réussite de ce qui est créé à partir de l'expérience et des désirs, quels qu'ils soient, dans la joie du texte lui-même et de son point de vue unique. Voyez par vous-même.
Correction définitive d'Histoire du jeune homme bouleversé en marche vers la totalité du réel (allégé d'un chapitre et demi), en vue de la publication papier, à venir.
Depuis quelques jours sont disponibles les volumes brochés de Hache, avec l'essentiel de Hache jusqu'ici (Brea Costes anonyme Gendron Ilinski Lefranc Saulnier) dans 7 petits volumes entre 40 et 100 pages (et entre 4 et 8 € ; 40 € pour la série complète), qu'on peut commander par le site.
Les volumes brochés sont historiquement la troisième génération de "versions papier" de Hache. Les deux générations précédentes étaient des formats non reliés.
Les textes donnés dans l'un des volumes sont exclusivement disponibles sous cette forme (plus en ligne).
Paiement en ligne possible, port offert.
Hache vous donne Histoire du jeune homme bouleversé en marche vers la totalité du réel en version intégrale et corrigée.
--- Je veux pas voir un verre à même la table. Vous me mettez ces sous-bock sinon je vous sors et vous irez boire au Diplo ! Et Môssieur Garlasseri c'est la même quarantaine pour vous !
--- ...
--- Répondez pas tous en même temps, surtout !
--- D'accord, Mâme Brigitte !
Ca ricane dans le rang mais on aime pas se moquer de Mâme Brigitte et puis il ne faudrait pas empiéter sur le temps du spectacle. Rodolphe, qui est un grand et gras garçon d'origine ardennaise recentre le débat parce qu'il est le délégué de sa classe :
--- Alors, Olivero ? Le dernier épisode, c'est pour quand ?
10ème et dernier épisode d'OLIVERO GARLASSERI A BESOIN DE TOUTE NOTRE ATTENTION, par Sébastien Gendron. Après ses déboires sentimentaux, nous l'avions perdu puis retrouvé, 10 ans plus tard, dans la piteuse condition de pillier de bistrot.
Que s'était-il passé ? Jeanne avait-elle été à ce point cruelle avec lui ? Lui avait-il été à ce point coincé qu'il avait renoncé à revoir Jeanne ? Non, et non. C'est plus simple, c'est plus compliqué, c'est inattendu -- et c'est pas si pire, comme disent les Québecois. Voyez vous-même :
Olivero Garlasseri, 10 et fin !
C'est vaste. C'est chiant. C'est cool. C'est tonitruant. C'est polymérisé. Ça a une forme globalement cylindrique. Ça a des ramifications au bout. Ça tient dans un sac. Ça prend deux heures en partant de Krakow. Ça a été retrouvé en mauvais état de conservation par trois mètres de fond. C'est en acier amélioré. C'est doux au toucher. C'est ton point de vue, pas le mien. C'est grandiose parce que ça reste toujours en ré mineur. Ça se consume moins que le charbon mais mieux que la tourbe. Ça peut servir plus d'une fois. Ça dépasse la date de péremption depuis deux jours, tu peux le manger. C'est plus dangereux par là prenons plutôt par ci. C'est immobile en son essence. C'est logique. C'est sur 101 point 9. C'est plus agréable comme ça. C'est sobre, c'est pur, j'aime bien. Ça n'a aucun intérêt alors pourquoi le dis-tu. C'est long à faire. C'est un cadeau de votre féal, Sire. C'est raté. C'est un nombre premier. C'est le plus rapide du monde. Ça contient des vitamines C et B5, c'est bon pour elle tu crois pas ? C'est plat et toujours pluvieux. C'est un peu comme être enterré vivant mais en mieux.
Aujourd'hui se conclut sur Hache la publication en livraisons successives de HISTOIRE DU JEUNE HOMME BOULEVERSÉ EN MARCHE VERS LA TOTALITÉ DU RÉEL, de LUDOVIC BABLON (LJH).
Tandis que "l'autobiographie de la vie" commencée au chapitre 2 se terminait dans le chapitre précédent, ce chapitre final conclut en répondant à l'élan de désir de la partie introductive, comme un point, ou plutôt comme un nuage de points d'arrivée : "Où l'on finit par apercevoir par endroits la totalité du réel blottie sous une épaisse couche de diversité".
J'espère que vous avez aimé voler dans l'espace et le temps à bord d'HISTOIRE DU JEUNE HOMME, et je vous souhaite un bon aterrissage.
Nouveau sur Hache, les deux avant-dernières livraisons de nos deux feuilletons en cours :
Nous serons alors en 2127. Le surlendemain de l'incendie je serai pris de violentes contractions de l'oreille. De douleur et de peine, mon corps se courbera alors à nouveau vers ma vie pour l'inspecter de près. Dans le bourdonnement il regardera sur un écran tactile qu'on aura alors inventé justement à cet effet, il regardera les circonvolutions colorées de ma vie apparaître par ordre chronologique, avec tous ces grands événements graphiques comme la naissance, dans une salle violette, de ma seconde fille, le souvenir de ce matin de décembre 2024 (qui me reste déjà dans la tête comme un de mes plus importants souvenirs du futur), mon accident de véhicule solaire du futur, et le souvenir du temps où, dans les villes françaises de la jeunesse, j'étais dans un désert et je me cultivais.
Cet avant-dernier chapitre d' "Histoire du jeune homme" conclut l'autobiographie commencée dans le deuxième chapitre, tandis qu'au premier chapitre introductif répondra un dernier chapitre conclusif.
On évoquait au chapitre 2 sa naissance, et les débuts de l'humanité ; tandis que le récit autobiographique avait déjà rejoint le présent de la narration dans le précédent chapitre, ici il s'échappe et s'élance dans le futur, décrivant la suite et la fin de l'histoire du jeune homme, jusqu'à sa mort.
Touchant, drôle, rebondissant d'invention et de charme, ce chapitre nous présente les métiers pratiqués dans l'avenir par le jeune homme et ses problème rencontrés, sa descendance qui le trouve songeur, mais aussi la géopolitique des prochains siècles, notamment le devenir des Etats-Unis.
Histoire du jeune homme, chapitre 8 (avant-dernière livraison)
Maître Morosolo tourne brusquement la tête en direction du Président. Il ne s'attendait certainement pas à être taclé aussi froidement à quelques pas seulement de la surface de réparation. Et encore moins par le sexagénaire dont il pensait avoir captivé l'attention et titillé la curiosité. Autour, le tribunal est secoué d'un bref ricanement auquel Morosolo doit trouver la réplique. Sourire. Sourire de lui-même, bien sûr, entrer dans le jeu, reconquérir, reprendre le manche. Il attrape le pichet d'eau de seltz, s'en sert un verre et le lève en guise de toast au Président qui ne répond pas. Puis il boit en trouvant la parade bénéfique parce qu'elle lui laisse du temps. Il avale, repose son verre, évite le regard extrêmement dubitatif de sa cliente et, retroussant sa manche d'un geste démonstratif, il rembraye, balayant l'assemblée d'un regard sympa.
Peut-être Olivero Garlasseri a-t-il manqué de l'attention dont il avait tant besoin, toujours est-il que nous le retrouvons 10 ans plus tard assez mal en point dans cet avant-dernier épisode d'Olivero Garlasseri.
Jeanne, dont nous assistons au procès (voir extrait), semble ne pas avoir non plus filé le meilleur coton qui soit. Quant à Pols, on le retrouve à Dolphin Cove, Bahamas, pareil à lui-même ou presque.
Nouveau sur Hache :
Je ne sais pas dire pourquoi c'est nécessaire de vous connaître. Quelque chose est dans le monde je le vois bien. Vous êtes comme moi exactement, vous êtes ce que je suis moins ce que je suis seul à être plus votre unicité à vous. J'ai envie d'aller vous voir, vous observer. Garçons ou filles j'ai toute une libido en réserve pour vous. Mais pour ceux d'entre vous qui êtes morts j'ai un problème. Je n'ai pas le moyen de vous regarder correctement. Je vis à ma fenêtre. De temps en temps je vous regarde aller tranquillement à votre travail dans le temps. J'aime votre façon de vous déplacer. Je voudrais vous regarder dormir calmement dans la paix de la terre. Mais je n'ai pas suffisamment d'argent pour me mouvoir jusqu'à vous. Alors je vais essayer de vous raconter quelque chose. Les histoires sont une sorte de monnaie pour payer ces voyages dans la différence. C'est une histoire qui a causé de la douleur à une de ses protagonistes. Oublions cette douleur pour ne garder que l'étrange saveur : car, j'ai connu de près certaines formes de l'étrange. L'histoire met en scène trois corps. Les mésopotamiens pensaient que le corps est fait de glaise ; les hébreux, de poussière. Oublions ces peuples importuns. Emmanuel Lévinas fait une théorie du visage comme surface d'inscription de l'altérité. Mais oublions Lévinas. En décembre 1998, trois corps vivaient dans la ville du sud de la France.
Tandis que la narration autobiographique rejoint gentiment le présent, le temps de l'écriture, elle s'étend aussi à des autres, non plus au sein d'un moi universel, mais dans le rapport d'un moi bien physique et réel avec des autres moi. En d'autres termes, dans des relations humaines, qui ne sont plus subies comme plus tôt les parents et l'environnement scolaire, mais cultivées librement et avec bonheur.
L'extrait donné plus haut est l'introduction à une histoire ordinaire mais délicieusement contée, où une couche d'abstraction contraste avec humour et délicatesse avec les sursauts émotionnels. Suivra l'évocation précise de personnages ordinaires que le narrateur a connus -- on retrouve d'ailleurs l'Allemagne où Alban Lefranc nous amenait dans le précédent texte publié par Hache.
Note : Si vous avez du mal dans les premiers paragraphes de cet épisode, sautez au quatrième, voire au début de l'extrait donné plus haut. Mais vous n'avez pas besoin de moi pour faire cela, lecteurs, n'est-ce pas ? Vous vous élancez sauvagement dans le texte et sautez ce qui vous ennuie : très bien. [Note : obsolète : lesdits premiers paragraphes ne font plus partie de l'état final du texte.]
Retour à la littérature, avec deux nouveaux textes publiés ce jour sur Hache :
Alors que nous nous approchions de la voiture, Christian profita de mon hésitation visible (le flottement sur mon visage devait assez clairement donner à penser que je n'avais pas songé encore à la distribution des places dans le véhicule) pour demander à Johanna si elle préférait la solution « moderne ou traditionnelle ». Je souris à ce moment -- quelque chose de visqueux se forma sur mon visage qui ressemblait à un sourire sans doute, celui du brave type pas méfiant, qui aime ses amis, qui aime que ses amis s'aiment, qui veut que tout se passe bien, qui aime la chaleur humaine, qui mise sur l'échange, un fervent de la spontanéité. Johanna répondit « moderne » en souriant, belle et sereine, la main sur la hanche, presque canaille, et il lui indiqua alors le siège avant à côté de lui.
J'ai la joie de vous présenter un nouvel auteur, Alban Lefranc (26 ans, français vivant en Allemagne, également cinéaste), qui nous livre un beau petit récit : "La vraie vie".
Dans une voiture qui va de Berlin à Dresde, un narrateur un peu coincé, notamment physiquement, se consume de jalousie. Drôle, sensible, intelligent et libre.
-- Vous vous êtes donc développé sur un plan intellectuel.
-- Au départ oui ; mais je n'ai pas tardé à m'apercevoir que j'étais en train, sans même l'avoir cherché, de m'agrandir sur le plan émotionnel -- et ce n'est pas prétentieux de dire que je me suis agrandi parce qu'à l'origine j'en était venu à résumer mon existence à 2 cm2 de surface convexe.
-- 2 cm2 ?
-- Environ la taille des pupilles.
-- Et après vous mesuriez combien ?
-- Difficile de chiffrer, mais disons que je m'étendais à peu près, de façon virtuelle, jusque vers les limites de l'Univers, de la pensée, du vécu, etc. ; que j'avais colonisé des points certes très limités mais aussi très dispersés et représentatifs du cosmos et de l'humain, de telle sorte que je finissais par avoir sans avoir rien vécu une expérience assez large. De chacune de mes enclaves, j'étais devenu apte à me servir de la petitesse de mes yeux pour capter le monde dans un rayon de plusieurs kilomètres, comme les minuscules forteresses s'apprêtent à lancer dans les campagnes les chevaliers survitaminés qu'elles nourrissent en leur sein.
Suite d'Histoire du jeune homme, avec le chapitre 6 (sur 9). Rupture de la narration, avec un point philosophique en forme de faux dialogue socratique. L'unité, l'intelligibilité et la réductibilité du monde, Kant, l'Inde, et le jeu vidéo Heroes of Magic.
HIstoire du jeune homme (8) [Obsolète : cet épisode ne fait pas partie de l'état finale d'Histoire.]
Nouveau sur Hache, pour vous, et plus fort que Houellebecq :
« Le 3 août 1995, au Holiday Park de Hassloch en Allemagne, je dérape sur le strap du plongeoir des trente mètres et j'entraîne avec moi la sirène de la revue, Salma, fille unique du producteur. J'entre dans le bassin à plus de quatre vingt dix kilomètres/heure et je n'ai pas le temps de rétablir avant le fond. Salma n'atteint même pas le bassin : elle se fracasse sur les premiers rangs, tue trois enfants et une mère de famille. Tu ne poses jamais de question à personne, Dick ? »
Miss Acapulco observe passagèrement mon manque de réaction. Elle maugrée un vague insulte hispanisante, déchausse ses talons jaunes et escalade sa banquette pour passer sur celle de derrière quand Elton John enquille I'm still standing sur une station mise au hasard.
--- La suite t'intéresse ?
--- C'est du même acabit ?
Belle nouvelle de Sébastien Gendron, dans la lignée de « Je détiens Rose Divina Pita » mais en plus ample et dépaysant : un Parisien en Amérique, plus exactement en Floride, aux prises avec une jeune femme séduisante et imprévisible. Vitesse, drôlerie, et un peu plus que ça.
Le feu est une invention de gonzesse...
À une époque cela commença à ne plus vraiment aller entre le tueur et sa victime.
Ils habitaient un petit appartement dans le crâne du jeune homme, dont le corps résidait lui-même, alors, au sein de la ville rebaptisée Grelibre à la Révolution. Un temps, ils s'étaient tenus en harmonie ensemble dans le petit corps qui s'éveillait le matin bien avant l'entrée en scène de l'astre solaire : quand celui-ci avait les premiers soubresauts musculaires qui signalent la réapparition au monde d'une conscience unique et singulière, ils se levaient ensemble la main dans la main, soulevaient dans un effort commun les lourds volets des paupières dont nous avons dit précédemment qu'elles avaient à porter un poids quelque peu effarant d'êtres que la vie a quittés, ? et une fois l'ouverture pratiquée, ils écartaient chacun un pan des rideaux de cheveux blonds qui couvraient le visage du jeune homme ; ils s'accoudaient alors aux paupières toujours humides du jeune homme épuisé et spasmophile (car celui-ci pleurait chaque matin d'une étrange façon non émotionnelle mais purement physique, phénomène qu'il n'est jamais parvenu à élucider clairement), et de là, donc, de ce poste des yeux, ils observaient avec attention les premiers éléments familiers perçus par le jeune homme en essor : l'espèce de traversin blanc-gris, tout mou, les étagères remplies de livres, les plafonds à la peinture gondolée et craquelée, et, au-dehors, la véritable nuit étoilée et la placide ville nocturne d'une couleur orange-rose.
Vous râlez contre le battage Houellebecq etc. Vous sentez bien qu'il y a là quelque chose de pas tout à fait nul, dans ces romans qui parlent de choses dont on n'ose pas tellement parler, vous sentez bien qu'il y a là une parcelle de prise de liberté et de renouvellement et de rupture bienvenue -- et en même temps vous êtes peu enthousiaste de tout cela, vous avez lu les deux premiers, et vous devinez que le troisième contiendra en gros les mêmes choses que vous avez plus ou moins aimées, sans en être vraiment enthousiasmé.
Hache prend votre main et vous dit : lisez HISTOIRE DU JEUNE HOMME, commencez par exemple par cet épisode, puis réimprimez tout sur votre imprimante depuis le début, couchez-vous dans un canapé ou sur votre lit, et lisez ça sérieusement, faites l'effort que le texte vous réclame.
Et sentez, alors, tout ce que la littérature a à vous DONNER si vous l'accueillez, et que vous lui donnez, non l'attention distraite que vous accordez au divertissement de la télévision (pubs entre les émissions, émissions entre les pubs), mais le meilleur de votre temps et de votre attention.
À la télévision, vous avez la médiocrité attendue que vous méritez, la gratification immédiate et superficielle, qui ne laisse aucune trace. Pourquoi pester, alors ? Ce qui a de la valeur demande et mérite quelques efforts. Au lieu de flotter en vous parmi la confusion socio-médiatique générale, ça peut vous nourrir, vous aider à vous orienter, vous passionner pour votre vie, débarrasser votre chemin de toute cette agitation superficielle qui ne conduit nulle part.
Cette épisode d'Histoire du jeune homme -- chapitre 5: Où l'on voit le jeune homme en danger résister à l'oppresseur en faisant appel à l'intelligence --, relate la reconstruction en cours du jeune homme, à Grenoble, dans un appartement plein de livres, après le basculement de l'épisode précédent, dans une situation de précarité matérielle et physique extrême, de menaces intérieures, mais aussi de désir intense et de la folle détermination qui en résulte.
Nouveau et important sur Hache :
-- À l'instant je t'ai menti...
-- Comment ? Tu m'as affirmé ne m'avoir jamais trompé sur ta vie.
Hache est heureux de vous présenter, du nouveau venu Youen Kerval, FERME LA FENÊTRE.
Deux êtres qui s'aiment, nus, assis en tailleur dans le même lit, la nuit, l'été, protégés par une fenêtre fermée des gémissements du vent, se parlent avec délicatesse et compréhension. Des menus propos tourbillonnants, tendres et un peu sophistiqués, s'échappe soudain un gros secret.
Arrive ce moment de ma vie. J'ai 15 ans. En l'espace de quelques semaines je perds tout. Je porte une veste de velours brun élimée aux épaules et aux coudes et déchirée dans le dos. Quand je m'en aperçois tout à coup je me retourne vivement. Je cherche le couteau et qui l'a planté. Je ne trouve rien ni personne.
Je ne saurais trop vous recommander, que vous ayez ou non suivi la publication d'HISTOIRE DU JEUNE HOMME sur Hache depuis son début, de lire cet épisode.
Dans le fil autobiographique d'HISTOIRE, le jeune homme a maintenant, donc, 15 ans. Sa vie bascule, après quoi elle sera reconstruite. Dans les fils parallèles dont sont tissés cette histoire, et qui en font, comme le dit le sous-titre, « une autobiographie de la vie », et non du jeune homme seulement seulement, dans les autres fils donc, d'autres jeunes hommes et jeunes femmes d'autres périodes de l'histoire humaine, mais du même âge, vivent quelque chose de similaire. Grâce, force d'évocation, et ce regard si particulier qui est porté dans ce texte sur les choses et sur les êtres, objectif et ému à la fois.
Olivero Garlasseri vient de reprendre cette position maintenant ennuyeuse pour le lecteur qu'il occupait lorsque nous avons ouvert ce récit. Alors, sur ce personnage qui semble ne pas vouloir avancer, posons-nous l'amère question : Olivero chez lui, au centre de son immensité, comme un nombril sale à tout ceci, ne se délecterait-il pas un peu d'être malheureux ? Car enfin, merde à la fin ! C'est un tout petit peu chiant quand même de suivre un individu aussi peu volubile ! Un mois à saccager sans se faire prendre quelques-unes unes des plus grandes traditions européennes, habillé en Paul Smith et ça revient chez soi et ça tire la gueule ! Excusez-moi ! Y a des gens qui se décoincent pour moins que ça !
Après les deux textes qui précèdent, nous avons besoin de nous détendre et de retrouver un peu de légèreté ; Sébastien Gendron, avec la ponctualité de Samuel de Potel & Chabot, mais plus d'à propos, nous l'apporte dans ce nouveau chapitre de l'odyssée garlassarienne : « De la télévision comme source de bonheur et de stupéfaction », où l'on voit Jeanne triompher dans la carrière littéraire, passant à la télévision, rencontrant un ancien animateur littéraire assez connu dans un restaurant très cher, tandis qu'Olivero et Pols sont au plus bas.
Mise à jour « de croisière » avec deux nouveaux épisodes dans des séries en cours (en nous excusant pour cette interruption momentanée des programmes indépendante de notre volonté) :
Olivero Garlasseri, on l'imagine, n'est plus ce point immobile et sombre comme une tache d'encre de chine sur la page quadrillée et immaculée d'un cahier d'école. Pourtant, il occupe bien la même place qu'au chapitre un, le centre de son domaine, mais cette fois il s'y dandine, s'y tord, s'y roule, y subit sa crise comme on souffre d'une diarrhée contenue face à la porte close des toilettes publiques. La brûlure que tout ceci.
C'en est trop pour Olivero Garlasseri (souvenez-vous : Jeanne s'en est défait en pleine rue le laissant à ses palabres infinis), qui pète un plomb dans cet épisode, et est aperçu à travers l'Europe dans des manifestations inattendues de ses affects.
Dans cent mille ans, paraît sur les réseaux informatiques la nouvelle d'une découverte inouïe : on vient de retrouver sous cent mètres de sédiments les fondements d'une habitation humaine primitive, et certaines structures techniques qui paraissent avoir joué un rôle dans la vie des hommes de la période, appelée « an 2000 » dans les milieux savants. On va même jusqu'à faire état de la découverte d'un cadavre encore bien conservé, qui semble être celui d'un jeune hominidé de 23 ans : il est retrouvé contre la structure blanche, un outil à la main, adossé. Du sein de la structure, appelée « frigo » dans le jargon des spécialistes, est exhumé ce qui semble être un vêtement, et que les analyses chimiques donnent pour être fait de matière animale. Je retrouve tout ça. Je suis scientifique de l'avenir. Je suis troublé par ces découvertes. Me procurant d'un coup tous les documents adéquats, je m'enferme dans mon habitat de silicium du futur au toit de mercure, et je ne parle plus à personne. Happé par mon travail, j'essaye avec douleur de me projeter mentalement dans le jeune hominidé de 23 ans. Plusieurs jours durant, j'avale des dopants intellectuels, je me concentre et je prend des drogues du futur.
5ème épisode d'Histoire du jeune homme, qui poursuit les évocations préhistoriques de l'épisode précédent, mais s'en échappe aussi de différentes façons. Vous y sentirez longuement, debout dans une rivière, couler l'eau fraîche sur vos blessures.
Histoire du jeune homme 5 [obsolète : cet épisode ne fait pas partie de la version finale d'Histoire]
JDP refuse une offre de 5 000 USD pour rachat du nom de domaine dtext.com. Il déclare : « Je vais pas casser les pieds aux lecteurs de Hache (changement d'adresse) pour si peu. Encore un effort, les cocos ; à 100 000, je discute. »
Finissez vite de lire ceux de la semaine passée, voici les nouveaux textes de la semaine sur Hache :
Je m'appelle Jean-Louis GARNICK Philippe Costes.
GARNICK parce que mon grand-père s'appellait Garnick Sarkissian.
C'était un immigré arménien. Une merde. Un rien du tout. Il arrivait toujours pas à parler français après 50 ans en France, et en plus il avait oublié l'arménien ! Tout ce qu'il savait me dire, complètement bourré, voûté devant la télé, emmitouflé dans sa vieille pelisse en peau (de ?) mitée, c'est « salouparrrd, faaniant, ba a rrrien, ta ma daga ! ».
(« Ta ma daga » ? J'ai jamais compris ce que ça voulait dire... Peut être une insulte en arménien ?)
Hache publie, du musicien et performeur Jean-Louis Costes, une longue évocation d'un personnage unique. On démarre à la maison, avec ce « bon-papa qui pique » plutôt inquiétant pour le narrateur enfant. Puis on prend du recul et on découvre toute la trajectoire, reconstruite par le narrateur avec les éléments familiaux et historiques dont il dispose, mais aussi avec ses propres fantasmes et interrogations vitales. Naissance début XXème en Arménie, vie heureuse, puis bouleversements, chevauchées, arrivée en France et vie à cet endroit.
Un texte rude et sensible, d'une grande liberté d'évocation et de forme.
Hormis le corps, il n'y a pas trace d'objet visible ; aucun indice, pas de pierre, pas d'armes, rien. Le corps lui-même est entouré de cette calcite de belle couleur, claire, curieusement transparente et bleutée, qui s'est formée au fil des années à la faveur de l'importante hygrométrie de ce site de caverne, et de la forme même du boyau dans lequel gît l'homme et qui canalise toutes les infiltrations et eaux d'écoulement. Pris dans ce cadre, l'homme ne réfléchit pas. Il ne dit rien. Il ne rêve pas, ne respire pas non plus. Il est mort. Il a la tête dans les épaules et ses pieds pendent dans la roche, plus haut que ses reins. Il est retrouvé dans cette position. Il ne bouge toujours pas. Il est tombé dans le creux de cette formation rocheuse il y a plusieurs dizaines de kiloannées.
Dans l'épisode précédent se concluait le premier chapitre introductif d'Histoire du jeune homme.
L' « histoire » proprement dite peut donc commencer, et c'est bien de commencements, et de commencements difficiles, qu'il s'agit dans ce deuxième chapitre donné en intégralité : la naissance du jeune homme, les premiers souvenirs, le contexte familial ; mais aussi les commencements de l'Histoire des hommes, avec ses difficultés propres, sa précarité, son ignorance et ses craintes et ses morts subites.
Construit en alternance régulière de trois plans narratifs (jeune homme, personne morte dans la Préhistoire retrouvée aujourd'hui, scènes vécues en direct de périodes reculées), ce chapitre offre des évocations étonnantes, et traversées d'humour.
Beau et nouveau sur Hache :
Ma maison sera cette cathédrale en ruine que j'avais vu en novembre mille neuf cent quatre-vingt dix-neuf pendant que je cherchais des sources iconographiques pour Othon, savoir ses abbayes et tout. Ma maison sera cet édifice religieux en ruine que j'ai vu. Je l'achèterai. Tout sera simple, car on vendra les monuments du fait que l'Europe sera en complète faillite. J'espère qu'elle le sera ! Si elle l'est, j'aurai de la chance. Donc elle le sera et la cathédrale sera en vente pour une bouchée de pain. Je postulerai. Ce sera l'hiver ou une saison, n'importe laquelle. Je me présenterai trop peu habillé et grelottant. Je l'aurai quand même ; je paierai cash. C'est pour ça que je l'aurai.
Avec ce troisième épisode se conclut le premier chapitre, introductif et programmatique, d'Histoire du jeune homme. On termine un peu comme on avait commencé (épisode 1), entre évocation du désir et grande liberté joyeuse préfiguratrice. Dans une alternance de phrases brèves et d'immenses phrases qui respirent et rebondissent, on voit notamment défiler ici le jeune homme au travail, avec ses cahiers, son ordinateur, sa vie « fainéante, industrieuse, démente, rationnelle, pauvre avec sophistication et épanouie avec problèmes. »
Le monde médical semble particulièrement apprécier le mot complication. On entend souvent ça dans les explications embarrassées des médecins. On a l'impression d'un terme englobant, polyvalent, omniscient, rond et doux, ayant réponse à tout ce qui, tapi dans l'ombre de la connaissance, refuse obstinément de livrer ses secrets. Des complications ont mis fin aux jours délicats de trois personnes, dans ce lit, dans cette chambre, au cours d'un 5 à 6 hebdomadaire compliqué à expliquer.
Petite gâterie que cette nouvelle policière lisse et terrible, et avec suspense, que nous donne Sébastien Gendron. Ca se passe quelque part très, très au nord ; trois personnes sont mortes dans un hôpital, et un inspecteur vient trouver le docteur Gudmundsdottir pour tirer la chose au clair. Maîtrise.
Économiquement, nous sommes les plus forts
Bien doser, c'est une clé de réussite. Bien s'essuyer l'aile du pif après consommation pour pas faire tache au salon aussi ; tout comme recoiffer V. aussi prise dans les mêmes chiottes vite fait pas trop mal fait après le dessert. V. qui a eu la bonté de venir se remaquiller sans culotte et que la moitié malgré elle partageuse de R. aime tant, et avec qui elle échange ses ennuis de femme peu aimée, ses faux désirs de fausse jeune-fille fanée. Ca se passe en famille, entre amis ; entre qui a fait son droit et qui donne consultations exorbitantes, entre qui coûte les yeux de la tête et en fait concours, qui amasse ferme et palpe à gogo et cependant verse peu au fisc parce qu'on sait la débrouille.
Stephane Ilinski, dont la balade porno 4 provoque des réactions mitigées sur La porte, et qui ont donné lieu à quelques réflexions pour une "morale d'éditeur" (voir ici) nous revient dare-dare avec la balade 5. On y découvre, pour le coup, un personnage principal par rapport auquel, et bien qu'il soit aussi "dans les lettres", la distance de l'auteur est évidente. L'étrange mélange entre les analyses socio-psychologiques et le style frais, musical et bien balancé se poursuit.
Pas de trêve estivale pour Hache qui présente
Jeanne Genséric a été une enfant rêveuse mais éveillée, lymphatique mais dynamique, fainéante mais travailleuse, je-m'en-foutiste mais jusqu'au-boutiste et pas jolie mais magnifique. Que peut-on espérer de mieux quand on est soit même un couple splendide ? lui grand photographe de mode, elle ex-mannequin d'origine australienne ? que d'avoir du premier coup un enfant qui vous ressemble, à égalité de défauts et de qualités, à tous deux ? Tellement rien que William Genséric et Gwendoline Parson ne se sont surtout pas risqués à en fabriquer un deuxième.
Olivero, 2ème partie. Nos trois personnages nous étant apparus, s'étant rencontrés, puis séparés, nous revenons dans ce premier chapitre de la 2ème partie sur chacun d'entre eux, séparément, vite d'abord, puis plus posément. On sent l'auteur qui s'impatiente, et n'en est que plus drôle.
Six mois plus tard, à la Noël, à Aix-la-Chapelle, Othon était choisi par Dieu et accepté par le peuple des Francs ; selon leur coutume il reçut le glaive avec le baudrier, le marteau, les bracelets, le bâton avec le sceptre, la couronne, objets trop lourds pour lui, qu'on lui porta. Tu seras Othon, né d'Othon, désir né de désir ; avec ces objets trop lourds pour toi tu défendras la chrétienté contre tous ses ennemis. Othon dit oui fièrement en haut-allemand et regarda les belles étoffes pourpres et les autels gris de plomb, puis fut ceint de la couronne et mené sur le trône d'où après ce jour il porta quelquefois sur le monde le regard royal, passionné et questionnant du désir.
Suite d'Histoire du jeune homme, où l'on voit naître, apprendre, vivre un peu et mourir Othon III, autour de l'an 1000. La narration, en rupture avec les préfigurations incontrôlées de l'épisode précédent, commence ici plutôt classique et linéaire. Puis s'élargit, s'alourdit, se déforme, tandis qu'Othon décline et meurt.
Au lac Saint Jean y'a la chute à l'ours, le zoo de Saint Félicien, la fontaine de Normandin, le village fantôme de Val Jalbert, le cheddar Perron, le chocolat des pères trappistes, le festival country de Dolbeau, le boulevard Walberg, la traversée du lac Saint Jean, l'auberge de Sainte Monique de Honfleur, Péribonka, la tourtière, les bleuets, la ouananiche et les gens.
Bernard Saulnier nous livre un texte court, brève évocation du Lac Saint Jean au Québec, en direct de Montréal downtown.
Des lexiques québecois sont maintenant présents en fin de la plupart des textes publiés par Bernard Saulnier. L'occasion de relire, notes à l'appui, des textes plus anciens comme le très rugueux et explosé SETUP ou le plus facile et linéaire et désormais classique LE SINGE.
Nouveau sur Hache :
Je souhaite être moi à fond. Je préférerais avoir été Othon. Fut un temps où j'avais des milliers de villages en Allemagne ; j'avais mes propres serfs et mes ministériaux ; on buvait beaucoup avec les seigneurs ; on disait que j'étais le dernier à rouler sous la table. Moi, je sais pourquoi : Othon se surveillait. Othon regardait les autres seigneurs pour savoir s'il pouvait boire plus qu'eux, sans être ivre plus qu'eux. Il faisait semblant de rire et en fait observait. Il aimait boire. Othon buvait alors plus que de raison et au milieu de la nuit, quand les seigneurs roulaient affalés ou s'approchaient des chevaux pour vivre un sommeil lourd contre leurs ventres chauds, il allait à pas lents s'exiler derrière un mur, et avec toute l'humanité rassemblée, il écrivait mon livre compliqué.
J'ai le plaisir de vous présenter un nouvel auteur, LJH -- le jeune homme --, dont Hache publie HISTOIRE DU JEUNE HOMME BOULEVERSÉ EN MARCHE VERS LA TOTALITÉ DU RÉEL.
Sous-titré « Une autobiographie de la vie », ce texte met en scène un narrateur-auteur qui désire le monde (le connaître, l'avoir), et se le donne et nous le donne à travers lui, n'éludant pas sa propre vie mais étendant aussi ses limites (et celles du lecteur à qui il s'adresse) au-delà des possibilités habituellement offertes par le corps.
Le début du texte, publié aujourd'hui, correspond au début du premier chapitre d' Histoire. Introduction et préfiguration de l'ensemble, ce premier chapitre commence par un long passage très libre (d'où provient l'extrait donné plus haut), et se poursuit par l'évocation d'un personnage historique (le jeune empereur Othon III, mort à 22 ans, avec lequel le narrateur s'identifie) et des conditions de son entrée sur la scène du monde. L'histoire d'Othon aura juste le temps de commencer à la fin de cet épisode.
Vous retrouverez chaque semaine la suite d'Histoire du jeune homme sur Hache. Premier épisode
Connerie ouais ! Les dents ça s'entretient avec minutie. On peut se pourrir le poumon, se faire sauter le foie à petit feu, pourquoi pas faire excès de bronzette et tomber sa peau comme une décolleuse s'occupe d'un vieux papier peint... tout ça passe. Mais les dents pas touche ! On brosse avec amour, on se gargarise avec du rouge, du bleu, de l'avant, de l'après brossage ; on claque une thune monstre en brosses flexibles, à pilosité rigide, moyenne ou souple, on s'enfile chaque matin deux tablettes de fluor pour femmes enceintes. Rendez-vous annuels chez le dentiste pour détartrer... Nan, on rigole pas avec les dents et à chacun ses motifs d'insomnie ! Donc, je crache, me rince, m'essuie, m'ajuste.
Changement de décor avec Stephane Ilinski qui déboule avec sa 4ème BALADE PORNO LA CONSCIENCE TRANQUILLE.
Le narrateur s'y déplace, en félin, mais très humain quand même, de sa salle de bain vers son salon, où l'attend une jeune femme blonde qui « hausse le sourcil avec art, claire et provocante manière de sous-entendre qu'elle souhaite se distraire ».
Humour et grand style.
Deux nouveaux textes de Sébastien Gendron sur Hache aujourd'hui :
J'entre au cyber-café de la Goutte d'Or. Au fond, un seul ordinateur est libre. Je me colle devant sans savoir m'en servir. Sur l'écran, un amas incompréhensible d'informations clignotantes qui ne m'invite pas à la curiosité. Des loteries, des bordels pour « enlarge your penis », des quincailles pour faire reluire votre entreprise, des feux d'artifice de conneries qui sautent aux yeux et me fatiguent très vite. Pourtant, il va falloir que je m'y attelle.
Des solutions pratiques à vos problèmes d'argent.
http://www.dtext.com/hache/gendron/gendron6.html
L'homme dort au centre de son lit bateau, parfaitement étalé sur le dos, l'édredon épousant deux formes bien précises : la première, ronde, montant et descendant au rythme d'une respiration calme et profonde, soit le ventre gras et gros du boutiquier ; la seconde, juste en dessous, plus pentue, elle aussi montant et descendant bien que plus irrégulièrement et qui retient notre attention sur un point : la rigidité -- car on ne maintient pas soulevée l'épaisseur d'un édredon bourré à la plume d'oie à moins de cela.
Épisode particulièrement... douloureux d'Olivero Garlasseri.
Nouveau sur Hache aujourd'hui :
-- Si... Une fois je l'ai revue... Docteur, pardonnez-moi mais quelque chose me ronge.
-- 2 Je vous écoute...
-- 3 Eh bien... je n'ai évidemment pas la prétention de discuter vos compétences mais enfin il me semble que vos méthodes sont pour le moins inhabituelles et pour tout dire je n'ai pas vraiment le sentiment...4 Wittgenstein saisit un cendrier de verre sur son bureau. 5 Le geste précis, puissant, il l'envoie percuter le drone-vidéo voletant au plafond comme une aiguille de tatoueur. 6 Le cendar frappe, rebondit et explose au sol emportant dans sa descente l'appareil miniaturisé pris pour cible qui pisse quelques étincelles, crève comme un gros insecte en alliage léger, les tripes à l'air, et s'éteint dans un feulement singulier. 7 J'observe la scène avec un drôle de goût entre les côtes.
8 Ach... on sera plus tranquille comme ça vous croyez pas ?... Alors racontez-moi tout. Vos petits états d'âme. Qu'est-ce qui va pas et qu'est-ce que vous attendez de moi exactement ?
Troisième et dernière partie de FAUV, par Antoine Brea. Le narrateur y découvre un nouvel usage de ses narines, qui le conduit à s'interroger sur ses orientations sexuelles. Puis c'est le temps, avec l'aide de son analyste-rabbin (cf extrait plus haut), de tout mettre à plat et de rebondir pour de bon.
Ainsi se conclut cette longue nouvelle publiée par Hache en trois parties, dont on espère qu'elle vous a plu, et qui nous a semblé, à nous, adroitement composée, touchante, amusante, audacieuse et lisse.
4. Int soir - L'appartement de Garlasseri
C'est donc, comme l'indique l'en-tête de cette séquence, au déclin de cette journée d'introductions, qu'Olivero glisse la clé et ouvre la porte de sa cathédrale Ripolin monochrome. En venant s'adosser au chambranle de l'entrée, il nous indique qu'il reste néanmoins préoccupé.
Souvenez-vous : on nous a présenté Olivero lui-même, le dandy soucieux, Pols le brocateur enfoiré, et Jeanne la rousse sur-fertile. Retour, dans ce quatrième épisode d'OLIVERO GARLASSERI A BESOIN DE TOUTE NOTRE ATTENTION, sur Olivero lui-même, qui sollicite aussi l'attention de son domestique.
D'une part, une traduction anglaise du texte « Autoportrait à 31 ans » (anonyme) a été réaliséee par Christophe Brunski (États-Unis), et est donnée sur Hache.
D'autre part, on signale exceptionnellement un article de presse consacré à Hache, cette fois dans le dernier numéro du magazine Écrire et éditer publié par le Calcre, sur le site web duquel Hache appartient au tiercé des webéditeurs « hautement recommandés ». [note 2 juin 01 : vous pouvez maintenant lire cet article sur Hache]
On apprécie ici depuis un moment déjà l'ouverture d'esprit, la bonne volonté et l'indépendance de cette association de défense et d'information des auteurs (Calcre), qui, normalement consacrée à l'édition traditionnelle, s'est, notamment en la personne de Marc Autret, rapidement intéressée à ce qui se passait sur l'Internet. C'est donc plaisant de s'y voir aujourd'hui recommandé.
Hache change de peau, et publie deux nouveaux textes.
Dans les vestiaires qui sentent la sueur et l'ammoniac je défais mes bandes en silence. 2 Deux gladiateurs antillais sortent des douches à poil, en tongs, et s'essuient les dessous-de-bras en devisant tranquillement.
-- 3 ... tu 'igoles moi quand j'baise ça fait tellement d'boucan que les flics m'emba'quent pou' tapage noctu'ne !
-- 4 Ah ouais ? Ben moi quand j'mets une monte y a des gars de San And'ea ils viennent me noter su' l'échelle de 'ichte' y a des mouvements de panique et je 'eçois des coups de fil des Témoins de Jéhovah qui demandent si ça y est c'est maintenant l'A'maggedon !...
Deuxième partie de FAUV (publié en trois parties), d'Antoine Brea. Où le narrateur se trompe (de femme), et voit remonter en lui une tristesse qui vient de loin, sur fond de souvenirs de boxe durs et drôles.
Elle l'a sacré dehors, oublié ses cigarettes l'air de rien. Il téléphone demande dix secondes, ils viennent de s'engueuler, il l'emberlificote avec de belles paroles, la bagarre toute la nuit, salope ! vache ! chienne parce qu'elle a pas d'argent. Chien sale ! trou du cul ! salaud parce qu'il a pas donné d'argent. Ils savent pas comment s'y prendre.
Nouveau (petit) texte de Bernard Saulnier : un couple à la dérive, avec l'homme qui vient se confondre avec le narrateur, puis s'en distingue, et ainsi de suite, selon un mécanisme qu'on avait vu dans LE PUR, publié sur Hache l'an dernier.
Changement de peau. La simplicité a été conservée, et même augmentée, mettant en avant textes et auteurs. Les pages de texte proprement dites devraient aussi être plus lisibles (les lignes étaient précédemment trop longues pour une lecture confortable). Faites-nous savoir !
9 Mais tout ça c'est de l'histoire ancienne. 10 Une autre époque. 11 Aujourd'hui, pour l'essentiel, existence solitaire et confortable. 12 Les planètes persistent à tourner infatigables, la paix est momentanément revenue et ma vie relève désormais de ces enfers lisses et insupportables sur lesquels le temps stellaire passe froidement. 13 On s'habitue à tout finalement, c'est étrange, aux desquamations, au détournement des connaissances, des moyens de communication et à l'affinement des techniques oppressives, à la radioactivité, au retrait régulier de son espèce, aux défoliants biochimiques, aux anéantissements précis évitant les infrastructures et aux relèvements successifs qui font suite ; car c'est de cette farine qu'est fait l'homme, tant il est con, programmé d'instinct : le sel des larmes bien vite ne prend plus, il compte ses morts et reprend courage.
Hache publie FAUV (première de trois parties) d'Antoine BREA, dont on avait déjà publié PAPILLON en octobre de l'an dernier.
Le narrateur est un avocat déchu dans un nouvel ordre mondial improbable, en 2020. La narration, faite de blocs en forme biblique accrochés les uns aux autres, passe du temps présent à la jeunesse du narrateur. Deux psychologues, quelques femmes, un contexte difficile, de la boxe (jeune) pour "moins raser les murs dans les caves", l'Italie comme origine semi-mythique, et une discrète et calme et profonde tristesse sans cesse traversée d'humour, et de rares épisodes de légèreté auxquels on n'ose pas croire. Aussi, une hésitation entre la raideur et l'abandon.
Impétueux printemps pour Hache qui ne craint pas l'eau et publie ce jour 4 nouveaux textes de 4 auteurs différents : un nouveau, un revenant, un classique et un récent picaresque.
Je m'appelle Jacques et je suis un coucou.
J'ai quinze ans et je vis en Californie.
Ici tout est exactement comme vous vous l'imaginez.
Le nouveau, c'est le parisien Nicolas Void (25 ans), qu'on est heureux d'accueillir, et dont on publie le précis, lisse et doux, bref, pur et troublant CALIFORNIE.
Vous, assis en ces jours de Vevey entre la fenêtre et le lit où elle agonise, des glapissements étranglés qui rappellent le renard pris au piège, ces bruits-là, ce n'est pas elle, ce n'est déjà plus elle, plus celle qui fut la femme aux roses, ce n'est plus que sa souffrance, que la durée de sa souffrance qui lui a tout brûlé, jusqu'à la force de crier. Au-delà du carreau, la brume du lac, couleur de lactaire, d'oronge, estompe les berges. Janvier. Il semble que la nuit soit toujours en avance, le crépuscule toujours prématuré.
Le revenant, c'est le normand Hervé Chesnais, qui avait publié un texte (Del Loco) sur Hache il y a un peu plus d'une année. Depuis, on a pu voir Hervé errer de ci de là ;-) (récemment sur remue.net de François Bon), avec poèmes et mini-proses. Il nous revient avec un texte plus dans le genre de la maison, une belle prose consistante qui évoque l'artiste suisse Ferdinand Hodler, confronté à la mort de Valentine, son modèle et amante. Un texte pas très goût-du-jour mais de très grande qualité.
Le matin ça fait moins mal comme si le réveil gardait la conscience endormie. J'écoute, j'écoute encore c'est fou ce qu'ils veulent m'en faire apprendre. Je retourne dans le silence.
Le classique, c'est le montréalais Bernard Saulnier, qui signe ici son plus long texte depuis Névrotomie (le patch work de 1996). Pas d'intrigue, pas d'histoire, pas de personnage principal autre que le narrateur, et une plongée obstinée dans son intimité troublée. Bernard Landry, premier ministre du Québec, est béatifié au passage, et devient un véritable appui pneumatique et sonore pour toute la deuxième partie. De la musique avant toute chose.
S'il y a pourtant quelque chose de rebutant dans cette plastique naturellement parfaite, c'est cette ride permanente comme un feu rouge définitif à toute approche, qui orne d'un pli singulier la séparation d'entre ses sourcils roux. Mais cette marche infranchissable sur laquelle plus d'un s'est entravé, n'est ni une sotte habitude ampoulée, ni une coquetterie, ni un vice de forme. C'est l'empreinte d'un souci constant, d'une incertitude inaltérable. C'est aussi et surtout la serrure apparente d'un cerveau où l'imagination fait un perpétuel jogging, essoufflant, sans fatigue, un téléscripteur dément qui aurait décidé d'écrire sans interruption même le dimanche.
Celui qui reste, c'est le bordelais et parisien et en effet picaresque et récent Sébastien Gendron, qui nous offre le troisième épisode d'Olivero Garlasseri.
3 ème épisode, et 3 ème et dernier (nous dit-on) personnage à être introduit. Après Olivero lui-même, le dandy soucieux, et son maître à penser le répugnant et foutoiresque Pols, voici Jeanne, la rousse instoppable.
Deux nouveaux textes sur Hache aujourd'hui, dont un nouvel auteur.
et je vois au bas de ces fenêtres qu'il faudrait basculer pour ouvrir trois radiateurs bleu-marine massifs anciens des tuyaux ajourés
il y a aussi incongrus de chaque côté de la salle plutôt au fond un poteau bordeau sombre ourlé d'écaillures beigeâsses
cinq rangées de tables grises sur lesquelles je sautille bout à bout avec leurs chaises jaune-plastique et beige-de-bois
la porte à droite unique morceau de mur jaune blessant
J'ai à nouveau la joie de vous présenter un nouvel auteur de Hache, Gaelle Sebag, dont on publie aujourd'hui "Écrasé". Hache aime les animaux, et après les vaches de Sébastien Gendron, c'est par le biais d'un moineau vengeur que Gaelle Sebag se présente à nous. "Je suis un être de vie / et non pas d'ordre / Je suis un être d'envie / et non pas au bout d'une corde". L'illustration suit avec, au-delà de la petite scène proprement dite, l'énergie étincelante de vers-paragraphes rapides et débordants.
Ici, les gens se bousculent en une foire bruyante, pour acheter des babioles vieillissantes et sans intérêt, à des prix insensés : le tarif d'un bouchon de carafe ébréché ayant appartenu à une fiole fantôme du début du siècle surclasse d'un zéro celui d'une armoire normande qui acheva sa vie comme poulailler chez un agriculteur du Var.
Voici déjà le deuxième épisode des aventure d'Olivero Garlasseri, qui a besoin de toute notre attention et de celle de Pols, un antiquaire acquis à la "méthode américaine", dans la boutique et l'intimité duquel il vous sera donné de pénétrer. Contraste avec la sobriété confinant à l'absence de l'épisode précédent, réflexions sur l'amour, les américains, et bien d'autres choses sans aucun rapport.
J'ai la joie de vous présenter un nouvel auteur, Sébastien Gendron (30 ans, habitant Paris), dont on publie ce jour sur Hache deux textes d'un coup.
Pour être tout à fait exact, l'appartement dans le nombril duquel Olivero Garlasseri se concentre pour faire sortir de son esprit une pensée constructive est totalement vide. Si l'on voyait l'endroit au travers de l'oeil de boeuf collé à la porte d'entrée qui s'ouvre sur ce chantier du néant, on pourrait croire qu'Olivero Garlasseri y pleure l'enlèvement à peine terminé de son mobilier par quelque cambrioleur de goût.
Ce texte bref sans être concentré, léger et ludique, est le premier épisode des aventures d'Olivero Garlasseri. En gros, le personnage y apparaît, noir dans son appartement blanc, et l'intrigue n'y fera pas tellement plus de progès que ça.
On y assiste quand même à quelques dérapages contrôlés de l'écriture qui augurent bien de la suite.
Le mal a un peu reflué au moment où Émilien devait nous ramener à l'étable. Margot a soudain cessé de trembler, ses dents ont lâché les plaquettes de freins qu'elles rongeaient, elle a passé une grosse langue sèche et blanche autour de ses babines pour y récupérer tout ce qui en avait coulé, elle a remis de l'ordre dans ses pattes et nous l'avons escortée, l'air de rien jusqu'à son box. Émilien nous a allumé France Info pendant la traite et c'était parfait pour oublier.
En contraste violent avec le précédent, cette longue nouvelle est très maîtrisée, forte et âpre, et pour tout dire pleine de mort. Le narrateur en est une vache qui n'a pas du tout envie de rire.
Dans les couples arrivés, les couples se forment. Logique clubante : ne recevoir que des couples. Le chaud lapin, loup solitaire, brebis galeuse etc., n'est pas ici chez lui. Les couples sont du même monde et savent sans conteste des choses que le célibataire sédentaire grabataire ignore.
Chers lecteurs,
De la première cacahuète à la pensée pénible que, une fois rentré, il faudra encore ramener la baby sitter chez elle, c'est une soirée privée tout entière qu'on survole dans la troisième des BALADES PORNO LA CONSCIENCE TRANQUILLE de Stephane Ilinski, publiée aujourd'hui par Hache à
http://www.dtext.com/hache/ilinski/ilinski19.html
Recombination temporaire des couples et griseries qui s'ensuivent, dans un rituel un peu naze mais qui a sa luxuriance propre, où le style élaboré de l'auteur de la Peur fenêtre brille.
Je sors m'asseoir sur un banc créé par un artiste un lit de luxe pour itinérant inexistant. Je me couche sur l'oeuvre d'art le ventre creux et me demande la valeur de la banquette. Mon ciboulot s'agite plus, il fait moins quatorze, des images de résidences d'étudiant. Je laisse passer le temps à la goutte comme un robinet qui fuit. Je recompte mes dix doigts mes orteils et tout ce qui fait ma carcasse.
Hache publie de Bernard Saulnier Bowl à http://www.dtext.com/hache/saulnier/saulnier20.html
Montréal cet hiver, le grand froid, la neige partout, un narrateur qui revient sans cesse sur lui-même, sur le temps qui passe, et qui attend la finale du Superbowl (football américain).
Mais aussi, une belle, longue salve élégante et harmonieuse à partir de phrases isolées, d'évocations cocasses, de drôlerie et de peine.
La racine de sa tignasse qu'elle conserve risiblement longue est grise ; je ne vois plus la teinture. Les rides sont larmoyantes, la poitrine incroyablement mise en vitrine et sans doute plusieurs fois refaite fait une moue molle, l'habit semble mité d'avoir trop fréquenté le placard.
Chers lecteurs,
Au feuilleton LA PEUR FENÊTRE achevé à la fin de l'année écoulée, c'est une SÉRIE qui semble devoir succéder, dans l'oeuvre en train de s'écrire du parisien Stephane ILINSKI.
Après la balade porno 1 de la semaine dernière (une fois par semaine, rythme classique pour les balades, surtout dominicales), voici la balade porno 2, la conscience toujours aussi tranquille.
Sans lien avec la précédente, si ce n'est l'instantanéité et la teneur sexuelle des évocations, celle-ci nous présente un narrateur trentenaire chargé de conseiller une artiste plus âgée. À ce qui est perçu comme aveuglement et insistance pénibles par le narrateur, répond un regard peu attendri.
BALADE PORNO 2 LA CONSCIENCE TRANQUILLE est à
http://www.dtext.com/hache/ilinski/ilinski18.html
Partout y'a plein de trucs qui se passent. Et mieux encore. Dehors, on se dit comme mot de passe. Le grand air avec son lot énorme d'inimaginables frissons cochons. Le bercail, on l'aime, on l'aime bien, on l'aime. Pas de quoi chanter. A la limite et quand on a peur de rien, qu'on est correctement à l'ouest et qu'on pense complainte, bourré sur le divan ou le crâne aux chiottes en pleine dégueule de houblon, eh quoi on arrive à pas trop en raffoler, du bercail. Et pourtant, en clair, à l'authentique, en conscient, sans bafouilles on l'aime, le bercail. Y'a la petite et avant, dans la chronologie, dans le vivant, dans la chair, la viande et le tas de circonstances abominables qui inclinent l'homme à épouser, la belle.
Chers et énigmatiques lecteurs,
La plupart auront reconnu son coup de patte : Stephane Ilinski nous revient avec un tout nouveau texte : BALADES PORNO LA CONSCIENCE TRANQUILLE. Je m'abstiens de tout commentaire. C'est à
http://www.dtext.com/hache/ilinski/ilinski17.html
Ceux et celles qui voudraient un aperçu visuel de l'animal peuvent maintenant se reporter à
http://www.dtext.com/hache/bio-ilinski.html
Presque aussi sexy, nos petits volumes papier sont en images à
http://www.dtext.com/hache/format-poche.html
Hache -- fournisseur officiel du 3e millénaire
http://www.dtext.com/hache/
Nouveau sur Hache :
1. Autoportrait à 31 ans -- anonyme
2. Grammatica -- Bernard Saulnier
3. Dernier épisode de La peur fenêtre -- Stephane Ilinski
4. Nouveaux volumes papier
Je suis seul debout en haut d'une falaise. J'ai 74 ans, j'ai 12 ans, j'ai 46 ans, j'ai 92 ans, 20 ans, j'ai 31 ans. La vue est magnifique. En bas, la mer. Je suis sur un fauteuil roulant. Je fais de la planche à voile.
Plus long texte de anonyme à ce jour. Sur une commande-défi d'Hervé Chesnais (Del loco, sur Hache).
http://www.dtext.com/hache/anonyme/anonyme16.html
Je songe à mon ambivalence sexuelle. Hey toé ! Garde les pour toé tes problèmes de cul dis nous comment tu couches et avec qui on va se faire une opinion assez vite.
Nouveau texte de Bernard Saulnier, mettant en scène, outre le narrateur, deux autres personnages. Le texte est rythmé par des interruptions régulières du narrateur, "mêlé", par une voix agressive et insultante. Un texte très accessible et efficace.
http://www.dtext.com/hache/saulnier/saulnier19.html
Malice au pays des gaufres et perlimpinpin sauce cloche ou gras rouge : vrai de vrai on s'réveille encore au milieu de la bicoque nez dans la poussière
La peur fenêtre, fin !
La saga Rédactionnelle se conclut, autour de 220 000 frappes, soit un vrai petit roman moderne et jamais vu, intégralement publié par Hache, au fur et à mesure de sa création.
Le rêve se termine, notre narrateur secoué sort de la barraque à gaufres, tout pénétré des enseignements reçus, et s'en va dans le monde, plus ou moins bien préparé. :-)
http://www.dtext.com/hache/ilinski/ilinski16.html
Nouveaux volumes papier : anonyme 4, Saulnier 6 et 7, et Ilinski 5.
Nouveau aujourd'hui sur Hache :
Il devait bien être 5 heures du mat' et Dieu était mort. Enfin il n'était pas mort cette nuit ; cela faisait un certain temps maintenant.
J'ai le plaisir de vous présenter un nouvel auteur, Antoine Brea, dont Hache publie PAPILLON. Il s'agit d'une nouvelle narrative de grande taille, assez lisse dans sa forme, drôle et touchante, qui évoque l'errance, notamment sexuelle, d'un narrateur dans une mauvaise passe, faible et courageux à la fois.
Le texte est publié en deux parties pour des raisons pratiques.
http://www.dtext.com/hache/brea/brea1.html
http://www.dtext.com/hache/brea/brea2.html
Pas besoin sans doute d'être un Québecois de souche pour imaginer, en lisant Bernard Saulnier, ce que veut dire "kâlisse" ou "tabarnac". Plus difficile par contre de deviner qu'une "soumission" est un devis, que "fifi" veut dire homosexuel, ou "cruiser", draguer.
Pour comprendre encore mieux et apprécier encore plus les beaux textes de Bernard Saulnier, Hache les accompagne désormais de glossaires québecois, que vous trouverez dans les volumes papier. Tous les textes publiés en volumes papier ont leur glossaire. Une raison supplémentaire d'acquérir ces envoûtants petits volumes, toujours au prix de 20 F pièce. Bientôt Noël tabarnac !
http://www.dtext.com/hache/commande.html#saulnier-1
Cambrer l'allure plus que d'ordinaire au moment choisi travailler l'ouverture de jambes jouer la pompette qu'on raccompagne à la bonne heure...
Très "hot" treizième épisode de La peur fenêtre, avec le chant troisième de Marguerite la bleue, qui raconte elle aussi son errance sexuelle, si on peut dire. La révélation faite sur lui-même au narrateur par notre fine équipe se poursuit. Un peu lent à la comprenette, il bénéficie d'une traduction par Fernande, suivie d'un commentaire explicatif par le vieux. Ainsi, même si d'aventure, comme lecteur, on s'était un peu perdu, tout s'éclaire...
Plein de nouveautés sur Hache :
Boudelas est debout en slip sur la passerelle du building, il ressemble à un Bouddha contemplant l'urbanité, dans sa méditation il n'arrive pas à la vacuité ni à la sérénité, ce qui l'envoie hors de lui ce sont les camions remorques qui font siffler leurs freins. (Boudelas)
Un vrai petit événement pour les lecteurs de Bernard Saulnier, dont Hache publie aujourd'hui 3 lectures (sonore) de ses propres textes : Petit gars (son dernier texte publié le mois dernier), Boudelas (1999), et un texte plus ancien, Setup (1996).
Une occasion de découvrir ou de redécouvrir ces textes importants, et très différents les uns des autres, de l'auteur montréalais.
Lecture Petit gars :
http://www.dtext.com/hache/saulnier/saulnier16.html
Lecture Setup :
http://www.dtext.com/hache/saulnier/saulnier17.html
Lecture Boudelas :
http://www.dtext.com/hache/saulnier/saulnier18.html
Je suppose que le poustoil est taré, que tous sont ici gravolés, et qu'au milieu d'une telle assemblée de gargrinches j'ai un peu l'air plope.
Tant pis.
Le texte est accompagné d'une lecture (sonore) par l'auteur.
http://www.dtext.com/hache/anonyme/anonyme14.html
J'aime jouer avec le sang, seringues, lames, mais j'ai sida, je cherche femme qui a aussi sida, même goût, pour jouer, amour, bonheur.
http://www.dtext.com/hache/anonyme/anonyme15.html
Ecoute mignon morveux voir si j'ai vécu et comment ! Des paumés de ta sorte j'en croise vingt la journée qui butinent sans se poser question et se réveillent vingt fleurs plus tard agrémentés d'étranges insomnies balisantes...
Après Johnny Belle gueule, c'est au tour de Marguerite la bleue de s'adresser au narrateur, et de pratiquer sur lui l'art mélodieux de la révélation. La Fernande toujours aux manettes traductrices, pleine de furie jalouse.
Toujours aussi délicieux et recommandé. Nous entrons nettement dans les épisodes de dénouement de la Peur fenêtre.
http://www.dtext.com/hache/ilinski/ilinski14.html
Avec les nouveaux textes, deux nouveaux volumes papier sont disponibles :
Le volume Ilinski 4, avec les trois derniers épisodes (10, 11, 12) de
la Peur fenêtre :
http://www.dtext.com/hache/commande.html#ilinski-4
Le volume anonyme 3, avec Le néodarwinisme... et les deux textes
d'aujourd'hui :
http://www.dtext.com/hache/commande.html#anonyme-3
Trois nouveaux textes sur Hache :
J'aimais pas le poulet du dimanche, dans une crise impardonnable j'avais violemment renversé mon assiette sur la table. Je me vois encore dans la barboteuse la balle de golf que je reçois sur la tête. Je pleurais un bourdon m'a piqué sur un bras j'ai eu peur, j'ai encore peur suis encore gauche comme un petit gars qui a les choses trop loin de sa portée et qui s'étire en renversant tout.
Bernard Saulnier nous donne avec PETIT GARS un long texte émouvant entièrement consacré à des souvenirs d'enfance.
http://www.dtext.com/hache/saulnier/saulnier15.html
http://www.dtext.com/hache/anonyme/anonyme13.htmlJ'étais à Florence, j'avais 22 ans, j'étudiais la logique mathématique, et comme souvent dans ces cas-là mon esprit se sentait attiré dans de tout autres directions.
-- Z'avez fait d'beaux rêves au moins ? parce qu'à vous voir ainsi roupiller ben ça m'a ôté les scrupules d'vous avoir chatouillé d'la canne... Vrai d'mandez à Fernande : les marmots du parc quand y abusent tobbogan et friandises ben z'ont pas meilleure mine en sieste !
Souvenez-vous : à la fin du précédent épisode, le narrateur revenait à ses esprits dans la cabane, avec le vieux et la Fernande retrouvant leurs propriétés normales. Mais l'alcool n'est pas sans conséquence sur le narrateur, ainsi qu'on a déjà pu l'observer, et la clarté de son esprit est relative. Le vieux l'aide à sa manière. :-)
http://www.dtext.com/hache/ilinski/ilinski13.html
Enfin, notez qu'à l'index des auteurs sont maintenant liées des petites biographies des auteurs.
L'anisette coule. Lentement on ouvre l'oeil. Douleur d'un crâne qui doit être fendu quelque part. On est à terre. Comme suspendus dans les airs le vieux et Fernande s'agitent et causent : la gueule ouverte on les laisse écouler le contenu du verre qu'ils inclinent. Lorsque les yeux s'acclimatent à la faible lumière alentour on découvre un vieux sapé comme un clochard et une Fernande frappée d'un âge plus que mûr en grossière vendeuse de gauffres.
-- Désolé d'vous avoir claqué 'vec ma canne balance le vieux puant l'anis et la vieille carie... z'êtes devenu comme fou et z'en preniez à la Fernande...
Crucial épisode que ce 10ème de LA PEUR FENÊTRE de Stephane Ilinski.
Quelques épisodes plus tôt, on s'en souvient, le narrateur recevait un coup inopiné, qui le plongeait dans un coma rêveur. On ignorait pourquoi, et (au nom du ciel) à quoi rimait le rêve en question.
Ici le rêve se termine, et non seulement on apprend le pourquoi du coup de canne, mais surtout, le contenu du rêve est éclairé d'une façon plus lumineuse que ce qu'on aurait pu prévoir.
Le narrateur, aspirant Rédacteur, y fait l'expérience troublante d'une révélation le concernant, par le biais des flamboyants "Chant deuxième" et "Chant troisième" de Johnny dit Belle geule, avec toujours Fernande à la traduction.
http://www.dtext.com/hache/ilinski/ilinski12.html
Nouveau sur Hache aujourd'hui :
Grande samaritainerie nous paumera en définitive ! Trois sacrés mois d'été que la copine de Madame a laissé tomber son sac à dos ses valoches ses serviettes hygiéniques petites culottes et autres accessoires dans l'entrée de notre deux pièces. De prime abord l'affaire nous avait été plutôt pas mal amenée et on s'faisait quasi fête de l'arrivée de A. (...)
Hache publie un nouveau texte de Stephane Ilinski, COULEUR DE L'ASPIRATEUR. Petite tranche de vie quotidienne et conjugale à Paris, France, avec la tendresse et le style flamboyant de l'auteur de la Peur fenêtre, dans un texte drôle, abouti et d'accès facile.
Johnny Belle gueule -- Chant premier :
-- Dans parc dans ville jeune laitière au sein pâle j'hume ton fumet la fraîcheur furibonde des jupes écolières tout chaud tout rond sorti du four puis tes cahiers ta serviette tes lunettes l'air d'y voir clair rien de saillant à peine d'insolents melons pas d'os rien que chair et chair faisons deux pas prenons trois limonades ô tu n'as plus l'âge des bonbons ôte tes tresses laisse-moi t'installer parmi les fleurs de ton rang là vers mon beau coeur puis soyons sages tendresse tendresse accélère quand même oh ça partage encore l'avis de ses parents presse toi sans peur et flânons croquons... suçons chevauchons suons... je veux dire ange partons à deux lister les étoiles oh c'est qu'il faut de l'ombre un endroit pas trop clair plus vite délicieuse à l'abri de l'oeil inquisiteur...
Souvenez-vous ! Mis KO par un coup de canne inattendu, notre narrateur songe. La Fernande, tenancière sexagénaire du boui-boui où le coup de canne a été donné, se retrouve jeune secrétaire pulpeuse troublant un narrateur pas de bois. Dans l'épisode 8, celle-ci présentait notamment un certain Johnny Belle gueule au narrateur.
Dans ce nouvel épisode, Johnny Belle gueule se met à parler, décrivant non sans lyrisme ses exploits galants, devant un narrateur perplexe. Heureusement, elle traduit.
Deux nouveaux textes sur Hache aujourd'hui :
Johnny rafraîchit ses pantalons avec de l'eau de l'abreuvoir. Y'a des urgences qui se vivent dans le silence captif dans une grande maison avec l'odeur du pain. Je pleure. Ça se peut tu que la ville rende fou ?
Hache publie JOHNNY ET PÉNIS, nouveau texte de Bernard Saulnier.
Ce texte, le plus long depuis Névrotomie (qui avait été publié au tout début de Hache, en 1996), évoque à nouveau, avec une force constante, des personnages marginaux de Montréal "downtown", en Amérique française. Homosexualité, drogue, alcool, viols, c'est sur ce fond rude que Bernard Saulnier dispose ses phrases tout en ruptures, mais par lesquelles se tissent une composition émouvante d'où émerge avant tout une "quête insolente de paix".
Bientôt, nous proposerons des glossaires québecois pour les textes de Bernard saulnier, pour que lecteur non québecois qui aime cette prose ne risque pas d'être perdu pour quelques mots inconnu. Ca serait dommage.
La gueule froncée en accent circonflexe on tente de brasser c'qui reste de mémoire et d'mettre à sécher quelques propos bien sentis histoire d'affronter la compagnie patronale qu'on s'attend à voir débouler sous les ordres du vieux. Grinchement de porte cul raide sur pilotis tabouresques c'est Fernande la belle qu'on voit arriver la première toujours aussi nouvellement jeune seins vers cieux tranchée d'un fichu décolleté et d'un sourire rouge crime.
En avance sur son rythme habituel (chaque deux semaines), la PEUR FENÊTRE de Stephane Ilinski déboule en trombe avec un nouvel épisode.
Souvenez-vous : Dans la cabane où il sirotait son pastis, le narrateur a pris un coup de canne sur la tête, aussi inattendu que sec. Miracle de la technique (narrative), nous suivons le rêve qui habite son coma. La femme du vieux s'y retrouve avec un sex-appeal beaucoup augmenté et... Et lisez la suite à
Qui devrait réapparaître (toujours provisoirement) autour du 11 août.
Bonne nouvelle on tient sans rambarde et mieux qu'un piton dans l'roc : l'alcool semble avoir cessé de faire des siennes. Rien au crâne rien que du limpide les idées plus fraîches que celles d'un marmot ben on s'sent d'une attaque extraordinaire ! Le vieux a taillé sa barbe puis plaqué c'qui lui reste sur son cailloux fff impeccablement posé dans un costard tweed noué d'une cravate écossaise. Dis troquées les béquilles pour deux cannes anglaises à pommeau... on r'grette sincèrement de pas s'être changés puis d'être venus sans attaché-case -- y va pas tarder à sortir une boîte cubaine et à faire des nuages !
Épisode après épisode, LA PEUR FENÊTRE, de Stephane Ilinski, ne faiblit pas, et les aventures de notre aspirant à la Rédaction se poursuivent, drôles, touchantes et allumées.
Souvenez-vous : nous l'avions laissé à la fin du 6ème épisode dans l'arrière-boutique d'un kiosque situé dans un parc, sirotant du pastis en compagnie d'un couple d'âge mûr à béquilles. Disons-le tout de suite, et malgré son désir, il ne sortira pas du kiosque dans l'épisode 7. En fait, la situation se corse.
http://www.dtext.com/hache/ilinski/ilinski7.html
Nouveaux sur Hache :
Un maure en habit du désert m'injecta une dose de penthotal, puis mon père me prit par les épaules et me secoua brutalement en exigeant des aveux. Je vomis un litre d'encre noire où se mêlaient des centaines de comprimés multicolores, les drogues de mon adolescence. Heureusement, la femme de l'épicier dit que je n'aurais pas à les payer, puisque je les rendais. Je compris qu'elle était une deuxième mère pour moi, et que je pourrais quitter l'hôtel sans rien payer non plus.
Hache a la joie de vous présenter un nouvel auteur, Pierre Colomer, dont on publie MOI ET MÉLANIE, un petit bijou de nouvelle, classique et tendu, qui s'ouvre avec le rêve donné en extrait.
Fernande elle oeuvre aux gaufres d'un coup douce et miel servant des nuées chiardes entrecoupées de fantômes fripés qu'ont plus dent à mettre nulle part et elle passe le reste de ses instants à trouver des noms d'oiseaux exotiques pour les énergumènes en quête d'un paquet de brunes ou d'une brave mousse.
De retour de la Côte d'Azur où il s'est un peu attardé, Stephane Ilinski nous revient enfin avec un nouvel épisode, tout ce qu'il y a de parisien, de la PEUR FENÊTRE, notre roman feuilleton à la hache(tm).
Souvenez-vous : fin du 5ème épisode, le narrateur sortait soulagé de la banque, ayant réussi à parlementer. En ce début de 6ème épisode, le devoir accompli il prendrait presque des vacances, et s'attarde dans un parc publique où il boit, clandestinement mais en compagnie, du pastis :
Depuis janvier 1996, une lettre de Kafka à Oskar Pollak était liée à la présentation-manifeste. Restée en anglais pour d'obscures raisons :-), la voici en français. L'occasion de redécouvrir une vision très particulière de la littérature, très noire, qui offre un merveilleux contraste avec celle, lumineuse, de Céline. Les plus attentifs remarqueront dans cette lettre la présence d'un mot en particulier. (Indication : en cinq lettres ; tranche.)
Compter les cathédrales pour fermer l'oeil v'là du stock original pour pallier aux insomnies. Avec pareil arsenal les nuits blanches battent plutôt de l'aile et s'en viennent dociles jouer au lego tailler du brut et tracer des rosaces sous la couette. Rien à moitié pas de demi pinte : le remue-méninges arrive l'angoisse se pointe et on commence sifflant comme si de rien à ratisser à niveler bravement la place. Trop penché sur la caféine hum puis le rencard du matin qu'approche comptant calmer l'agité d'la banque les huissiers et la bande... quitte à planifier autant planifier pro et grandeur nature ! Parce que l'effort ça paye toujours à temps cash -- pas besoin d'relance des créanciers quand y'en a de carte à débit différé. En trois coups de paupières y'a un flambant parvis qu'a pris forme tout net au point pour accueillir le monstre architectural -- travailleur jusque dans son sommeil dis-donc ta gueule la banque qui c'est qu'a une existence bien remplie ? Tout seul dans les battements de cils et polyvalent jusqu'au bec le gaillard pas un soupir qu'on est déjà sur l'gros oeuvre cacophonie ouvrière en bande originale. C'est en maître compagnon du devoir qu'on chasse l'odeur du redouté réveil et qu'on en donne aux suées pour leur argent. Demain ça passe après la trime le charbon le granit l'échafaudage en attendant y'a une chiourme à mener baguette pour qu'ça monte !
Chers lecteurs,
Deux nouvelles importantes pour le serveur de création littéraire Hache.
http://www.dtext.com/hache/ilinski/ilinski6.html
Un instant interrompu, notre petit roman feuilleton à la hache se remet en marche.
Aujourd'hui, l'épisode s'ouvre (extrait plus haut) sur l'endormissement difficile du narrateur, qui, soucié par un rendez-vous avec sa banque, recourt à un artifice bien connu pour maîtriser son angoisse : l'édification de cathédrales.
Plus tard dans l'épisode, l'homme visite effectivement son banquier, en fantasme et en vrai, comme il peut.
Oubliez "zéro heure", et autres livres électroniques payants.
Rien n'est changé pour la publication web, qui continue d'être librement et intégralement accessible, mais vous pouvez en plus vous procurer des volumes papier reprenant certains des textes publiés. Si vous voulez.
Déjà 8 poches (le format développé spécialement à cet effet), reprenant la plupart des textes de
Bernard Saulnier
Stephane Ilinski
Serge Libs
Pierre Igot
D'autres volumes sont planifiés et sortiront bientôt.
Les élégants et sensuels petits objets, que vous pourrez conserver, ranger dans votre bibliothèque avec les autres livres, lire confortablement toute machine éteinte, voire offrir, sont à votre disposition au prix unitaire de 20 F + frais de port. Les auteurs sont rétribués en fonction des volumes vendus.
Un grand soin est porté à leur confection, sur beau papier, et avec une typographie qui n'a rien à envier à celle de l'édition classique.
Détails dans la page des publications papier, avec une rapide présentation, la liste des publications, et un formulaire de commande, à
Grimper aux tribunes on sait pas trop faire et la tactique parolière les simagrées gestuelles pour emballer nickel l'expression on a beau ramer ben on en revient tout juste au bon vieux silence. À causer on perd pied et on arrive à trouver qu'on aurait mieux dit sans moufter que la clarté est plus éblouissante le bec cloué et l'épaule basse. Bref à s'abstenir on voit mieux et encore sans s'entendre annoncer des conneries.
Chers lecteurs,
Tenant bon son petit rythme, notre roman feuilleton façon Hache se poursuit avec le quatrième épisode de LA PEUR FENÊTRE de Stephane Ilinski, à
http://www.dtext.com/hache/ilinski/ilinski5.html
Les choses se gâtent pour le narrateur, que perd un simple silence un peu trop prolongé. Derrière sa planche, il se remet au travail, rédigeant avec quelque difficulté une lettre de motivation pour un nouvel emploi. "Postule pas comme Rédacteur qui veut."
C'était à cent et mille et plus des limites aimées. Eye-liner à la main, la chiquita cheap cernait les heures sur le visage des hommes, un matin de bordel, de guipures sales et d'embrocation, nuisette de satin synthétique et ronflements de péons repus. En face, sur le mur de l'église de la mission, l'ombre du prêtre prêchait le silence sur le mur de soleil. En vain. Quand tombe le bras du christ de plâtre et qu'il saigne, que son sang ne signifie rien, tant sa mort est consommée, il faut partir, dans le grand fracas des portes de la campagne, la cloche fêlée du campanile, tandis que les preachers jurent tous les saints qu'Il est là, qu'Il nous voit, qu'Il nous aime et nous pardonne, du moment que nous regardons adventist channel.
Chers lecteurs,
J'ai la joie de vous présenter un nouvel auteur : Hervé Chesnais, qui publie DEL LOCO, un texte de taille moyenne, à
http://www.dtext.com/hache/chesnais/chesnais1.html
"Il faut partir", lit-on dans l'extrait donné plus haut, aussitôt dit aussitôt fait et nous suivons, à dos de mulet d'une langue agile, douce et profonde agitée d'humour, le départ du narrateur et sa recherche intéressante et douloureuse.
Les quelques mots espagnols utilisés (notamment le titre) sont traduits en fin de texte.
Chers lecteurs,
Les bus passent on reste en plan forme hagarde mais concentrée dedans : on ausculte ça y est. Le premier papelard qui traîne donne le fil -- intitulé accroche produits services là « nos bureaux » adresse et téléphone. On y court sans prévenir sous la pluie par surprise. On va prendre le pouls à l'improviste pour leur montrer la farce leur faire savoir dans quel bain y barbotent les inconscients.
Hache publie le nouvel et troisième épisode de LA PEUR FENÊTRE de Stephane Ilinski. Cette semaine, le narrateur s'introduit audacieusement dans des bureaux très sérieux, se présentant tout bonnement comme "Inspecteur". Flamboyant, hilarant.
Un gars me dévisage avec un air d'enragé, un autre dit « aide le donc y'a pas de sécurité ». J'entends des cris venant d'un terrain vague entre deux immeubles. Je suis seul, seul avec le pur qui voyage dans ma tête. Hey le pur ! Tu va l'avoir dans le cul ! Les bearings ont pété ! Sur un poteau la photo d'un joueur de hockey assénant un coup de bâton. Vaginal croûton. Je vais mettre les gants de boxe pis... Tchek ! Le chien est rendu straight.
Hache publie LE PUR, un long texte de Bernard Saulnier (le plus long après Névrotomie). Contrairement au précédent, pas de mélange ici de narrations multiples, mais des personnages -- le pur, Abraham, Isaac -- qui "jouent" les contradictions du narrateur, se mélangent, s'interrompent, se défient.
Sans rapport évident avec qui précède, je vous recommande au passage le film américain MAGNOLIA, sur les écrans en ce moment, au moins en France. 3 heures, mais on en supporterait davantage. À mon avis une petite merveille.
Un premier passage devant la vitrine sans mater dedans pour la feinte et hop on se flanque au piquet à l'angle droit de la boutique en cajolant sa montre pour simuler un rendez-vous. Lala qu'on secoue la tête en tous sens encore en retard tsss encore heureux qu'y est de quoi se distraire la vue -- tiens que propose le commerce ?
Là l'air décidé le sourcil haut et accidenté et le front bas on fait volte-face d'un coup et on observe carrément l'intérieur.
Chers lecteurs,
15 jours après le premier, Hache publie le 2ème épisode de la PEUR FENÊTRE, de Stephane Ilinski, à
http://www.dtext.com/hache/ilinski/ilinski3.html
C'est un FEUILLETON qu'on nous annonce, pour notre plus grand plaisir, et que vous retrouverez, sauf tremblement de terre ou Jugement Dernier (et encore), chaque deux semaines.
À reluquer des papayes on s'retrouve à piquer des pommes toutes connes pas exotiques et juste acides pour faire pisser un vache buveur de cidre. On a trop maté et la papaye ricane en bloc à l'étal et se fout de la gueule de toute la rêvasse du globe. Pour peu qu'on soit sans veine, on se fait choper par le col et on crache même les pauvres pommes encore avec leurs pépins dedans. Hop flicaille hophop ben on est désolé bien baveux devant les barbus badgés de la superette. Vaut rien d'malheureux tu vas pas taire ton bec non ! Profane espèce arriérée des pommes tsss tsss, pas honte nan ? ma main dans ta gorge si tu les déballes pas une à une...
Chers lecteurs,
Hache publie LA PEUR FENÊTRE (1) de Stephane Ilinski (Voyages en hyperborée), à
http://www.dtext.com/hache/ilinski/ilinski2.html
Stephane Ilinski y déploie un travail personnel du langage, avec une virtuosité qui charrie tendresse, violence et drôlerie.
Il est entré avec un fusil, rempli de jalousie. Elle est restée muette. Kesse tu faisais ! Oussque t'étais partie ! T'es une ostie de chienne ! M'en va te montrer ! Y'en aura pus de niaisage ! Il démolissait l'appart à coups de pied. T'en verras pus d'autre ! Tu verras pus rien ! On va partir toé deux ! Tu me laisseras pus tout seul ! C'est fini cette affaire là ma tabarnak ! Il la tirait par les cheveux au milieu de la pièce. Tu voé ce que tu m'a faitte ! Je coucherai pus une christ de nuitte dehors ! Pis toé tu foureras pus avec n'importe qui !
Chers lecteurs,
Hache publie un nouveau et long texte de Bernard Saulnier, LE GARS ET BOBONNE, à
http://www.dtext.com/hache/saulnier/saulnier12.html
Ceux qui ont appris à connaître l'auteur montréalais remarqueront que ce texte présente une complexité particulière parmi ceux déjà publiés sur Hache, avec trois plans qui se mélangent :
Le processus technique de publication de Hache a été revu. En surface de petits changements, avec des nouveaux index par auteur et par date, et avec accès, depuis un texte d'auteur, à ses autres textes. Voir par exemple un texte de Bernard Saulnier.
Une autre conséquence est que tous les URLs des textes d'auteurs ont changé. Ils ont maintenant la forme :
http://www.dtext.com/hache/nom-auteur/nom-auteurn.html
où n signifie qu'il s'agit du n-ième texte de cet auteur publié par Hache.
© Hache et les auteurs sauf mention contraire
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